Pays-Bas, Danemark, Liban : les soulèvements contre les restrictions se multiplient
Plusieurs pays européens connaissent actuellement des vagues de contestation contre les mesures de restriction décrétées chez eux pour endiguer la circulation du Covid-19. Au-delà, la police israélienne a annoncé mardi avoir arrêté 14 personnes après des affrontements avec les forces de l'ordre.
En Europe, comme l'a noté ici Le Dauphiné Libéré, et même en Israël, certains pans de la société entrent désormais en confrontation avec les pouvoirs publics, multipliant les manifestations, et les affrontements avec la police.
Les nuits de colère se succèdent aux Pays-Bas
L'exemple le plus fameux ces temps-ci dans l'actualité est fourni par les Pays-Bas. Ce mardi, au sortir d'une troisième nuit d'émeute consécutive, la police a annoncé avoir interpellé la veille 184 personnes ayant participé à des heurts contre les forces de l'ordre. Les violences de lundi soir ont laissé dix policiers blessés. Dimanche soir déjà, ceux-ci avaient arrêté 250 personnes.
Ces scènes d'émeutes se sont produites dans plusieurs villes des Pays-Bas, notamment à Amsterdam, Rotterdam et La Haye. Des pillages ont été signalés. C'est l'entrée en vigueur d'un couvre-feu entre 21h et 4h30 du matin - mesure d'autant plus frappante symboliquement qu'il s'agit-là du premier depuis la Seconde Guerre mondiale - qui a généré ces fureurs.
La police a assuré ce mardi que ces violences étaient les pires que le pays avait connu depuis les années 1980. Aux violences physiques de certains manifestants répondent désormais les offensives verbales de quelques responsables politiques. Ainsi, tandis que le gouvernement bombait le torse en confirmant le couvre-feu, le ministre des Finances, Wopke Hoekstra, a commenté les débordements, cité ici par la BBC: "Ce qui ont fait ça sont des ordures".
L’effigie de la Première ministre brûlé au Danemark
Non loin de là, le Danemark est lui aussi parcouru par des vents de colère. Là non plus, on ne peut pourtant parler de confinement. Les restrictions portent sur les bars, les restaurants et les écoles, qui ont dû fermer leurs portes. Des mesures qui ont suffi à faire descendre dans les rues de Copenhague des centaines de Danois samedi soir. Si le cortège s'est révélé plutôt calme, on a assisté à des jets de bouteilles contre les forces de l'ordre au moment de sa dispersion.
Trois personnes ont par ailleurs été arrêtées le lendemain pour avoir brûlé une effigie de la Première ministre, Mette Fredricksen, selon la police. Les observateurs avaient remarqué des flambeaux parmi les protestataires et des slogans traduits ainsi par l'AFP: "Liberté pour le Danemark, on a marre".
Cinq personnes seulement ont été interpellées en relation avec cette manifestation mais les choses avaient été plus violentes quinze jours auparavant. Des affrontements avaient eu lieu entre policiers et manifestants pour un bilan porté à une vingtaine d'arrestations. Le Danemark a perdu 2031 citoyens depuis le début de l'épidémie, selon l'université Johns-Hopkins.
Triple mot d'ordre au Liban
Le Liban connaît une situation similaire. Les soignants ont recensé une trentaine de blesssés en marge d'affrontements entre les forces
de l'ordre et des jeunes à Tripoli lundi. Les manifestants marchaient sous un triple mot d'ordre: dire leur opposition au confinement, mais aussi aux amendes décernées à cette occasion et afficher leur colère face à la détresse économique du pays.
Les mécontents ont d'abord lancé des pierres contre les institutions, avant de viser les policiers, qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Le Liban est astreint à un confinement strict depuis le 25 janvier et qui devrait s'étendre jusqu'au 8 février. La population a déploré 2374 morts emportés par le Covid-19, selon l'université Johns-Hopkins.
Les ultra-orthodoxes contre la police en Israël
Plus au sud, la protestation contre le confinement est moins l'affaire des jeunes que des milieux religieux. Ainsi, en Israël, embarquée depuis la fin décembre dans un troisième confinement, ce sont les juifs ultra-orthodoxes qui se rassemblent pour en exiger la levée et s'en prennent à la police.
Celle-ci a déclaré mardi qu'elle avait arrêté 14 d'entre eux, après de nouvelles échauffourées. "Il y a eu (aussi) des blocages de route et des jets de pierres en direction des forces de l'ordre (...) Les policiers ont été attaqués alors qu'ils étaient venus faire respecter les instructions de confinement", a-t-elle décrit dans un communiqué retranscrit par l'AFP, notant par ailleurs des jets de projectiles contre ses agents. Dans la nuit de dimanche à lundi, des manifestants avaient pris d'assaut un bus, avant de l'incendier, blessant le chauffeur.
Les deux vagues italiennes
D'autres pays ont connu des troubles par le passé. On se souvient ainsi des manifestations anti-masques en Allemagne en novembre. L'Italie quant à elle a connu, du Nord de la péninsule à Naples en passant par Bologne et Rome, de nombreuses manifestations anti-restrictions dès le mois d'octobre.
Elles étaient alors surtout le fait de commerçants, de restaurateurs et d'indépendants, comme le montraient alors leurs slogans, relevés ici par Le Monde: "Travail et liberté", "Le travail est notre droit", "Tu nous fermes tu nous paies". Toutefois, le quotidien du soir notait aussi les violences commises par des groupes anarchistes et néofascistes, venus en plus de ce premier public.
En janvier, comme l'indique ici France Info, les rassemblements ont repris, sous une forme semble-t-il attenuée cependant. Des manifestations ont eu lieu devant les fenêtres du ministère de l'Éducation nationale afin de réclamer la réouverture de l'ensemble des écoles.
Retour de fièvre en Espagne
Enfin, après que des manifestations anti-restrictions ont déjà eu lieu autour de la Toussaint, l'Espagne a vu se lever dernièrement une nouvelle vague de contestations. Samedi, on a ainsi compté plusieurs milliers de manifestants à Madrid contre les dispositifs mis en place par les autorités face au virus - principalement un couvre-feu généralement fixé à 22h et une interdiction de circuler entre les régions.
Parmi ces manifestants, dont un bon nombre avaient fait l'impasse sur le masque, certains, cités par l'AFP, versaient même dans le complotisme, prétendant que le Covid-19 "n'exist(ait) pas".
Agences