La faim pourrait tuer plus que le coronavirus (Oxfam)

La faim pourrait tuer plus que le coronavirus (Oxfam)

Dans une nouvelle note publiée aujourd’hui, Oxfam prévient que la faim liée au COVID-19 pourrait tuer jusqu’à 12 000 personnes par jour d’ici la fin de l’année, faisant potentiellement plus de morts chaque jour que la maladie elle-même.

Bien avant le début de la pandémie, la faim progressait déjà dans le monde. Mais le coronavirus s'est ajouté aux effets des conflits, de la montée des inégalités et de l'escalade de la crise climatique pour secouer un système alimentaire mondial déjà brisé, laissant des millions de personnes au bord de la famine. Un nombre qui risque de doubler par rapport à 2019, selon un rapport d’Oxfam publié aujourd’hui.

Le ralentissement spectaculaire de l'économie mondiale, conjugué à de sévères restrictions à la circulation, a entraîné des pertes massives d'emplois au cours des derniers mois. Sans revenu ni soutien social, des millions de personnes n'ont plus de quoi s’acheter à manger.

Les restrictions de déplacements imposées pour contenir la propagation du coronavirus ont eu des conséquences graves pour les producteurs et les productrices agricoles. Il.elle.s n’ont pas pu semer ou récolter, accéder aux marchés pour vendre leurs produits ou encore acheter des semences et des outils.

« Le virus de la faim » révèle comment 121 millions de personnes supplémentaires (dans le monde) pourraient être poussées au bord de la famine cette année en raison des conséquences sociales et économiques de la pandémie, notamment à travers le chômage de masse, la perturbation de la production et des approvisionnements alimentaires, et baisse de l’aide. Dans la région de la Corne de l’Afrique, Afrique de l’Est et centrale (HECA), plus de 47 millions de personnes étaient déjà en situation d’insécurité alimentaire en raison de la triple crise des inondations, des infestations acridiennes et maintenant du COVID-19.

Pour Lydia Zigomo, directrice régionale d’Oxfam HECA, «la RDC, l’Éthiopie, le Soudan et le Soudan du Sud étaient déjà tous confrontés à...

des urgences humanitaires et avaient un besoin urgent de financement lorsque la pandémie a frappé. L’endettement continu, à un moment où de nombreux gouvernements de la HECA sont déjà économiquement dévastés et répondent à la pandémie, signifie que les efforts pour réduire la faim seront extrêmement mis à l’épreuve. Les gouvernements donateurs devraient financer intégralement l’appel humanitaire COVID-19 des Nations Unies pour atténuer les impacts supplémentaires de COVID-19 sur la sécurité alimentaire ».

En RDC, où 15,6 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, le prix des produits locaux, tels que le maïs, le manioc et le sorgho, avait augmenté de près de 50% en avril 2020, par rapport au même mois l’année précédente. En Éthiopie, où 8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, environ 356 000 tonnes de cultures céréalières et 1,3 million d’hectares de pâturages ont été perdus à ce jour par les criquets. Les restrictions de mouvement ont ralenti les mesures de contrôle des essaims et ont eu un impact sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Au Soudan, où 5,9 millions de personnes étaient déjà en situation d’insécurité alimentaire en 2019, COVID-19 a contribué à la faim. Au cours de la période actuelle de juin à septembre 2020, environ 9,6 millions de personnes connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et ont besoin d’une action urgente.

Au Soudan du Sud, où 7 millions de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire, sept ans de conflit prolongé et d’extrémisme violent ont contraint des millions de personnes à quitter leur domicile et ont eu un impact dévastateur sur la production alimentaire nationale dans un pays où 80% des personnes dépendent de l’agriculture pour leur subsistance. Plus récemment, des essaims de criquets pèlerins ont dévoré les cultures et les pâturages, avec la crainte que la peste – déjà dans les centaines de milliards – ne continue de croître.