Visa Schengen : Cimade dénonce les nouvelles règles

Visa Schengen : Cimade dénonce les nouvelles règles

Les Africains demandeurs de visa Schengen sont plus susceptibles de se voir refuser un visa que ceux de toute autre partie du monde. Il y a de plus en plus d’allégations de pratiques discriminatoires envers ceux d'Afrique, sans compter « l’humiliation » que subissent plusieurs demandeurs, sans compter une prise de décision incohérente. C'est une loterie de savoir si vous obtiendrez un visa.

Depuis le 2 février, de nouvelles règles en matière d’obtention du visa Schengen sont entrées en vigueur. L’association la Cimade dénonce « un accès au visa à plusieurs vitesses, directement corrélé avec le degré de coopération des États tiers dans le processus de réadmission » des migrants illégaux.

À travers ces nouvelles règles, les États membres utilisent le traitement des visas comme moyen de pression sur la politique migratoire des pays dont les ressortissants sont demandeurs. Ainsi, le ressortissant d’un pays qui ne collabore pas avec un État membre de l’espace Schengen en matière de réadmission des migrants peut avoir plus de difficultés et de restrictions dans l’obtention de son visa.

- Les frais de visas sont dorénavant plus élevés : compter 80 euros pour un adulte (contre 60 auparavant) et 40 euros pour un enfant âgé de six à 12 ans (contre 35 auparavant).

Mais, selon l’association la Cimade, les frais peuvent varier selon le pays d’origine : si ce dernier est coopératif en matière de réadmission de migrants, le prix pourra être rabaissé à 60 euros. S’il est en revanche peu coopératif, les frais pourront atteindre 160 euros.

- Les délais de traitement des demandes de visa peuvent varier selon le pays d’origine. Les ressortissants des pays ne coopérant pas en matière de réadmission des migrants peuvent voir ces délais allongés. En revanche, les pays qui collaborent avec les États membres se verront accorder


des périodes de traitement de visas plus courtes.

- Les demandes de justificatifs (exemple : document d’identité, assurance de voyage, relevés bancaires, justificatif de travail, etc.) peuvent être différentes selon les pays. Comme l’explique la Cimade, "des justificatifs plus nombreux pourront désormais être exigés de la part d'une personne" qui vit dans un pays qui ne collabore pas suffisamment avec les États membres dans le cadre de la réadmission de leurs ressortissants illégaux.

- Le formulaire de demande de visa peut maintenant être signé et envoyé par voie électronique.

- Les périodes de dépôt des demandes sont prolongées, de trois mois à six mois avant la date de début du voyage.

L’EU remonte les barrières

La tendance à mobiliser les outils de politique étrangère de l'UE pour freiner la migration est en hausse à un rythme effréné, et le Conseil européen semble prêt à l'intégrer davantage dans sa politique. Outre la déclaration UE-Turquie de mars, il y a eu la voie commune avec l'Afghanistan ainsi que des «pactes migratoires» entre l'UE, le Liban et la Jordanie. D'autres accords sont en cours de négociation avec le Nigéria, le Niger, le Mali, l'Éthiopie et le Sénégal.

Bien qu'ils diffèrent sur le fond, la base est toujours la même; l'UE fournira des liens financiers, d'aide au développement et commerciaux tant que le pays s'engage à empêcher la migration irrégulière et à faciliter le retour des personnes qui ont tenté de demander l'asile ou une vie meilleure en Europe.

Officiellement, l'UE et les États membres nient tout lien de causalité entre l'acceptation de gros montants à remettre pour le développement et d'autres aides et la signature fortuite d'accords de migration dans les jours ou les semaines suivant lesdites promesses financières. La vérité est cependant évidente pour tout le monde.

Mouhamet Ndiongue