France : démission spectaculaire du chef d'état-major des armées

France : démission spectaculaire du chef d'état-major des armées

C’est une décision sans précédent en France, mais aussi la première crise d’ampleur du quinquennat. : La démission du chef  d’état-major des armées pour désaccord public avec le chef de l’Etat.  Mercredi 19 juillet,  le général Pierre de Villiers quittait l’état-major des forces armées, sous les applaudissements de ses troupes.

Un contexte tendu

Pierre de Villiers l’a donc annoncé hier mercredi dans un communiqué. Il avait fait part quelques jours plus tôt de ses inquiétudes sur les économies réclamées aux armées.

Une déclaration qui a entraîné une situation de crise, qui couvait depuis plus d’une semaine. Mais ce n’est qu’hier matin que l’information tombe : Le chef  d’état-major des armées  a posé sa lettre de démission sur le bureau du président. Celle-ci disait : « Je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois, pour garantir la protection de la France et des Français. Des mots qui mettent un point final à une semaine de tensions et de désaccord avec  le Président de la République sur des questions de budget ».

Ce 14 Juillet sur les Champs Elysées, les deux hommes faisaient bonne figure. Et pourtant, la tension était extrême.  Emmanuel Macron venait de recadrer publiquement le Général de Villiers de façon très ferme : « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’ai pris des engagements, je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire ».

Une réponse cinglante de mécontentement est affichée par le chef  d’état-major qui n’accepte pas les 850 millions d’euros s’économies demandées cette année à l’armée.  Sa colère, Pierre de Villiers l’a même laissé éclater quelques jours plus tôt à l’Assemblée Nationale, lors d’une audition à huis-clos. Ses mots sont alors très durs : « Le grand écart  entre les objectifs assignés à nos forces et les moyens


alloués n’est plus tenable
 ». Déjà, il met sa démission dans la balance. Et malgré le recadrage, il poursuit : « Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi ».

C’en est trop pour Emmanuel Macron, qui déclare dans les colonnes du journal du dimanche : «  Si quelque chose oppose le chef  d’état-major des armées au Président de la République, le d’état-major des armées change ».  Des mots qui ne laissaient aucun doute sur le divorce entre deux  hommes au caractère bien trempé.

De vives réactions au Palais Bourbon

La démission d’un haut gradé sur fond de désaccord, c’est inédit de puis plus de 50 ans. 

Une décision qui intervient donc au terme d’une période d’extrême tension après l’annonce surprise de coupe budgétaire pour l’armée. Le Général de Villiers s’en était  ému sans détour devant les parlementaires en commission.

Personnage reconnu pour son franc-parler, Pierre de Villiers, frère de l’homme politique Philippe de Villiers, avait été nommé en 2014 chef des armées par François Hollande.  Le Général avait une longue expérience opérationnelle : Le Kosovo en 1999, puis l’Afghanistan.

Hier après l’annonce de sa démission, à l’Assemblée Nationale,  la séance était houleuse.

À l’opposition, on pointe du doit la responsabilité d’Emmanuel Macron dans cette crise. Des accusations auxquelles le Premier ministre répond avec fermeté : « Chacun est dans son rôle : le chef  d’état-major des armées, qui exprime son avis et qui en tire les conséquences, et le Président de la République, qui est l’autorité en la matière et qui exprime les choix portés par l’autorité légitime ».

De Villiers sera alors remplacé par le Général Lecointre, qui était jusque là chef du cabinet militaire du Premier Ministre. Un parcours sans faute, désormais confronté à la plus haute fonction militaire.

Pour cela, Macron est au centre de toutes les critiques ; l’opposition de droite et de gauche sont dans le même camp : celui du chef  d’état-major des missionnaires. Ils dénoncent un « autoritarisme » qui serait « signe de l’incompétence ».

Sahar Mestari