Mondial 2026 : Une attitude saoudienne très… inamicale, mais l’espoir demeure !
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- 12 juin 2018 --
- Mondial
On savait depuis plusieurs mois que pour l’organisation du Mondial 2026, les Saoudiens avaient une préférence pour le dossier américain. Le président de la Commission saoudienne des sports Turki al-Sheikh avait dit en mars dernier que son pays allait privilégier ses intérêts dans son vote, s’attirant les foudres des internautes marocains. Aujourd’hui, il confirme, et agit. Mais le Maroc ne perd pas espoir.
L’équipe du Maroc chargée de défendre la candidature nationale s’active à Moscou, à 24 heures de la tenue du congrès électif qui devra désigner l’hôte du Mondial 2026. Elle a rencontré ce matin l’UEFA, avec l’aide très engagée de la France et du président de sa Fédération Noël Le Graët, et avec le soutien du président slovène de l’UEFA Aleksander Čeferin. Ce dernier, grand défenseur du fair-play financier dans son organisme et à la FIFA, est l’un des plus grands opposants au président de la FIFA Gianni Infantino, ouvertement favorable à la triple candidature nord-américaine.
L’UEFA dispose de 55 fédérations, et le Maroc peut d’ores et déjà compter sur les voix des pays du sud et de l’ouest européen ainsi que des nations caucasiennes, devant lesquels le président du Comité marocain Moulay Hafid Elalamy a présenté le dossier marocain ce mardi 12 juin (photo). Il reste les fédérations est-européennes, qui semblent aller vers les Américains. Mais Čeferin étant candidat à la succession d’Infantino en 2020, prendra le contre-pied de ce dernier car si c’est le trio nord-américain qui passe, Infantino disposera d’un atout majeur pour sa réélection en 2020.
Les voix de l’Afrique, 54, vont aller en grande majorité vers le Maroc, sur insistance et mobilisation du président de la CAF, Ahmad Ahmad. Mais Libéria, Namibie, Zimbabwe et Afrique du Sud ont annoncé leur soutien aux Nord-Américains. Il reste une cinquantaine de pays.
Cela fait au total quelques 70 pays ouvertement en faveur de notre candidature,
selon un responsable marocain à Moscou, joint par PanoraPost. « Tout va se jouer avec les voix asiatiques, mais rien, absolument rien n’est sûr. Mais nous avons un sérieux problème avec les Saoudiens et leur représentant Turki al-Sheikh », explique notre contact, qui refuse d’en dire plus. Cela est confirmé par un tweet de l’ancien ministre des Sports marocain Moncef Belkhayat, qui laisse entendre l’hostilité saoudienne dans son message.
Turki al-Sheikh, récemment interrogé par Bloomberg sur le choix de son pays a répondu : « America, America, America, America, America… Les Américains sont nos plus anciens alliés, et ils nous ont demandé notre soutien en 2017. Le Maroc n’est venu à nous que le mois dernier ». Certes, mais alors, la déclaration de la Ligue arabe, soutenant le Maroc, et que Riyad a signée ?... A Rabat, on tente de minimiser les choses, affirmant que Turki al-Sheikh n’est pas l’Arabie Saoudite… Si, car l’homme est un des proches collaborateurs de Mohamed Ben Salmane, l’homme désormais fort du royaume wahhabite. Il faut le dire, l’acte saoudien est inamical, voire hostile. Mais la géopolitique et les relations internationales sont autre chose. Joint par Panorapost, un diplomate de haut rang a affirmé ceci : « Si la géopolitique entre en jeu dans ce Mondial à travers les choix des Saoudiens pour leur amis américains, rien n’exclut que la même géopolitique joue également en notre faveur, à travers l’extraordinaire antipathie que dégage le président Trump avec à peu près toutes les régions du monde ».
Il faudra attendre l’action des Russes et des Chinois qui, selon l’un des responsables du Comité de candidature qui s’était confié voici quelques semaines à PanoraPost, vont soutenir le dossier marocain, en mobilisant les pays sur lesquels ils peuvent avoir de l’influence. Il reste donc quelques dizaines de voix à conquérir… le Maroc ne part pas gagnant, mais il n’est pas pour autant perdant.
Aziz Boucetta