Mali : le président Keïta et le Premier ministre arrêtés, affirme un chef de la mutinerie

Mali : le président Keïta et le Premier ministre arrêtés, affirme un chef de la mutinerie

Des militaires ont pris le contrôle dans la matinée du camp Soundiata Keïta, situé à Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.

C'est une "mutinerie" qui commence à prendre des airs de coup d'État. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Boubou Cissé, ont été "arrêtés" mardi en fin d'après-midi à Bamako par des militaires en révolte, a affirmé un des chefs de la mutinerie. Dans la journée de mardi, des militaires maliens ont pris le contrôle d'une garnison proche de Bamako suscitant l'inquiétude de Washington et des voisins du Mali quant à un éventuel renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta, déjà confronté depuis deux mois à une contestation sans précédent depuis le coup d'Etat de 2012.

Que se passe-t-il actuellement au Mali ?

En milieu d'après-midi, la situation restait confuse dans la capitale malienne et dans sa banlieue. Une chose est sûre : des militaires ont pris le contrôle dans la matinée du camp Soundiata Keïta, situé à Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.

"Des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l'air. Ils étaient nombreux et très nerveux", a expliqué à l'AFP un médecin de l'hôpital de la ville. Ces militaires ont ensuite bouclé les accès de la garnison, selon un correspondant de l'AFP sur place.

"Nous pouvons vous dire que le président et le Premier ministres sont sous notre contrôle. Nous les avons arrêtés chez lui" (au domicile du chef de l'État), a déclaré un militaire ayant requis l'anonymat. "IBK (le président Keïta) et son Premier ministre sont dans un blindé en route pour Kati", le camp militaire de la banlieue


de Bamako où la mutinerie a débuté dans la matinée, a affirmé une autre source militaire dans le camp des mutins.

C'est du camp de Kati, le 21 mars 2012, alors que les rebelles touareg avaient lancé une offensive majeure dans le nord du Mali et que les jihadistes affluaient en provenance des pays voisins, que des soldats s'étaient mutinés contre l'inaptitude du gouvernement à faire face à la situation.

Le Mali confronté à une grave crise politique

Le pays est ébranlé par une profonde crise politique depuis les législatives de mars-avril. Une coalition hétéroclite d'opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

A cela s'ajoute une "situation sociale délétère", selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la "répression" contre ses militants. Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l'appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

Comment a réagi la France ?

La France "condamne avec la plus grande fermeté" la "mutinerie", a réagi mardi soir le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, en appelant les militaires à "regagner sans délai leurs casernes". "La France a pris connaissance avec inquiétude de la mutinerie qui s'est engagée aujourd'hui à Kati au Mali", à une quinzaine de kilomètres de Bamako, et "condamne avec la plus grande fermeté cet événement grave", a souligné le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué.