Rétro n°7 : Le show Mezouar, le chaud Bouachrine, le bêbête show Donald/Kim, le gaucho du PAM…
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- 29 mai 2018 --
- Opinions
La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais…
Lundi. Le procès Bouachrine bat son plein, étant arrivé par une malencontreuse coucherie calendaire à sa phase sensible en ce mois encore plus sensible. L’homme est présumé innocent, certes, mais cela signifie qu’il est peut-être coupable aussi. Les uns et les autres, dans les deux camps, s’affrontent... Liberté de la presse contre celle de la fesse, légèreté de la cuisse contre lourdeur des faits… Retrouvons « les Plaideurs » de Racine : « Voici le fait. Un homme est dans son bureau, il y hèle un chapon, lequel a bonne mine... Or celui pour lequel je parle est excité, celle contre laquelle je parle est parfumée… Et celui pour lequel je suis prend en cachette, celle contre laquelle je parle… L’on décrète : On le prend. Avocat pour et contre appelé… Jour pris. Je dois parler, je parle, j’ai parlé ». Que les juges fassent leur job, et vite. Le show est chaud.
Mardi : A la CGEM, c’est jour d’élection. Mezouar est élu au pas de course, Marrakchi est exclu de la course, le score est sans appel, malgré les différents appels et rappels, en dépit des plaintes et complaintes… Mais le combat était inégal : un ancien chef de commission internationale contre un ancien chef de la diplomatie, l’écart était trop grand. A la CGEM, on apprend la démocratie : depuis 2006, les présidents étaient élus à des scores staliniens, selon le bon vieux système de la candidature unique ; là, Mezouar a battu la campagne et Marrakchi a battu sa coulpe : 77%, c’est certes mieux que 100% mais ce n‘est pas encore tout à fait 51/49. Pas grave… Mezouar a un job désormais, sans que Marrakchi ne perde le sien ; il a juste perdu quelques illusions sur son avenir, alors que Mezouar n’en a plus pour le sien.
Mercredi. Les Marocains se sont pris au jeu du boycott, bien que le Maroc ne soit pas un jouet. On râle contre quelque chose, et hop on boycotte. Le prix de la sardine, ornement obligé de la table de rupture du jeûne, est cher, très cher, trop cher. Pour un pays à 3.500 km de côtes, il n’y a pas de quoi être fier d’avoir des sardines vendues à 30 DH. Qui en responsable ? La réponse fuse : « Akhannouch, voyons ! », et en insistant un peu, Miriem Bensalah aussi, et même Moulay Hafid Elalamy… Ben non, dans le cas d’espèce, ce sont les spéculateurs que le ministre de l’Intérieur, le Bon Laftit, tarde à réprimer, ou même à réprimander, comme ses attributions le lui commandent…
Jeudi : Saadeddine Elotmani ne peut tenir de Conseil de gouvernement, il est jetlagué de son voyage coréen, il le tiendra vendredi. Trump ne verra finalement pas Kim, assure-t-il ce jeudi, mais il changera d’avis vendredi.
Une information circule sur une élimination prématurée du Maroc de la course pour le Mondial 2026, par les soins de la Task Force. « 5 villes ne seraient pas aux normes », selon l’un des membres de cette commission, selon un journaliste britannique, selon des indiscrétions, le tout au conditionnel. Que le Maroc soit, ou non, éliminé n’est pas tant le problème, que le fait que des dizaines de pays croient en le Maroc, mais pas les Marocains. Que l’oncle Donald menace rudement et par deux fois ceux qui ne voteraient pas pour l’Oncle Sam, que la Task soit là uniquement pour casser du Marocain, qu’Infantino dise clairement sa préférence pour les Ricains, que la Russie et le France nous soutiennent… tout cela ne compte pas aux yeux des Marocains, convaincus plus que jamais, plus que tout et plus que nécessaire que leur pays est nul, avant de se plaindre qu’il soit
nul, sans nullement consentir un effort pour qu’il le soit moins. Ah, « si les Ricains n’étaient pas là »… Sauf que, il ne faut pas oublier que perdre contre les Yankees n’est pas perdre, mais que gagner contre eux, c’est triompher !
Vendredi. Trump pourrait finalement voir Kim. On dirait deux bambins, peut-être même deux crétins, qui jouent… Mais non, le feu nucléaire, objet de la réunion, n’est pas un jeu avec des boutons les uns plus gros que les autres... Quelqu’un le leur a dit ? Nul n’ose…
Et le Conseil de gouvernement se tint, sous la présidence d’un Elotmani requinqué de son voyage coréen. La Corée du Sud est réputée pour la qualité de son enseignement, mais Elotmani et ses amis du gouvernement n‘ont pas dû parler école à Séoul car, sitôt revenus, ils se sont réunis en Conseil de gouvernement pour causer des sanctions contre les fraudeurs du bac, une espèce disparue en Corée. Quand on sécurise autant les épreuves du bac, de leur impression à leur transfert vers les centres d’examen, en passant par les lieux de leur conservation, c’est qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Maroc. Et quand une quarantaine de ministres planchent très sérieusement, malgré la faim et la privation, malgré le boycott et les décotes, malgré les grandes crises et les mauvaises surprises, sur le cas des élèves tricheurs, c’est que le quelque chose de pourri pourrait bien se putréfier. Si ce n’est déjà fait…
Samedi. La semaine de la DGSN… Les éléments de la police nationale sont capables du meilleur, mais aussi du pire, et un pire qui rappelle que nous pouvons avoir aussi du meilleur. Ainsi, en milieu de semaine, nos flics ont retrouvé la petite fille Ghazal, qui avait disparu du domicile familial et qui avait ému les Marocains en ce bon mois de ramadan. Mais en fin de semaine, un flic ripou verbal a rappelé que d’anciennes méthodes ont toujours cours : se faire embrasser l’épaule, puis la main, puis les pieds, dans un acte descendant de l’embrasseur qui n’avait d’égale que la condescendance de l’embrassé. La DGSN a promptement réagi, et il faut le relever : le premier flic du royaume, Abdellatif Hammouchi, a agi en deux temps : suspension de l’officier de paix et audience accordée à l’individu humilié, avec excuses et humilité.
Dimanche. Le PAM élit son nouveau secrétaire général. Dans la nuit de samedi à dimanche, le moment propice pour changer d’heure, car tout le monde dort, et bien c’est exactement pareil pour le patron du PAM : on l’élit quand tout le monde dort, sauf que c’est ramadan, et personne ne dort. Las… personne n’en a cure non plus. Hakim Benchamach, l’homme qui ne rit jamais (ou alors forcé et contraint) prend la tête d’un parti auquel rien ni personne ne sourit (sauf si forcé et contraint…). Gloire éphémère d’un passé lointain et angoisse durable pour un avenir (très) incertain, voilà la situation de ce parti de colonels, sans bidasses ni partisans réels (même contraints et forcés…).
Dans Malhama, il y a mal. Et quand on voit la très malencontreuse « malhama » réalisée en l’honneur de l’équipe de foot partante en Russie, on s’arrête à mal, et encore, on n’y met pas la majuscule… Finalement, en matière de chansons/clips pour vanter les mérites du pays en foot, on fait mieux. Entre un clip Mondial 2026 qui évoque une promo UNICEF et une malhama qui rappelle (en très mauvais) celles de l'ère Hassan II, on optera pour le basket, ou le hand, ou rien, rien, rien… Sauf peut-être s’inspirer des Tunisiens et de leur humour inégalable dans le clip pour « leur » Mondial 2018…
A la semaine prochaine.
Aziz Boucetta