Crise et communication de crise
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- 09 mai 2018 --
- Opinions
Trois semaines de boycott, de crise, de communications, de vérités et de contre-vérités… le Maroc a été secoué, et le mot est faible, par cette inédite et violente campagne menée sur les réseaux, et relayée sur le terrain. Que faut-il en tirer comme conclusion (s) ? Que le peuple n’est jamais perdant, mais que les entreprises ne doivent pas perdre… que quand le peuple s’exprime, les destinataires de ses messages doivent l’écouter… et que l’économie et la prospérité d’une nation provient de ses entreprises et de ses investisseurs. Tout ce monde doit donc communiquer et interagir.
Que cela soit Eaux Minérales d’Oulmès ou Akwa, pour respectivement Sidi Ali et Afriquia, les services de communication ont semble-t-il été quelque peu bousculés depuis quelques semaines, ne s’attendant pas à cette attaque aussi violente que virulente. Il est des moments où il faut savoir ne pas bouger, ne rien dire, et attendre. Il serait bon et utile que ces deux entreprises disent un jour (prochain) leur vérité, la 3ème entreprise visée dans la campagne, Centrale Danone, ayant opté pour une communication
de l’extrême, lancée par l’invective imprudente et suivie par une vidéo de volonté de résipiscence, mais incroyablement maladroite.
Il y a des vérités, en effet, et des faits, que les gens, que les consommateurs, doivent savoir. Un peuple peut être en colère, mais il a toujours des raisons de l’être et aussi raison de l’être, sans pour autant être jamais méchant. Dans cette affaire, il a adressé un message multiforme, sur son mécontentement, sur sa capacité de mobilisation, sur son caractère pacifique, sur ses préoccupations économiques.
Dans cette campagne de boycott, il y a deux parties, les consommateurs et les producteurs. Les premiers doivent pouvoir acheter les produits à des prix raisonnables, et des prix raisonnables sont prouvables. Les seconds doivent gagner pour s’agrandir et pouvoir investir, et pour cela, des arguments peuvent être opposables, sur la structure des prix, sur le niveau des impôts et taxes, sur les marges… une entreprise peut être prospère sans que ses clients se sentent floués. D’où le mérite de la communication, qui doit répondre à l’action… dans le respect mutuel.
Aziz Boucetta