Libye: Fayez al-Sarraj menace une quarantaine d’entreprises européennes
Le gouvernement d’union nationale libyen (GNA) a menacé de suspendre les activités d'une quarantaine d’entreprises européennes opérant sur son sol, dont la société pétrolière française Total et le groupe industriel allemand Siemens.
Dans un décret publié le 9 mai, au lendemain de la rencontre entre le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj et le président français Emmanuel Macron à Paris, ce gouvernement basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale donne trois mois à ces entreprises pour renégocier leurs droits d’exploitation, faute de quoi leurs activités seront suspendues.
« Il s'agit surtout d'une alerte, parce que les dates d'autorisation de travail de ces sociétés sont périmées. Une période de grâce de trois mois leur est accordée, sur recommandation du Premier ministre Fayez el-Sarraj », a précisé un communiqué publié par le ministère libyen de l’Economie et de l’Industrie.
Selon les analystes, la menace libyenne de suspendre les activités des sociétés européennes est une façon pour le chef du gouvernement de mettre la pression sur les Européens, notamment sur Paris.
Fayez al-Sarraj
avait accusé Paris et d’autres capitales européennes de soutenir le maréchal Khalifa Haftar, son ennemi, qui mène une offensive contre la capitale Tripoli depuis le 4 avril pour déloger par la force, le GNA et ses milices.
« Officiellement, ces 40 licences devaient arriver à expiration maintenant. En réalité, le décret est motivé par le désir de montrer aux pays européens que leur clémence envers la faction est-libyenne à des conséquences immédiates sur leurs intérêts économiques », a commenté Jalel Harchaoui, chercheur au Clingendael Institute.
En proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye compte deux gouvernements qui se disputent le pouvoir, l'un basé à Tripoli et l'autre à Tobrouk. Ce dernier soutient le maréchal Khalifa Haftar.
Selon des sources libyennes, Fayez el-Sarraj n'est pas satisfait des résultats de sa rencontre avec président français. Ce dernier a appelé à un cessez-le-feu, mais n’a pas appelé les troupes du maréchal Haftar à reculer vers l’Est, les laissant bénéficier d’un important gain territorial.
La rédaction