L'UE dénonce l'exploitation des travailleurs migrants sur le sol européen

L'UE dénonce l'exploitation des travailleurs migrants sur le sol européen

Dans un rapport dévoilé mardi 25 juin 2019, l'agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) tire la sonnette d'alarme sur « la nécessité urgente pour les gouvernements européens de faire plus pour lutter contre les formes graves d'exploitation par le travail dans les entreprises, les usines et les exploitations agricoles dans l'ensemble de l'UE ».

Ce document, intitulé « Protéger les travailleurs migrants de l'exploitation dans l'UE » et réalisé après une série d'entretiens directs avec des centaines de travailleurs exploités, met à jour des pratiques illégales couvrant différents secteurs : l'agriculture, la construction, le travail domestique, l'hôtellerie, la fabrication et les transports".

« Les points de vue des travailleurs présentés dans la rapport (...) montrent combien leur exploitation contribue à la chaîne d'approvisionnement de biens et services quotidiens que nous consommons sans nous poser de questions - de la nourriture dans nos assiettes aux chemises que nous portons », note la FRA dans un communiqué.

L'agence cite le cas de migrants payés pas plus de 5€ par jour, des durées de travail de 92 heures par semaine sept jours sur sept sans vacances ni congés, des surveillances 24h sur 24 par des caméras, des violences verbales et sexuelles, des passages à tabac, des logements dans des conteneurs sans eau ni électricité, l'absence de fourniture d'équipements spéciaux pour manipuler des produits chimiques dangereux, ainsi que des menaces de licenciement et d'expulsion lors des demandes de versement de salaires et des rémunérations entièrement affectées au remboursement de leur dette avec les trafiquants.

« Ce rapport montre comment l'exploitation commence souvent par de fausses promesses et des fraudes, décrit les conditions extrêmes que subissent les travailleurs exploités et identifie ce qui facilite l'exploitation. Mais il met également en exergue ce qui peut être fait pour aider les travailleurs à accéder à la justice », commente Michael O'Flaherty. Le directeur de la FRA veut « prendre les mesures nécessaires pour instaurer un climat de "tolérance zéro". »

Le rapport propose treize actions destinées aux institutions et aux Etats membres pour mettre fin à cette exploitation (voir plus bas).

Les 13 actions préconisées aux Etats membres de l'UE

Mettre un


terme aux pratiques frauduleuses ou trompeuses en matière de recrutement.

Coopérer avec Europol, les fournisseurs de service Internet et les médias sociaux pour s’attaquer aux sites web de recrutement utilisés par les trafiquants et les employeurs abusifs.

Faire appliquer le droit du travail pour protéger les droits des travailleurs migrants en matière de salaire, de conditions et d’horaires.

Tous les États membres de l’UE qui ne l’ont pas encore fait devraient ratifier la Convention sur les travailleuses et travailleurs domestiques de l’Organisation internationale du travail et inclure les travailleurs domestiques dans les législations nationales découlant de la directive européenne sur le temps de travail.

Veiller à ce que tous les travailleurs, y compris les travailleurs saisonniers et détachés, aient des conditions de vie adéquates et bénéficient de contrats de location équitables, et à ce que le loyer ne soit pas automatiquement déduit du salaire, lorsque l’hébergement est fourni par l’employeur.

Intégrer l’exploitation par le travail dans le cadre stratégique de l’UE en matière de santé et de sécurité au travail d’ici à 2020.

Inclure les travailleurs domestiques dans la directive européenne sur la sécurité et la santé au travail.

Permettre aux organes chargés de l’application de la loi, de l’inspection et de la surveillance d’identifier et de combattre l’exploitation par le travail grâce à la formation et à des ressources suffisantes.

Élaborer des programmes de migration des travailleurs réglementés et ciblés afin de combler les pénuries sur le marché du travail.

 Réduire la dépendance des travailleurs vis-à-vis des employeurs, par exemple en délivrant des titres de séjour ou des visas non liés à un seul employeur.

Permettre aux travailleurs saisonniers de changer d’employeur librement et plus d’une fois, au titre de la directive européenne sur les travailleurs saisonniers.

Informer les travailleurs de leurs droits dans une langue qu’ils comprennent.

Mettre des services de soutien spécialisés à la disposition de toutes les victimes de la criminalité, y compris les victimes d’une exploitation grave par le travail. Il s’agit notamment de veiller à ce que les organisations de soutien aux victimes de la traite couvrent également les victimes de l’exploitation par le travail.

La rédaction