« Conspiration », « sale jeu »… Carlos Ghosn contre-attaque

« Conspiration », « sale jeu »… Carlos Ghosn contre-attaque

Carlos Ghosn n'a pas pu tenir de conférence de presse comme il le souhaitait après sa ré-arrestation. À la place, l'ancien patron de Renault-Nissan a diffusé une vidéo le 9 avril où il répond aux accusations. L'homme d'affaires soupçonné de malversations financières continue de dénoncer un complot de Nissan, en négligeant parfois le fond des charges... L'Usine Nouvelle fait le point sur les informations à retenir de cette intervention.

« Si vous m’écoutez grâce à cette vidéo aujourd’hui, cela signifie que je n’ai pas été en mesure de donner la conférence de presse que j’avais prévue pour le 11 avril », débute Carlos Ghosn. La formule évoque un film à suspense. Elle a probablement été enregistrée le 3 avril par l’homme d’affaires, juste avant sa quatrième arrestation au Japon pour soupçons de malversations financières. Mardi 9 avril, ses avocats ont relayé le document aux journalistes, un jour après la révocation du dernier mandat de l’industriel chez Nissan.

« Conspiration », « coup de poignard dans le dos », « sale jeu »... Carlos Ghosn promettait de dire “la vérité” mais tandis que les charges s’accumulent contre lui, sa défense commence à tourner en rond. Le magnat a redit son innocence et il est revenu sur son arrivée au Japon en 1999. Dans son intervention de sept minutes, peu de temps est consacré aux détails des accusations.

Depuis le mois de janvier, Carlos Ghosn se défend des accusations de malversations financières et d’abus de confiance en dénonçant un « complot » et une « trahison » de certains cadres dirigeants de Nissan. L’industriel libano-brésilo-français a évoqué plusieurs fois un projet de rapprochement plus poussé entre les alliés Renault, Nissan et Mitsubishi. Selon lui, certains responsables de Nissan se sont sentis menacés par ce chantier et ont oeuvré pour le faire tomber.

« Je suis le défenseur le plus féroce de l’autonomie de Nissan, explique Carlos Ghosn. Mais cette autonomie doit être basée sur la performance. [...] C’est là d’où provient la peur car la performance de Nissan n’est


pas bonne, elle s’est beaucoup dégradée.
 »

Les noms promis par Carlos Ghosn coupés au montage

« J’ai des noms », avait assuré Carlos Ghosn dans son entretien du 3 avril à TF1/LCI. Ceux-ci devaient apparaître dans la vidéo diffusée le 9 avril mais ils ont été coupés au montage par les avocats japonais de l’homme d’affaires. Vraisemblablement pour éviter des poursuites pour diffamation.

« J’ai beaucoup de respect pour les employés de Nissan. Je parle ici des quelques directeurs qui créent manifestement de la destruction de valeur pour leur propre intérêt et à cause de leur propres peurs égoïstes », argumente Carlos Ghosn.

Interrogé au micro de RMC, l’avocat français de Carlos Ghosn, a apporté davantage de détails sur sa défense. « Les accusations sont vagues », a dénoncé Jean-Yves Le Borgne. Il est notamment revenu sur les revenus sous-déclarés imputé à l’ancien patron de Renault-Nissan : « On l’accuse de ne pas avoir déclaré ce qu’il aurait touché lorsqu’il aurait pris sa retraite. Autrement dit cette non-déclaration, qui est la première des accusations qui a été portée contre lui, concerne des revenus qu’il n’a pas reçu. [...] C’était un prétexte. »

L’avocat a également suggéré quelques pistes sur les possibles évolutions de l’affaire Ghosn. Au sujet des retraites de l’industriel chez Renault et annulées par le conseil d’administration, Jean-Yves Le Borgne indique qu’une poursuite n’est pas exclue.

Autre éventualité, une demande d’extradition de Carlos Ghosn. « Il n’a pas demandé à être jugé en France », a indiqué l’avocat mais selon lui «si l’on veut que Carlos Ghosn bénéficie d’un procès dans des conditions respectables, conformes à nos valeurs et à nos critères d’une justice respectable, il n’y a [cela] qu’en France, dans un pays européen ». L’homme d’affaires et sa femme Carole Ghosn disent redouter un procès non équitable au Japon et ont tout deux fait appel au soutien du gouvernement français. Reste à savoir si Carlos Ghosn demandera bel et bien une extradition et si cette demande sera relayée par le gouvernement.

La rédaction