Conférence sur la désertification : la COP méconnue

Conférence sur la désertification : la COP méconnue

Depuis le 2 septembre se tient à New Delhi la Conférence des Parties de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Malgré son faible écho dans les médias, les enjeux climatiques sont déterminants.

C'est la moins connue des trois Conférences des Parties, plus souvent appelées par leur acronyme COP. Quelques semaines après un rapport alarmant du GIEC sur la dégradation des sols, la 14e COP sur la lutte contre la désertification se tient donc en ce moment dans la capitale économique indienne, New Delhi, depuis le 2 septembre et jusqu'au 13 septembre. Elle rassemble, selon les organisateurs, « près de 100 ministres et plus de 3 000 délégués de 196 pays ».

C'est la dernière des trois COP, créée en même temps que les deux autres : la plus connue est consacrée au changement climatique et la seconde à la biodiversité. Toutes les trois ont été créées en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Adoptée en 1994 et entrée en vigueur en 1996, la COP de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD) a commencé à se réunir en 1997. Elle se tient désormais tous les deux ans depuis 2001.

La majorité des terres est dégradée

La couverture médiatique est plutôt faible par rapport aux COP sur le changement climatique. Le terme « désertification » peut sembler réducteur. Or, il désigne non pas l'expansion naturelle des déserts déjà existants mais plus globalement toutes les terres dégradées notamment par l’activité humaine. Selon le premier article de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, la désertification désigne « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». 

Ainsi, selon le dernier rapport du GIEC, sur les quelques 130 millions de km² de terres émergées et dénuées de glace, un quart est dégradé par leur exploitation. L’impact sur la population est direct : Selon la CNULD, plus de trois milliards de personnes sont aujourd’hui affectées par la dégradation des terres. Les experts du GIEC affirment qu’environ 500 millions de personnes vivent déjà dans des zones en cours...

de désertification. Parmi les conséquences, il y a évidemment les migrations que cela entraîne. Selon la CNULD, « 135 millions de personnes, soit l'équivalent de la population combinée de l'Allemagne et de la France, risquent d'être déplacées du fait de la désertification ».

135 millions de personnes, soit l'équivalent de la population combinée de l'Allemagne et de la France, risquent d'être déplacées du fait de la désertification. Environ 60 millions de personnes devraient quitter les zones désertifiées de l'Afrique subsaharienne pour l'Afrique du Nord et l'Europe au cours des 20 prochaines années. Chaque année, entre 700 000 et 900 000 Mexicains quittent leurs zones rurales arides pour gagner leur vie en tant que travailleurs migrants aux États-Unis. La moitié des 50 conflits armés de 1994 avaient des facteurs de causalité environnementaux caractéristiques des terres arides.               

La Commission européenne va même plus loin : son service scientifique, le Joint Research Centre (JRC), estime que 75% des sols sont dégradés et qu’à ce rythme, 90% le seront en 2050. Le constat est dressé dans l’Atlas mondial de la désertification de la Commission européenne, dont la dernière version date de juin 2018.

La désertification est donc un problème global. Tout cela causerait même, selon l’estimation du Programme des Nations unies pour l’environnement, une perte de 10% du PIB mondial. En 2010, l’ONU a ainsi déclaré la décennie 2010-2020 comme celle de la lutte contre la désertification. La Convention sur la désertification assigne donc un objectif à tous les États de la planète : l'arrêt de la dégradation des sols dès 2030.

La COP 14 tente de sensibiliser aux solutions et à la nécessité de réhabiliter les terres. Parmi les mesures urgentes à mettre en place :  prévenir l'érosion des sols, gérer les ressources en eau, améliorer la gestion des pâturages, des forêts et du bétail, reboiser les forêts... La Convention, pour qui « la désertification est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté », affirme que « toute stratégie efficace doit lutter contre la pauvreté ».  L'Inde, qui préside la CNULD pendant deux ans, a déjà annoncé la réhabilitation de 5 millions d’hectares de terres d’ici à 2030 (soit 50 000 km², l'équivalent de la région Bourgogne-Franche-Comté).