« On ne se moque pas impunément des religions » : les propos de Mgr Le Gall font polémiques
La Conférence des évêques de France préfère garder le silence. La prestigieuse instance de l’avenue de Breteuil, à Paris, indique simplement que la parole des évêques, dans les régions est libre et que ces autorités religieuses restent « maîtresses chez elles ». Fin de la polémique ? Pas tout à fait.
L’affaire des caricatures de Mahomet qui a coûté la vie à un enseignant, à Conflans-Sainte-Honorine, pour les avoir montrées en classe, le 16 octobre, agite le monde de l’Église catholique. Après l’attentat au couteau qui a fait 3 morts dans la basilique Notre-Dame de Nice, jeudi dernier, les réactions indignées se mêlent aux prises de parole personnelles des hommes de foi. Dans le sillage de l’archevêque de Toulouse, Mgr Le Gall, estimant que « montrer des caricatures de Mahomet est dangereux et revient à jeter de l’huile sur le feu », ses homologues lui emboîtent le pas sur le thème : « non aux caricatures offensantes et blessantes ».
L’Église catholique défend une « liberté d’expression respectueuse », précise-t-on du côté des hommes d’Église, qui sont aussi la cible des
dessinateurs de Charlie Hebdo. Ce week-end, l’archevêque d’Albi, Mgr Legrez, a pointé du doigt les limites de la liberté d’expression : « Jamais la liberté d’expression ne devrait faire fi du respect dû aux convictions d’autrui ». Et de s’interroger : « Comment croire que la quintessence de l’esprit français réside dans la vulgarité et la malveillance ? ». L’évêque de Montauban poursuit : « On aggrave la situation avec une nouvelle présentation des caricatures et l’obligation presque morale de les approuver, prétend Msg Ginoux. Cela fait partie des dérapages de l’existence. Je n’approuve pas leur republication […] L’objectif est de faire comprendre que la liberté d’expression permet tout. Eh bien je pense que oui et non ». À Nice, Msg Marceau dit « ne pas être Charlie », tout en défendant la liberté d’expression. Délicat compromis. Ce à quoi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a répondu hier : « Il n’y a pas de délit de blasphème dans notre pays, n’en déplaise à Monseigneur l’archevêque de Toulouse, n’en déplaise à quelques responsables religieux, quelle que soit leur religion ».