Zoom n° 53: Le retour de la bête immonde
La mort tragique de George Floyd et les manifestations promues dans le monde entier par le mouvement Black Lives Matter ont malheureusement ramené la question du racisme dans l'actualité. Les journées intenses et dramatiques que nous traversons, et qui ne doivent pas et ne peuvent pas nous laisser indifférents, nous offrent l'opportunité de laisser la place aux voix de nombreux champions sportifs qui ont utilisé des mots de condamnation explicite de la discrimination fondée sur la couleur de la peau.
Des épisodes qui, dans certains cas, les ont affectés (et marqués) à la première personne. De Muhammad Ali à Michael Jordan, de à Pelé, Lewis Hamilton et Serena Williams.
Malheureusement, l'actualité sportive du jour ne concerne l’ancien milieu offensif et attaquant international sénégalais, Moussa Ndao, entraîneur de l’AS Salé, aurait été victime d'insultes racistes et cela aurait entraîné son expulsion, le samedi 6 février, lors du match contre le Racing de Casablanca. La Ligue nationale de football professionnel va enquêter sur l’affaire et prendre les mesures appropriées contre la personne responsable de cet acte immoral.
L'épisode
C’est vers la 20ème minute de la rencontre que le technicien a failli entrer dans la tribune d’honneur du Stade Père Jégo, pointant du doigt une des personnes présentes.
Les personnes présentes sur la pelouse ont tenté de le raisonner avant qu’il ne reçoive un carton rouge deux minutes plus tard. Le Sénégalais aurait été victime d’injures racistes. Suite à cet incident, l’instance dirigeante du football marocain a décidé de mener une enquête.
Plusieurs fois, nous avons parlé du racisme; mais malheureusement cette fois, le mauvais exemple est venu du monde du sport.
Le sport est en fait un moyen fondamental de renforcer les capacités de chaque individu; sans tenir compte du sexe, de la couleur de la peau ou des croyances des participants. Cependant, des épisodes de racisme dans le monde du sport existent et peuvent impliquer tous les participants: athlètes, arbitres et spectateurs.
Il y a une semaine, l'ancien coach du Mouloudia d'Oujda a affirmé avoir reçu des propos et images racistes de
la part de certains fans du MCO.
"Ces gens ne représentent en aucun cas cette magnifique ville de Oujda, ni les Oujdis. J'étais venu avec beaucoup de motivation pour aider à la professionnalisation du club, malheureusement l'extrême situation financière du club ne nous a pas permis la mise en œuvre du projet", a-t-il écrit.
Après sa visite au Maroc en décembre 2018 , Tendayi Achiume, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, a salué l'engagement du Maroc à surveiller et respecter les droits de l'homme.
Dans ses recommandations, la Rapporteuse de l’ONU a jugé que la protection contre les attaques racistes - y compris par les forces de sécurité de l'État - n'est pas suffisamment incluse. Elle a critiqué le fait que le Maroc, bien que signataire de la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, n’ait pas mis en place un cadre juridique de protection contre le racisme. Les efforts du Maroc pour l'égalité entre ses citoyens ne doivent pas se limiter à l'égalité des sexes, a-t-elle fait constaté.
Il est logique qu'un cas de racisme dans n’importe quelle compétition de football, la couverture médiatique prend des dimensions importantes, mais n'oublions pas que, malheureusement, ces épisodes se produisent à n'importe quel niveau de compétition, et qu'on n'en parle souvent pas.
Le sport, par ses valeurs de loyauté et de respect, est un puissant moyen de lutte contre le racisme. Cependant, cette lutte doit partir de la base même du mouvement sportif; ou déjà dans le sport amateur de base, celui destiné aux enfants.
Nous rappelons que le sport n'est pas seulement bon pour le corps et l'esprit, mais a également une fonction sociale et éducative importante: en fréquentant des environnements sportifs «sains», dans lesquels le respect des règles et des autres sont des valeurs fondamentales, les enfants deviendront eux-mêmes des promoteurs et exemple d'intégration et de respect.
Prenons garde, car « Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde. »
Mouhamet Ndiongue