Libye: la tension de plus en plus vive entre les deux camps
À tout moment, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit tenir une session d'urgence, aujourd'hui lundi, en réponse à une demande présentée par le ministère libyen des Affaires étrangères au gouvernement libyen d'accord national (GNA).
Des hauts responsables à Tripoli, tels que le président du Haut Conseil Khalid Al-Mishri, le ministre de l'Intérieur du GNA, Fathi Fathi Bashagha, et plusieurs politiciens ont insisté sur «la nécessité de boycotter les pays soutenant l'agression de Haftar contre Tripoli, en particulier l'Égypte et les Émirats arabes unis. »
Les hashtags «Les EAU tuent les Libyens» et le «Massacre du Collège militaire» sont devenus populaires sur les plateformes de médias sociaux, car plusieurs politiciens ont également participé à leur diffusion, ce qui a été perçu par l'analyste politique libyen Said Al-Jawashi comme l'un des les facteurs les plus pressants pour le gouvernement de modifier sa politique face à la réponse de la communauté internationale aux répercussions de l'offensive contre Tripoli. "
Al-Jawashi a indiqué qu'il n'attend aucune nouvelle position du Conseil de sécurité de l'ONU, qui connaît une division interne en raison de la position favorable de certains de ses États membres permanents à l'égard de la guerre d'Haftar contre Tripoli. Cependant, dans le même temps, il estime que le fait d'informer la délégation européenne de la nécessité de reporter sa visite en Libye "a une plus grande efficacité".
Lors d'un entretien avec le Nouvel Arabe plus tôt, des experts des affaires libyennes avaient confirmé que l'attaque menée par des avions soutenant les forces du maréchal Khalifa Haftar contre le Collège militaire de Tripoli, au cours de laquelle 30 étudiants ont été tués et 34 autres blessés, affecterait le façon dont le gouvernement traite de l’évolution de la situation politique.
Josep Borrell, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a informé le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamed Siala, par téléphone au début de la semaine dernière qu'il avait l'intention de se rendre à Tripoli pour rencontrer des chefs de gouvernement avec les ministres de la
France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne et l'Italie, qui tiendra une réunion à Bruxelles, lundi, en préparation de la visite prévue.
Des sources informées ont suggéré plus tôt que la délégation européenne porterait des messages au GNA sur la nécessité d'arrêter la mise en œuvre de son accord avec le gouvernement turc pour entraver l'intention de ce dernier d'envoyer des troupes en Libye. Parallèlement, l'approbation par le Parlement turc de la décision présidentielle concernant l'envoi de forces turques en Libye a réduit les chances de la délégation européenne de se rendre en Libye.
Al-Jawashi a expliqué à The New Arab qu'informer la délégation européenne du report de la visite aura un impact. En effet, en procédant ainsi, le GNA pourra transmettre un message sur l'insistance libyenne de poursuivre la mise en œuvre de son accord avec la Turquie.
Des sources bien informées ont confirmé au New Arab que le Premier ministre Fayez Al-Sarraj effectuerait une visite urgente, accompagné de son ministre des Affaires étrangères, en Algérie aujourd'hui. Cette visite viendra compléter l'inquiétude implicite du gouvernement quant à la manière dont l'Union européenne gère la crise du pays, selon Al-Jawashi.
Malgré son net rejet de l'offensive de Haftar contre la capitale, Tripoli, et la considérant comme une cause d'entrave au règlement politique, le GNA et le gouvernement turc expriment leur volonté d'une implication plus forte et plus intensive de l'Algérie dans le dossier libyen, conformément à les développements récents concernant les accords de sécurité et maritimes signés entre le GNA et Ankara.
Le chercheur libyen en relations internationales, Mustafa Al-Barq, a indiqué que l'Algérie rejette le projet de Haftar. Cependant, dans le même temps, les autorités algériennes ne veulent pas se rapprocher des accords signés entre Tripoli et Ankara, car certains accords sont liés à la question des frontières maritimes éloignées du territoire algérien.
Jeudi dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Bokadoum a annoncé l'intention de son pays de lancer « des initiatives en vue d'une solution pacifique à la crise libyenne, qui ne comprend que les parties libyennes ».
Agence