Algérie/ Hirak : les réseaux sociaux prennent le relais
En Algérie, les manifestations de rue semblent s'être estompées pour les centaines de milliers de manifestants qui, pendant des mois, ont envahi les grandes villes chaque semaine pour réclamer la fin du «système». Le Covid-19 a surmonté cette ferveur populaire, mais le Hirak, né le 22 février 2019, résiste.
Les militants du Hirak ont suspendu leurs manifestations à cause du Covid-19, mais le mouvement ne s'est pas essoufflé, l'esprit de révolte est toujours là. C'est moins visible, moins présent dans les rues, pourtant, Hirak survit et les hommes et les femmes qui ont créé ce mouvement populaire, en février 2019, réclament toujours le changement.
La manifestation s'organise aujourd'hui, explique Nadia Salem, du collectif Algérie libre: «Les gens travaillent à s'organiser en corporations professionnelles, étudiants, artistes, avocats, et pour ma part, au sein de la diaspora à l'étranger, depuis la diaspora c'est actif. Aujourd'hui, moi à Paris, je communique avec des Algériens du monde entier, aux USA, au Canada, en Italie, en Belgique, partout où nous sommes aujourd'hui connectés, nous nous organisons, et nous préparons l'avenir. ''
Le mouvement Hirak est passé de la rue aux réseaux sociaux pour faire pression sur les autorités, mais tout ce qui est écrit est surveillé par les services de sécurité. Les militants du Hirak dénoncent un État policier en Algérie, qui, à leur avis,
rappelle celui de l'ancien régime d'Abdelaziz Bouteflika. Cependant, même si les poursuites judiciaires se multiplient, les «hirakistes» ont trouvé de nouvelles façons de résister, explique Karim Tabbou, un opposant algérien et ancien détenu.
«Les Algériens sont devenus très créatifs, parfois on voit des gens écrire sur Trump et, par écrit, on comprend qu'il s'agit de Tebboune, pas de Trump. Par exemple, à propos de la fraude électorale qui a eu lieu en Algérie, des gens ont écrit sur Facebook que le responsable du truquage des élections aux États-Unis est M. Chorfi. M. Chorfi est celui qui préside le corps électoral en Algérie », a déclaré Karim Tabbou.
Les militants du Hirak continuent de contester la légitimité du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a subi un revers cinglant le mois dernier lors du référendum constitutionnel, qui n'a guère mobilisé les électeurs.
Le président est absent depuis près de deux mois, officiellement pour être traité en Allemagne de Covid-19, et son gouvernement est également dans une sorte de condamnation avec sursis.
Pendant ce temps, les manifestants se disent plus déterminés que jamais à changer le pays, même si la répression du régime ne faiblit pas.
Selon le Comité national pour la libération des détenus, les arrestations et les convocations aux commissariats de police des dirigeants des manifestations se sont poursuivies pendant le verrouillage.