Rétro n°25 – Une semaine folle, molle, drôle
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- 12 décembre 2018 --
- Opinions
Lundi. L’UMT, ce syndicat en forme de « machin », dirigé par ledit Miloudi, Moukhariq si l’on préfère, claque la porte du Dialogue social. 3lach ? la bande à Elotmani refuse d’augmenter les salaires du privé et le SMIG du public, et refuse aussi de baisser les impôts. Ils sont ainsi nos syndicats, visibles désormais difficilement à la loupe, ils demandent tout, et quand ils n’obtiennent pas tout, rejettent le tout. Représentant en tout et pour tout quelques 6% des travailleurs, c’est-à-dire rien, ils hurlent à la démocratie en n’organisant que très peu d’élections, appellent au renouvellement politique sans se renouveler, refusent l’augmentation de l’âge de la retraite à 63 ans, âge auquel leurs dirigeants deviennent dirigeants. Mais c’est pas grave s’ils partent, Elotmani ne se départira jamais de son sourire.
Mardi. La CIA (à vérifier) reconnaît que c’est bien MBS qui a donné l’ordre de trucider, décapiter, démembrer, dépecer Jamal Khashoggi (le manger n’est pas halal). Cet homme, qui voulait, qui veut et qui sera roi durant des décennies, a commencé par gifler et kidnapper le premier ministre en exercice d’un Etat étranger, puis il a poursuivi en embastillant dans un hôtel de luxe (seul un esprit peu sain peut penser à une chose pareille), des princes et des ministres, tous milliardaires, et il a fini par faire massacrer un journaliste. Il faut l’arrêter, au risque de passer ces futures décennies dans la série horreur. Il fouette, il rackette, il maltraite, ne craignant aucunement ni Dieu dont il se réclame, ni ce quelqu’un qui, un jour, ce qu'à Dieu (ne) plaise, pourrait lui faire la fête.
Mercredi. Messahel est un homme jovial, cela ne se voit certes pas au premier coup d’œil, mais bon, il est jovial. Et pour ceux qui ne le croient pas, il a tenu à le dire. Interrogé par un journaliste alors qu’il entrait au Plais des Nations, pour la table ronde sur le Sahara, il lui a lancé, avec un rictus qui se veut sourire : « On est venu rigoler un coup ! ». Nul doute que le superviseur des discussions, l’ancien président allemand Horst Koehler, appréciera, lui qui a un si beau sourire, masquant l’austérité teutonne que tout le monde sait.
Jeudi. Le roi a nommé Amina Bouayach à la tête du CNDH. Une femme en charge des droits de l’Homme, fallait y penser. Et à la délégation interministérielle des droits de l’Homme – à quoi ça sert vraiment ce machin ? –, c’est le rarement souriant Ahmed Chaouki Benyoub qui remplace le pas souriant du tout Mahjoub el Hiba. Certes, la situation des droits de l’Homme ne prête pas toujours
à sourire, mais quand même…
Vendredi. Nous avons des nouvelles d’Abdelkader Messahel. Il est rentré à Alger et il se tord de rire. Il a écouté Horst Koehler parler du respect mutuel qui a marqué la rencontre entre les quatre parties de l’affaire du Sahara. Messahel, lui, s’en étrangle de rire, lui qui piétine le Polisario, envie le Maroc et méprise la Mauritanie. Son seul regret est de ne pouvoir partager sa bonne humeur avec son président qu’il dit aduler : l’homme ne rit pas, ne bouge pas, ne parle pas. Meilleurs vœux de totale rémission pour la campagne présidentielle. Les Algériens ne rient pas, mais personne parmi leurs dirigeants n’en a cure. Tant qu’ils se marrent, eux…
Samedi. Il est 8h30 et en France, ils sont déjà 200 à être interpellés, la moitié en garde à vue, les Champs-Elysées en état de siège, les policiers en état d’urgence et le président en état végétatif. Pauvre France, tendre pays de l’indigence, aurait pu chanter l’autre… et comme toujours, les Français nous devancent, mais pour cette fois, c’est tant mieux ; nous, nos gilets jaunes tapaient sur des claviers, mais ne sont jamais descendus dans les rues. Ils ont boycotté trois marques. En France, c’est le système qui est boycotté. Quelle idée, pour le président, de se faire appeler Jupiter, dans un Etat laïque… Et voilà le résultat, Jupiter refuse toute considération à la France de la terre, n’aime pas être terre à terre, et le voilà à terre, terrassé, terriblement…
Et c’est finalement un film traitant de la migration africaine qui a été primé en clôture du festival international du film de Marrakech. C’est très sûrement un hasard si le lendemain, s’ouvre à Marrakech le Pacte mondial sur les migrations, une heureuse coïncidence, une sympathique simultanéité.
Dimanche. Dame Merkel, lasse du Bundestag, agacée par les tags, en fin de parcours, accourt à Marrakech pour le Pacte des migrations, s’en va acheter deux trois trucs à Jamaâ el Fna, puis s’attable, elle, l’Allemande, peu rancunière, au café de France, siroter une verveine, et voir comment vivent chez eux les gens qui s’en vont chez elle.
Les Champs-Elysées ont retrouvé leur état normal, c’est-à-dire trois voitures, beaucoup d’eau, très peu de passants. Mais certains médias français ont fait le job… ils ont dit que la veille au soir, « les casseurs sont venus ici casser et piller les boutiques des Français ». Pendant ce temps-là, Jupiter se terre toujours, mais « ils » sont allés le chercher. Il s’exprimera en début de semaine, dit-il… Il y a des moments où même un président n’est pas enviable !
A la semaine prochaine.
Aziz Boucetta
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