Premier League : Accusé de 115 infractions, Manchester City à l'heure des comptes

Premier League : Accusé de 115 infractions, Manchester City à l'heure des comptes

Le duel au sommet du football anglais cette année ne se déroulera pas sur une pelouse mais devant une commission indépendante qui devra trancher, à partir de lundi, sur les 115 actes d’accusations portés par la Premier League à l'encontre de Manchester City.

Un panel indépendant, composé d’experts juridiques, commencera à auditionner les deux camps de manière confidentielle et dans un lieu inconnu. Il s’agit d’une étape déterminante dans un litige sans précédent pour le sport et qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les deux parties.

En février 2023, City a été inculpé pour des données qui ont fait irruption pour la première fois en 2018, suite à une enquête de la publication allemande « Der Spiegel » sur des infractions financières présumées à partir de 2009.

Dans les faits, la Premier League, dont le rôle est d’organiser et réguler le championnat anglais, reproche à Manchester City d’avoir gonflé les sommes perçues au titre d’accords de sponsoring. La Ligue affirme également que les paiements à certains joueurs et membres du staff, dont Roberto Mancini, l’entraîneur qui a mené les Citizens à leur sacre en championnat en 2011, n’ont pas été entièrement divulgués.

Enfin, l’affaire porte aussi sur des violations présumées des règles de l’Uefa en matière de fair-play financier (FFP) entre 2013 et 2018 et des règles de la Premier League en matière de profit et de durabilité (PSR) entre 2015 et 2018, ainsi que sur des manquements aux règles obligeant les clubs à coopérer dans ces enquêtes.

Autant dire que « l’affaire du siècle », comme la surnomme la presse britannique, s’apparente davantage à un procès pour fraude financière qu’à un arbitrage sportif traditionnel.

Une donne qui ne manque pas de déchaîner les passions, notamment compte tenu du calibre de l’accusé, qui est devenu l’été dernier le premier club a remporté quatre titres consécutifs de première division.

Au banc des accusés depuis six ans, City a toujours clamé son innocence et s’est même félicité de l’examen de cette affaire par une Commission indépendante,


afin d’étudier de manière impartiale l’ensemble des « preuves irréfutables » qui existent à l’appui de sa position. Alors que le processus devrait durer de 10 à 12 semaines, le club du nord de l’Angleterre risque des sanctions allant de la simple réprimande à l’exclusion du championnat, en passant par le retrait de points, avec un risque de relégation en division inférieure.

Ce large éventail de possibilités ouvre la voie à de nombreuses spéculations, alors qu’un appel, plus que probable au terme de l’audience, auprès d’une nouvelle commission, risque de repousser l’épilogue de plusieurs autres semaines. Toutefois, aucun recours n’est permis auprès du Tribunal arbitral du sport.

Selon l’entraîneur des Sky Blues, Pep Guardiola, « tous les clubs de Premier League veulent que Man City soit puni ». Une impression qui peut trouver son explication dans la sévérité avec laquelle la Premier League a traité Nottingham Forest et Everton la saison dernière.

Les clubs de Premier League sont autorisés à 105 millions de livres de pertes sur une période de trois ans, soit 35 millions de livres par campagne, avant de faire l’objet de sanctions.

Les clubs qui enfreignent ces règles s’exposent à une amende ou à un retrait de points. En conséquence, Forest avait perdu quatre points pour non-respect des PSR, alors qu’Everton s’est vu infliger un retrait de 10 points en novembre, ramené à six points en appel. En mars, les Toffees ont subi une nouvelle déduction de deux points pour une deuxième infraction.

Les dirigeants et fans des deux clubs suivent donc scrupuleusement l’affaire de Manchester City et ont à cœur de voir le traitement qui sera réservé à ce qu’ils considèrent comme le Goliath de la compétition. Pour de nombreux observateurs, cette saga représente un test pour l’autorité et la crédibilité du championnat le plus prolifique au monde. En plus de dicter le sort de la saison en cours, l’issue de ce dossier aussi complexe qu’épineux pourrait porter un sacré coup à la réputation de la partie vaincue.