Trump face à un nouvel "impeachment", climat tendu à Washington
Une semaine avant la fin de son mandat, Donald Trump faisait face mercredi à un deuxième "impeachment" pour avoir encouragé l'assaut contre le Capitole qui a fait cinq morts et ébranlé la démocratie américaine.
A quelques heures de ce vote historique, et à une semaine de la prestation de serment du prochain président Joe Biden, la ville de Washington, placée sous très haute sécurité, était méconnaissable.
Des blocs de béton ont été disposés pour bloquer les principaux axes du centre-ville, d'immenses grilles métalliques entourent nombre de bâtiments fédéraux, dont la Maison Blanche. La Garde nationale est omniprésente.
Les débats à la Chambre des représentants ont débuté à 09H00 (14H00 GMT).
Le vote sur l'acte d'accusation est prévu vers 15H00 (20H00 GMT). Son issue, qui fait peu de doute, marquera l'ouverture formelle de la procédure de destitution contre le 45e président qui deviendra le premier de l'Histoire à être deux fois mis en accusation au Congrès.
Chaque jour un peu plus isolé dans son propre camp, le tempétueux président a tenté mardi de réduire la procédure le visant à une énième manoeuvre des démocrates, une nouvelle "chasse aux sorcières".
Mais à quelques jours de son départ pour Mar-a-Lago, en Floride, où il devrait entamer sa nouvelle vie d'"ex-président", il apparaît de plus en plus déconnecté ce qui se passe dans la capitale fédérale américaine.
Si l'acte d'"impeachment" n'avait pas reçu un seul vote républicain lors de l'affaire ukrainienne il y a plus d'un an, plusieurs membres du "Grand Old Party" ont déjà annoncé cette fois-ci qu'ils rejoindraient les démocrates.
Déjà cinq avaient annoncé leur soutien mardi soir. Parmi eux, Liz Cheney, l'une des chefs de la minorité républicaine à la Chambre et fille de l'ancien vice-président américain.
"Rien de tout cela ne serait arrivé sans le président", a-t-elle estimé dans un communiqué au vitriol. Et d'autres pourraient suivre dans la journée.
La puissante présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a elle révélé les noms de son équipe de "procureurs", qui sera chargée de porter le dossier jusque devant le Sénat, à majorité républicaine, pour le procès en destitution.
Plus inquiétant pour Donald Trump et son éventuel avenir
politique, Mitch McConnell, président de la majorité républicaine au Sénat, a dit à ses proches qu'il voyait d'un bon oeil cette mise en accusation, jugeant qu'elle était fondée et qu'elle aiderait le parti républicain à tourner définitivement la page Trump.
Cet habile stratège, très influent, tient peut-être ainsi la clé de l'issue de cette procédure historique. Car une seule parole publique pourrait encourager des sénateurs républicains à condamner le 45e président des Etats-Unis.
Depuis Alamo, au Texas, Donald Trump a certes tenté mardi d'adopter une posture moins agressive que la semaine dernière, évoquant le temps "de la paix et du calme".
Mais il a aussi obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l'assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été "tout à fait convenable".
Son vice-président Mike Pence a plus tard définitivement écarté l'autre menace qui pesait sur sa fin de mandat, en refusant d'invoquer le 25e amendement de la Constitution qui lui aurait permis de démettre le président sortant, en le déclarant inapte à exercer sa fonction.
Malgré son assurance affichée et le soutien de certains élus très loyaux, Donald Trump est plus seul que jamais après une série de démissions dans son gouvernement et des critiques cinglantes.
YouTube a suspendu temporairement mardi soir sa chaîne et supprimé une vidéo en affirmant qu'elle enfreignait ses règles sur l'incitation à la violence. Twitter avait fermé définitivement son compte la semaine dernière.
Les démocrates prendront le contrôle de la chambre haute le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation.
Le procès risque d'autre part d'entraver l'action législative des démocrates au début de la présidence Biden, en monopolisant les séances au Sénat.
Joe Biden prêtera serment sous haute garde le 20 janvier, justement sur les marches du Capitole, siège du Congrès américain.
Critiqué pour avoir tardé, mercredi dernier, à envoyer la Garde nationale, le Pentagone a cette fois autorisé le déploiement de 15.000 soldats pour la cérémonie d'investiture.
Mobilisés à l'origine pour offrir un soutien logistique à la police, ses membres ont commencé à porter des armes tard mardi, selon un photographe de l'AFP.