(Billet 894) – L’Empire du Parix et les centurions fennequiens

(Billet 894) – L’Empire du Parix et les centurions fennequiens

Nous sommes en 2023 après Jésus-Christ, toute la partie nord et ouest de l’Afrix est décolonisée par l’Empire du Parix. Toute ? Non, un quarteron de centurions en Fennequie résiste encore et toujours à la liberté. Et la vie n’est pas toujours facile pour les Fennequiens habitant la contrée dirigée par ces centurions et leur général parixisé Sadoïx et son amuseur Majix…

Cela fait maintenant 61 ans que les Parixiens s’en sont  allé pour se concentrer sur leur voisinage immédiat et consolider leurs amitiés avec les Germains, les Romains, les Hellènes et les Bretons. Ils ont même à cette fin scellé un Pacte de chefs, d’abord à 6, puis à 9, élargis ensuite à 12, puis au double, puis un peu plus, avant que les Bretons, perfides à leur habitude, ne claquent la porte et plaquent le pacte, isolant ainsi le continent. Se sentant à l’étroit, les Parixiens s’en furent même chercher d’autres chefs plus à l’est, chez les Daces, les Magyars, plus au nord, auprès des Vikings, pour renforcer leurs forces et les rendre plus résistantes au Grand Ennemi du Grand Froid, l’Oursland, situé au nord mais lorgnant vers le sud.

Quant à leurs anciens soumis de l’autre côté de la Mare Nostrum Boudefliquix, Gaïdsalaud qui a parixisé son nom en Gaïdsalix et leurs successeurs respectifs Majix et Sadoïx, ils ne l’entendaient pas de cette oreille. Il ne sera pas dit qu’eux, les semi-affranchis, vivraient sans les druides, legatus, consuls et pro-consuls parixiens. Mais…

… mais pour tromper la vigilance de ces Parixiens qui voulaient à tout prix se défaire d’eux et qui, sans trop d’espoir, voulaient leur inculquer les rudiments de la gestion d’une contrée comme la leur, les chefs fennequiens se sont jetés dans les bras de l’Oursland. Le Grand Ennemi du Grand Froid de l’Empire du Parix proposait des druides, des scribes, des bardes, mais les chefs fennequiens ne voulaient que ses lances, ses épées, ses bateaux et ses chars, qu’ils peinaient à utiliser et encore plus à maintenir en bon état.

Ce n’est pas grave, ils avaient quand même ces armes et c’était l’essentiel. Ils en profitaient pour défier leurs voisins qui ont rompu, rompent ou rompront avec Parix. Méprisant les uns, ceux du sud, terrorisant les autres, ceux de...

l’est, les chefs fennequiens maintenaient un état de ni guerre ni paix, avec une nette préférence pour la guerre, avec ceux de l’ouest. Chez ces gens-là, en Fennequie, on n’aime pas, on a de l’animosité. Partout et contre tous.

Chez ces gens-là, en outre, on a la mémoire longue et si l’histoire à mémoriser est courte, tant pis, on a la mémoire longue quand même. Le ridicule n’est jamais mortel chez les centurions fennecs : en effet, ils ont perdu la guerre contre Parix, mais ils déclarent l’avoir gagnée… Ils ont 60 ans mais en revendiquent 600… le Grand Ennemi du Grand Froid est en guerre contre Gaulois, Bretons, Germains, Daces, Vikings et menace les autres, mais le chef Magix soutient que l’Ours est l’ami de l’humanité… La Fennequie recèle beaucoup de soufre dans son sous-sol, mais les Fennecs, en dehors de leurs chefs, souffrent de pénuries diverses… Ils ont la mer pour pêcher et se nourrir mais ils se dépêchent de s’y noyer et y mourir, tout à leur quête d’aller sur le territoire du Parix… Ils sont fous, vraiment, ces chefs fennequiens !

Alors, dans leur obsession de vassalisation, ils utilisent leur potion magique pour mieux résister à cette drôle d’idée de liberté que leur offraient les Parixiens. Cette potion magique est le pacte dit Pacte68, qui permet aux centurions de Fennequie de submerger l’Empire du Parix de Fennequiens durablement énervés ; Sadoïx et sa créature Majix brandissent ce Pacte à chaque palabre avec les Parixiens tétanisés à l’idée de servir de réceptacle à tous ces Fennequiens venus sans projet de retour et qui, à chaque coup de sang, dégainent leurs épées, dézinguent à tour de bras et brûlent tout ce qu’ils approchent au cri de « Unus, duo, tres, o tempora o mores ! ». Cela ne signifie rien, mais ce n’est pas si grave puisque c’est à l’image de l’insignifiance fennequienne. Au Parix, le jeune empereur Macnéron voyant ses villes brûler ne chante pas, mais déchante cruellement sur ses projets de sinistre mémoire fennequienne.

Et ainsi donc va l’Histoire… l’Empire du Parix, dans la peau du capitaine Haddock, veut absolument se débarrasser de son obstiné sparadrap fennequien, qui le suit et le colle tout au long de son Histoire.

Aziz Boucetta