Les terres rares, nouveau moyen de pression de la Chine sur les États-Unis
En pleine guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, le président chinois Xi Jinping a évoqué le 22 mai un nouveau moyen de pression : les terres rares. Ces métaux, produits à 80% en Chine, sont essentiels à la production d'appareils électroniques. La mise à l'écart de Huawei a ravivé les tensions commerciales entre les deux pays.
Entre la Chine et les États-Unis, les crises se télescopent. Banni par Donald Trump et écarté par Google, Huawei se met à dos de plus en plus d’entreprises. Les difficultés du groupe chinois ont ravivé la guerre commerciale entre les deux puissances. Mercredi 22 mai, le président Xi Jinping a menacé d’utiliser un nouveau moyen de pression : les terres rares. Majoritairement minés en Chine, ces métaux sont nécessaires à la production de nombreux appareils électroniques : téléphones portables, batteries de voitures électriques, écrans…
« Les terres rares sont une importante ressource stratégique »
La Chine, qui produit plus de 80% de terres rares au niveau mondial, a évoqué un possible blocage des exportations de ces métaux. « Les terres rares sont une importante ressource stratégique », a déclaré Xi Jinping lors d’une visite d’une usine de traitement de terres rares selon l'agence de presse officielle Xinhua.
« Ce n'est qu'en possession d'une technologie indépendante [que nous] pourrons rester invincibles », a ajouté le président chinois, en écho aux difficultés de Huawei.
Ce ne serait pas la première fois que la Chine utilise les terres rares comme arme diplomatique. L’empire du Milieu avait déjà bloqué ses exportations vers le Japon en 2010 à la suite d’un différend territorial. Et la pression sur ces métaux est d’autant plus forte aujourd'hui que la Chine en est devenue le premier importateur en 2018.
La Chine dénonce le « harcèlement économique » des États-Unis
Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a dénoncé mercredi 22 mai les pressions américaines sur des entreprises chinoises comme Huawei.
« L'utilisation de la puissance américaine pour faire disparaître des entreprises privées chinoises, comme Huawei, est typique du harcèlement économique », a dit Wang Yi dans un communiqué publié sur le site du ministère chinois des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie chinoise a également déclaré dans un autre communiqué que la porte de la Chine serait toujours ouverte aux négociations commerciales avec les États-Unis mais que Pékin n'accepterait aucun accord inéquitable. Aucune date n'a été fixée pour de nouveaux pourparlers entre les deux pays.
Pression accrue sur Huawei
En parallèle, les États-Unis n’ont pas relâché la pression sur Huawei. L'administration américaine a pressé la Corée du Sud de renoncer à l'utilisation de produits fabriqués par l’entreprise, a rapporté jeudi 23 mai le journal sud-coréen Chosun Ilbo.
D'après Chosun Ilbo, un représentant du département d'État américain a déclaré lors d'un récent entretien avec son homologue sud-coréen que le groupe télécoms local LG Uplus, qui utilise de l'équipement Huawei, ne devrait pas être utilisé dans des secteurs sensibles en Corée du Sud. Ce représentant américain a ajouté que Huawei devait à terme, sinon immédiatement, être chassé du pays, écrit le journal qui cite une source diplomatique à Séoul.
« LG Uplus n'a reçu aucun communiqué ni demande du ministère sud-coréen des Affaires étrangères ou des États-Unis concernant notre utilisation d'équipement Huawei », a déclaré jeudi 23 mai à Reuters un représentant de la firme.
Washington estime que les équipements de Huawei pourraient servir à des activités d'espionnage de la Chine et il exhorte ses alliés, notamment en Europe, à ne pas s'appuyer sur le groupe chinois pour le déploiement de la nouvelle génération de téléphonie mobile, la 5G.
Huawei a démenti à plusieurs reprises les allégations américaines. Dans un communiqué, la firme s'est dit « prête et disposée à collaborer avec le gouvernement américain pour trouver des mesures efficaces visant à garantir la sécurité des produits ».
Mouhamet Ndiongue