Google coupe l'accès de Huawei à ses services

Google coupe l'accès de Huawei à ses services

Google va couper l'accès de Huawei à ses services, notamment au sein du système d'exploitation Android, suite à une décision du gouvernement américain. Cet énième rebondissement dans la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis et la Chine représente un coup dur pour le géant technologique chinois, et risque de l'affaiblir sur le marché international.

Le gouvernement des Etats-Unis a passé un nouveau cap dans ses sanctions envers Huawei le 15 mai 2019. Le président Donald Trump a signé un décret présidentiel déclarant une urgence nationale concernant les menaces liées aux technologies de l'information et de la communication, et donnant la capacité au Département du Commerce des États-Unis d'interdire les transactions dont il considère qu'elles posent un risque pour la sécurité nationale des Etats-Unis. Une heure plus tard, le Département du Commerce indiquait avoir ajouté Huawei sur la liste des entreprises jugées « à risque ».

En clair, le gouvernement américain a blacklisté le géant technologique chinois en interdisant aux entreprises américaines de faire affaire avec lui. La conséquence ne s'est pas faite attendre bien longtemps. Le 19 mai 2019, une information exclusive de Reuters a révélé que Google a mis un terme à ses relations commerciales avec Huawei, lui retirant sa licence pour l'utilisation du système d'exploitation mobile Android et des services Google associés.

Concrètement, les smartphones Huawei ont perdu accès aux mises à jour Android, et ses futurs smartphones n'auront plus accès aux applications Google, qu'il s'agisse de Google Maps, YouTube ou Gmail. D'après Reuters, l'étendue des services qui seront indisponibles est encore en cours de discussion au sein de Google, mais il est peu probable que l'entreprise prenne le risque de violer la directive du gouvernement. Dans un tweet publié ce lundi 20 mai, Android indique se plier au décret mais assure que les services comme Google Play & security de Google Play Protect continueraient de fonctionner sur les produits Huawei.

Huawei dispose de ses propres


services Android en Chine

Android étant partiellement open source, Huawei continuera d'avoir accès au système de base et pourra substituer ses applications à celles de Google. L'impact se fera surtout ressentir à l'international, Huawei utilisant déjà sa propre boutique d'applications et ses propres services sur son territoire national, la Chine, où Google n'a pas actuellement d'activité commerciale (conséquence de la politique du gouvernement chinois).

Par ailleurs, il y a fort à parier que le Chinois avait déjà anticipé une éventualité de ce type et qu'il s'y était préparé. Cela reste néanmoins un sacré coup dur pour lui, les services Google étant à la fois profondément intégrés dans Android et très prisés des utilisateurs.

D’autres impacts à prévoir, notamment les PC

Et le calvaire n'est probablement pas fini pour Huawei. Cet ordre du gouvernement américain interdit à toutes les entreprises américaines de faire affaire avec lui, qu'elles soient créatrices d'applications ou conceptrices de composants électroniques. Il est par exemple probable que Microsoft soit également contraint de retirer à Huawei le droit d'utiliser Windows, ce qui nuirait à son business dans les PCs.

Une stratégie de guerre commerciale risquée par les Etats-Unis

Difficile de ne pas voir dans cette affaire une escarmouche de plus dans la guerre commerciale que le gouvernement Trump livre à la Chine. Pour autant, elle ne signifie pas forcément que les Etats-Unis en ressortiront vainqueurs. Huawei est un géant d'envergure mondial tel qu'il ne s'écroulera pas facilement. Il est de plus le premier équipementier télécom au monde et l'un des principaux fabricants de smartphones (notamment celui qui connaît la plus forte croissance).

Le risque encouru est qu'il réussisse à développer des services concurrents à ceux des Américains dont la qualité sera suffisante pour leur faire de l'ombre dans le reste du monde. Le gouvernement des Etats-Unis manie donc une épée à double tranchant dont il n'est pas garanti qu'elle ne puisse pas être retournée contre lui.

Agence