France: un professeur d'histoire retrouvé décapité en région parisienne
Un enseignant français qui avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves a été décapité, vendredi, près de Paris, et son assaillant a été tué par la police, trois semaines après une attaque au hachoir perpétrée par un jeune Pakistanais près des anciens locaux du journal satirique Charlie Hebdo.
Selon une source policière, l’enseignant, un professeur d’histoire, a été tué sur la voie publique non loin de son collège du Bois d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne.
Le parquet national antiterroriste a annoncé à l’AFP s’être immédiatement saisi de l’enquête, ouverte pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle».
Le président Emmanuel Macron s’est rendu à la cellule de crise instituée au ministère de l’Intérieur et était attendu en soirée sur les lieux de l’attaque. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a immédiatement interrompu un voyage officiel au Maroc pour revenir à Paris.
À l’Assemblée nationale, les députés se sont levés pour «saluer la mémoire» de l’enseignant et dénoncer un «abominable attentat».
Les faits se sont déroulés vers 17h (heure locale), selon une source policière.
Les policiers de la brigade anticriminalité de Conflans-Sainte-Honorine, à environ 50 km au nord-ouest de Paris, ont été appelés pour un individu suspect, rôdant autour d’un établissement scolaire, selon la police.
Sur place, les policiers ont découvert la victime, et à 200 mètres de là, sur la commune d’Éragny, ils ont tenté d’interpeller un homme qui les menaçait avec une arme blanche et ont fait feu sur lui, le blessant grièvement. L’assaillant présumé a ensuite succombé à ses blessures.
Un périmètre de sécurité a été installé et le service de déminage appelé, en raison d’une suspicion de gilet explosif.
Caricatures de Mahomet
Cette attaque est survenue trois semaines jour pour jour après l’attentat
au hachoir perpétré par un jeune Pakistanais de 25 ans devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, qui a fait deux blessés graves.
L’auteur de cet attentat islamiste a déclaré aux enquêteurs avoir agi en réaction à la republication par Charlie Hebdo, début septembre, des caricatures de Mahomet, qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique une cible des djihadistes.
Charlie Hebdo a de nouveau publié ces caricatures le 1er septembre à l’ouverture du procès des attentats de Paris en janvier 2015, qui se tient jusqu’au 10 novembre. Au total 12 personnes, dont des journalistes et caricaturistes de l’hebdomadaire, avaient été tuées le 7 janvier 2015 dans l’attaque du journal.
En réaction à la republication de ces dessins, des milliers de manifestants avaient protesté dans plusieurs villes du Pakistan contre Charlie Hebdo et la France.
L’organisation Al-Qaïda avait également menacé d’attaquer de nouveau la rédaction de l’hebdomadaire satirique.
«C’est la republication des caricatures plutôt que le procès qui a joué dans l’aggravation des menaces», expliquait récemment à l’AFP une source sécuritaire. «La volonté de frapper l’Occident est intacte», mais «entre ceux qui sont décédés, ceux qui sont incarcérés», la capacité d’action des groupes terroristes est «très réduite», avait-elle ajouté.
L’ensemble de la classe politique française a dénoncé cet attentat et rendu hommage à l’enseignant.
Le président de la région Hauts-de-France (nord), Xavier Bertrand, a souligné que la «barbarie islamiste s’en est prise à un des symboles de notre République: l’école». «Qu’ils sachent que nous ne plierons pas: ils ne nous interdiront jamais de lire, écrire, dessiner, penser, enseigner», a-t-il ajouté.
Depuis la vague d’attentats djihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France et qui a fait 258 morts, plusieurs ont été perpétrés à l’arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019 ou à Romans-sur-Isère en avril.