Crypto AG, la machine d’espionnage de la CIA et des renseignement allemands
Pendant des décennies, l'Allemagne et les États-Unis ont conjointement espionné 120 pays à travers le monde, dont le Maghreb (Algérie, Maroc, Libye). Des dispositifs de chiffrement manipulés ont permis à l'Allemagne et aux États-Unis de surveiller les communications secrètes de plusieurs Etats dont le Maroc. Cela fait suite à une révélation conjointe du Washington Post et de la chaîne de télévision publique allemande ZDF. Par la suite, le service de renseignement allemand, BND et l'agence américaine de renseignement étranger CIA ont coopéré étroitement. Comme le montrent les recherches de ZDF et du Washington Post, les deux services secrets se sont achetés auprès du leader suisse du marché mondial des technologies de cryptage, Crypto AG. Selon les connaissances actuelles, la société s'est associée à l'allemand Siemens AG, qui a vraisemblablement acheté à Crypto AG pour le compte de la BND et de la CIA en tant qu'actionnaire principal. Crypto AG a vendu dans le monde entier des appareils techniques destinés à garantir une communication sécurisée à l'aide du chiffrement. Mais grâce à une manipulation ciblée, les deux services secrets ont pu tout suivre.
Des pays africains étaient clients de Crypto AG donc de la CIA et de la BND
Les clients comprenaient l'Iran,
l'Arabie saoudite, plusieurs dictatures militaires en Amérique latine, mais aussi le Vatican et les pays du Maghreb dont le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et la Libye. Le Royaume et tous les autres pays du Maghreb font partie des 18 clients africains de l'entreprise basée à Zoug (Suisse). « C'était le coup d'État du renseignement du siècle », a déclaré un rapport secret de la CIA, auquel le Washington Post avait pleinement accès et a publié quelques extraits de l'action. L'étendue et les conséquences de l'action d'écoute mondiale sont décrites dans une contribution de ZDF. Les États-Unis ont utilisé ces informations pour justifier des frappes militaires contre la Libye. Des informations concernant le Maroc sont pour le moment méconnues.
Crypto AG a aussi fait d’énormes profits
En interne, l'opération s’appelait d'abord «Thesaurus», puis «Rubicon». En plus de l'effet d'un accès sans entrave à la communication entre ami et ennemi, Crypto AG a également réalisé d'énormes profits. Les pays espionnés ont payé des millions en fiducie. Selon la ZDF, les bénéfices ont été versés au budget de la BND et de la CIA sans le contrôle des parlements. La campagne a commencé en 1970. Le BND est sorti en 1993. La CIA n'a vendu ses parts dans Crypto AG qu'en 2018.
Mouhamet Ndiongue