Destitution : Donald Trump torpille dans les auditions

Destitution : Donald Trump torpille dans les auditions

Troisième témoin dans l'enquête publique en destitution, l'ex-ambassadrice des États-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch, a exposé, vendredi, la campagne de dénigrement ayant mené à son rappel prématuré de Kiev. Alors qu'elle exprimait son malaise devant des propos négatifs du président Trump à son endroit, celui-ci l'attaquait sur Twitter.

La diplomate, dont le mandat a été écourté abruptement en avril dernier, a fait preuve d'aplomb tout au long de son témoignage de plusieurs heures devant le Comité du renseignement de la Chambre des représentants.

Rapidement, le président Trump s'est invité dans l'audition publique en critiquant sur Twitter Mme Yovanovitch, qui travaille pour le département d'État depuis 33 ans.

Partout où Marie Yovanovitch est allée, cela a mal tourné. Elle a commencé en Somalie, comment cela s'est-il passé? Avançons en Ukraine, où le nouveau président ukrainien a parlé d'elle négativement lors de mon deuxième appel téléphonique avec lui. C'est le droit absolu du président américain de nommer des ambassadeurs, a écrit Donald Trump.

Interrompant l'avocat principal des démocrates, le président démocrate du comité du renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff, qui pilote les auditions, a lu cette critique à voix haute, demandant à la diplomate de réagir.

Mme Yovanovitch a défendu sa réputation. Je ne crois pas avoir de tels pouvoirs, ni à Mogadiscio, en Somalie, ni ailleurs. Je pense que là où j'ai servi, moi et d'autres personnes avons amélioré les choses de façon notable, autant pour les États-Unis que pour les pays où j'ai été basée, a-t-elle répondu.

Je veux vous assurer que certains d'entre nous prennent l'intimidation de témoins très au sérieux, a répliqué M. Schiff. Pendant une brève pause, il a ensuite condamné devant les médias une...

campagne d'intimidation en temps réel du président. Cela pourrait s'ajouter aux éventuels chefs d'accusation à l'endroit du président, ont indiqué des démocrates.

La réaction de Donald Trump a suscité de vives critiques, même sur les ondes de son réseau préféré, Fox News, où Kenneth Starr, l'ancien procureur spécial chargé de la procédure de destitution contre Bill Clinton, en 1998, a déploré un mauvais jugement extraordinaire.

En point de presse, le président Trump s'est défendu d'avoir cherché à intimider l'ex-ambassadrice, insistant sur sa liberté d'expression.

Dans son rapport, rendu en avril dernier, le procureur général Robert Mueller, chargé de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016, avait conclu que le président tentait de décourager la collaboration de témoins sur la place publique.

Ironiquement, avant même que M. Trump ne l'attaque sur Twitter, Mme Yovanovitch avait exprimé son malaise devant des propos qu'il avait tenus à son endroit au cours de son appel controversé avec son homologue ukrainien, le 25 juillet.

Selon la reconstitution de l'appel, rendue publique deux mois plus tard dans la foulée de la plainte d'un lanceur d'alerte, Donald Trump a dit à son interlocuteur qu'elle était susceptible de causer des problèmes, ajoutant qu'il lui arriverait certaines choses.

Comme elle l'avait fait le mois dernier dans sa déposition à huis clos, Mme Yovanovitch a déclaré aux membres du comité qu'elle s'était sentie menacée à la lecture de ces commentaires dans les médias, parlant d'un moment terrible.

[J'étais] ébranlée, consternée, dévastée que le président des États-Unis parle ainsi de quelque ambassadeur que ce soit à un chef d'État étranger. Et cet ambassadeur, c'était moi. Je veux dire, je ne pouvais pas le croire. [...] Ça semblait une menace.