La communauté internationale reste prudente après la mort présumée d’Al-Baghdadi
Le président américain Donald Trump a annoncé dimanche que le chef de l'Etat islamique (EI) Abou Bakr Al-Baghdadi avait été tué lors d'une opération militaire américaine en Syrie.
S'exprimant à la Maison Blanche, M. Trump a indiqué que les forces d'opérations spéciales américaines avaient mené un raid samedi soir visant Al-Baghdadi dans le nord-ouest de la Syrie, au cours duquel ce dernier s'est suicidé en déclenchant un gilet chargé d'explosifs.
Le test d'ADN effectué après l'opération a formellement identifié Al-Baghdadi, a affirmé M. Trump.
« Je tiens à remercier la Russie, la Turquie, la Syrie et l'Irak. Je veux aussi remercier les Kurdes syriens pour l'assistance qu'ils ont pu nous accorder. C'était une mission très, très dangereus », a-t-il ajouté.
A la suite de l'annonce de M. Trump, le ministère russe de la Défense a cependant déclaré qu'il ne disposait pas d'informations fiables sur la mort d'Al-Baghdadi.
L'augmentation du nombre de participants directs et de pays qui auraient pris part à cette opération, chacun fournissant des détails totalement contradictoires, donne raisonnablement lieu à des questions et des doutes sur la réalité et le succès de celle-ci, a indiqué le ministère dans un communiqué.
En réponse à l'annonce de M. Trump, le ministre iranien des Télécommunications Mohammad Javad Azari Jahromi a rétorqué sur Twitter : « Pas besoin de se vanter ! Vous avez simplement tué votre créature ».
Dimanche, certains alliés traditionnels des Etats-Unis ont salué l'annonce américaine de la mort d'Al-Baghdadi tout en rappelant que la lutte contre le terrorisme est loin d'être terminée.
La ministre française de la Défense Florence Parly a de son côté écrit sur Twitter : "Baghdadi : retraite anticipée pour un terroriste, mais pas pour son
organisation".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a salué la mort du chef de l'EI qu'il a qualifiée de moment important, mais a également averti que la lutte contre cette organisation terroriste n'est pas encore finie.
Selon le Washington Post, Javed Ali, un ancien directeur de l'antiterrorisme à la Maison Blanche, a déclaré que la mort d'Al-Baghdadi serait un « gros coup dur mais que l'EI avait déjà prouvé sa résilience.
« Sa mort aura certainement un impact sur le groupe terroriste, mais sera sûrement une victoire tactique symbolique et de courte durée dans le combat contre le groupe Etat islamique », a estimé Najib Khalaf, analyste politique et professeur en sciences politiques à l'Université irakienne al-Nahrain.
« L'élimination du calife autoproclamé ne fera pas complètement disparaître la menace de l'Etat islamique car l'idéologie djihadiste salafiste et les restes éclatés de l'organisation resteront fort », a indiqué l'analyste politique irakien Nadhum al-Jubouri.
Al-Jubouri a expliqué que la mort d'Al-Baghdadi « fera baisser le moral de ses éléments, beaucoup d'entre eux quitteront probablement le groupe, mais certains qui adhèrent fortement à l'idéologie extrémiste du groupe estiment que tuer une personne ne signifie pas la fin de leur idéologie ».
L'analyste a prédit que la bataille contre l'organisation se poursuivrait, avertissant que « le groupe de combattants se concentrera sur des opérations qualitatives (...) pour prouver que le groupe n'est pas détruit par la mort de son chef ».
Al-Baghdadi, 48 ans, de son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, a annoncé la création d'un califat dénommé « Etat islamique » en juin 2014.
En 2016, le département d'Etat américain a offert une récompense pouvant aller jusqu'à 25 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation ou à sa mort.