Iran/Etats-Unis : attendu, Trump tempère et densifie les sanctions

Iran/Etats-Unis : attendu, Trump tempère et densifie les sanctions

Le président américain Donald Trump a joué mercredi la carte de l'apaisement après des tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak, se félicitant que Téhéran "semble reculer" et se disant "prêt à la paix".

S'il a annoncé l'imposition immédiate de nouvelles sanctions économiques contre la République islamique, il n'a pas évoqué de réponse militaire, éloignant, pour l'heure, le spectre d'une escalade régionale, voire d'une guerre ouverte entre Washington et Téhéran.

L'opération 'Martyr Soleimani" a été lancée par l'Iran au beau milieu de la nuit en représailles à l'élimination par Washington du général Qassem Soleimani à Bagdad. Au total, 22 missiles sol-sol se sont abattus sur les bases de Aïn al-Assad (ouest) et Erbil (nord), où sont stationnés certains des 5.200 soldats américains déployés en Irak.

"Aucun Américain n'a été blessé dans les attaques de la nuit dernière", s'est félicité d'entrée le milliardaire républicain.

"L'Iran semble reculer, ce qui est une bonne chose pour toutes les parties concernées et une très bonne chose pour le monde", a-t-il ajouté dans une allocution d'une dizaine de minutes.

Le tempétueux locataire de la Maison Blanche a conclu par un message à l'adresse du peuple iranien et de ses dirigeants: "Les Etats-Unis sont prêts à la paix avec tous ceux qui la veulent".

- Représailles "proportionnées" -

Un peu plus tôt, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, avait salué une "gifle à la face" des Etats-Unis, prévenant toutefois que ce n'était "pas suffisant".

Il faut, avait-il dit, que "la présence corrompue des Etats-Unis dans la région prenne fin", alors que l'axe pro-Iran profite depuis vendredi d'un regain de sentiment anti-américain en Iran, mais aussi en Irak et au Liban.

"Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons", avait abondé Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie, affirmant que les représailles "proportionnées" de la nuit étaient "terminées".

Mais si la riposte iranienne est close, reste la "riposte irakienne", qui ne sera "pas moins importante", ont déjà promis les factions armées pro-Iran dans le pays. Elles se poursuivront "jusqu'au départ du dernier soldat" américain, ont ajouté ces factions que Washington accuse d'être derrière les dizaines de roquettes qui ont déjà visé leurs soldats et leurs diplomates ces derniers mois.

La réponse est coordonnée avec le Hezbollah libanais et Téhéran, assurent ces factions, après les frappes iraniennes --qui selon l'armée irakienne n'ont pas fait de victime dans ses rangs. Si elles n'ont pas suscité de riposte immédiate, elles font plus que jamais redouter une escalade régionale et un conflit ouvert.

Pour Phillip Smyth, spécialiste des groupes chiites armés, les tirs iraniens marquent une "nouvelle phase". L'Iran "a envoyé une réponse publique et d'ampleur", "un signal". La suite, affirme-t-il, il pourrait être confiée "aux agents de l'Iran".

Dans le monde, des capitales appelaient au calme alors que...

d'autres maniaient la menace.

Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont appelé "toutes les parties à agir avec retenue" alors que Londres estimait que "l'Iran devrait plutôt oeuvrer en faveur d'une désescalade urgente".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui prévenu: "quiconque nous attaque recevra une riposte retentissante".

Chypre, elle, "a donné son accord" à Washington pour que, temporairement, "une unité de réaction rapide" se serve de son sol pour "évacuer des missions diplomatiques américaines (...) et des citoyens américains".

Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a indiqué avoir été prévenu des tirs imminents par "un message verbal" de Téhéran, "au moment" où les Américains appelaient pour indiquer que des missiles s'abattaient sur les bases où ils se trouvent.

Il a dénoncé "une violation de la souveraineté de l'Irak", sans toutefois utiliser les termes sévères qu'il avait réservés aux Etats-Unis, dont le Parlement irakien réclame désormais la fin de la présence militaire sur son sol.

Abdel Mahdi passe pour être plus proche des pro-Iran que le président Barham Saleh et le chef du Parlement Mohammed al-Halboussi qui, eux, ont "condamné" et "dénoncé" la riposte iranienne sur leur sol.

La France et la Grande-Bretagne, membres de la coalition internationale antijihadistes, ont indiqué que ces frappes, qu'elles ont condamnées, n'avaient pas fait de victime dans leurs rangs.

- "Tout va bien!" -

Selon des informations de presse citant un responsable américain, les forces de la coalition ont été prévenues à l'avance des frappes mais la provenance de cet avertissement n'était pas claire.

"Via nos canaux de renseignement, nous avons été avertis qu'une possible attaque était imminente", a déclaré un porte-parole de l'armée norvégienne, qui compte environ 70 soldats sur la base d'Aïn al-Assad.

Une source de sécurité irakienne indique toutefois à l'AFP que les forces irakiennes avaient évacué Aïn al-Assad avant même les frappes.

Les compagnies aériennes américaines, ainsi qu'Air France ou Lufthansa ont interdit le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe après que les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique iranienne, ont menacé "des gouvernements alliés" des Etats-Unis, en premier lieu les Etats du Golfe, pris entre Iran et Irak, et Israël.

Les funérailles en Iran du général Soleimani, assassiné avec l'Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran intégrées aux forces régulières irakiennes, ont été jusqu'à mardi soir ponctuées d'appels à la "vengeance".

Avant même les frappes de la nuit, plusieurs Etats membres de la coalition avaient annoncé sortir leurs soldats d'Irak.

Si la France et l'Italie disent rester, Canadiens et Allemands ont redéployé une partie de leurs troupes vers la Jordanie et le Koweït. L'Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel et "exhorté l'Iran à s'abstenir de toute nouvelle violence".

  1. Trump écarte tout départ, estimant que ce « serait la pire chose qui puisse arriver à l'Irak ».

Avec Agence