Chine : « Alibaba » accusé d’être impliqué dans la répression des Ouïghours
La société de technologie chinoise, Alibaba Group Holding, a proposé aux clients un logiciel de reconnaissance faciale capable d'identifier le visage des personnes ouïghoures, révèle un rapport du Cabinet de recherche américain IPVM Video Surveillance Information.
Selon cette source, la technologie de détection dans le service baptisé « Cloud Shield » d'Alibaba, offre une modération de contenu pour les sites Web.
Le journal britannique « The Guardian » a rapporté, jeudi, que «ladite technologie pourrait être utilisée pour identifier les vidéos filmées et téléchargées par une personne ouïghoure », en les signalant aux autorités pour y répondre ou les retirer.
Citant le rapport d'IPVM, le journal britannique a indiqué que « le site Web chinois d'Alibaba a montré aux clients le mode d’utilisation de la fonctionnalité technologique, intégrée au service cloud, avec la fonctionnalité de reconnaissance faciale.
Néanmoins, cette technologie est destinée essentiellement à identifier les minorités ethniques, grâce à un guide détaillé destiné à la traque des Ouïghours.
"Les utilisateurs chinois peuvent simplement envoyer des images de personnes, que ce soit à partir de téléphones ou de caméras de surveillance, au service, et si Alibaba suspecte un Ouïghour, il signalera la personne", ajoute le rapport d’IPVM.
Il est à rappeler que la Chine contrôle, depuis 1949, le territoire du Turkestan Oriental, appelé Xinjiang, habité par la minorité ouïghour musulmane turcophone.
Selon les statistiques officielles, il y aurait 30 millions de musulmans en Chine, dont 23 millions d’Ouïghours, tandis que des informations non officielles, font état d'environ 100 millions de musulmans, soit environ 9,5% de la population.
La province à majorité turque musulmane est, depuis 2009, en proie à des violences sanglantes.
Depuis lors, Pékin a déployé des troupes dans la région, en particulier après la montée des tensions entre les "Han" chinois et les "Ouïghours" turcs, en particulier dans les villes d’Urumqi, Kashgar et Tourfan, où les Ouïghours sont majoritaires.
Dans son rapport annuel sur les droits de l'homme, publié en 2018, le Département d'État américain a déclaré en mars que la Chine détenait des musulmans dans des centres de détention "en vue d'effacer leur identité religieuse et ethnique".
Pékin affirme que les centres, qualifiés par la communauté internationale de "camps d’internement", sont des "centres de formation professionnelle" destinés à "purifier l'esprit des détenus des idées extrémistes".
En effet, bien qu’Alibaba soit le plus grand fournisseur de cloud computing en Chine et le quatrième au monde, ce service n'a pas été mentionné sur les sites Web d'Alibaba Cloud en dehors de la Chine.
Les révélations de jeudi sont susceptibles de mettre le géant de technologie chinois sous pression internationale aux côtés d'autres grandes entreprises qui sont de plus en plus appelées à rendre compte de leur implication dans le commerce lié à la persécution des Ouïghours par la Chine, en particulier la technologie et la production textile.
La communauté internationale multiplie les appels à la Chine de mettre fin à l’enfermement des Ouighours dans des camps sous prétexte de lutte contre le terrorisme.
Pour l’instant la Chine réfute les accusations, même si de multiples vidéos de médias étrangers démontrent un nettoyage ethnique.