Le Ministère de la santé annonce la réduction des prix de certains médicaments
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- 30 mars 2018 --
- Maroc
Le ministère de la Santé a annoncé, vendredi, la réduction des prix de 67 médicaments de traitement de maladies chroniques et de certains types de cancer, dans le cadre de la poursuite de la révision des prix de médicaments au Maroc. La nouvelle vient dans un contexte où la lutte mondiale contre la fraude sur les médicaments est plus que jamais engagé par les Etats.
Cette réduction concerne en particulier les médicaments utilisés dans le traitement de maladies chroniques, comme les maladies asthmatiques, contagieuses et de l'hypertension artérielle, des antibiotiques et des médicaments pour réduire le taux de cholestérol dans le sang et lutter contre certains types de cancer, outre des médicaments dédiés à la santé mentale et psychique, indique un communiqué du ministère.
La réduction des prix a atteint plus de 30% pour certains médicaments de traitement du cancer, alors que cette baisse a atteint plus de 50% pour les médicaments concernant la santé mentale et psychique. Les médicaments relatifs aux antiviraux ont également connu une réduction de plus de 50%, tandis que ceux des maladies asthmatiques dépassent les 35%, précise-t-on de même source.
La décision du ministère de tutelle de réduire les prix de 67 médicaments s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale et intervient en application des dispositions du décret 2.13.852, publié le 19 décembre 2013 portant sur les conditions et modalités de fixation des prix des médicaments, avec pour objectif de faciliter l’accès des citoyens aux médicaments et réduire les dépenses de la couverture médicale, relève le communiqué. Cette politique s'assigne également pour objectifs de garantir un accès équitable aux médicaments de base et aux soins pour l'ensemble des citoyens, de promouvoir l'industrie pharmaceutique locale, de développer les compétences et capacités nationales dans ce domaine et de poursuivre les efforts pour l'inscription de davantage de médicaments sur la liste nationale des produits remboursables par les caisses nationales de sécurité sociale, assure le ministère.
L’écosystème des médicaments constituent une préoccupation majeure pour les gouvernements. A ce titre, Interpol avait annoncé avoir procédé en septembre 2017 à une saisie record de 25 millions de médicaments contrefaits et interdits dans le monde, et distribués sur Internet, pour un montant de plus de 51 millions de dollars d’après le journal Français Libération.
Mais dans certaines zones surtout le continent
africain, l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine, elles sont particulièrement touchées par ce problème majeur de santé publique. Mais le trafic, en pleine expansion, est désormais mondial. La vente de médicaments illicites ou frauduleux est en effet lucrative. D’ailleurs l’Institut français de recherche anticontrefaçons de médicaments (Iracm) estime que pour 1 000 euros d’investissements, les bénéfices s’élèvent entre 200 000 et 400 000 euros. Soit dix fois plus que le trafic d’héroïne. Ces activités illégales sont souvent liées à d’autres formes de criminalité tout en étant beaucoup moins pénalisées que le trafic de drogues, par exemple. Même si les sanctions ont été durcies en Europe ou en Chine (où la vente de médicament entraînant le décès du patient est punie de mort), l’Afrique n’a pas encore pris de telles dispositions.
Au Maroc, le ministère de la Santé avait organisé, les 23 et 24 février à Skhirat, les 2èmes Assises nationales du médicament et des produits de santé, avec pour thème "La lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique" avait bien mesuré l’ampleur du phénomène.
Le ministre de la Santé, Anas Doukkali avait déclaré que "La conjonction de multiples facteurs, comme la mondialisation des échanges et l’accès du crime organisé à des technologies sophistiquées a contribué à l’ampleur du phénomène, faisant de la falsification de médicaments une pandémie planétaire. L’intensité du fléau a récemment atteint un niveau sans précédent, menaçant l’équilibre sanitaire mondial. Comme pour toutes les activités illégales, il est difficile d’estimer avec précision l’ampleur du trafic".
Lors de ces assises sous l’impulsion du Maroc, il avait été adopté la "Résolution de Rabat" avec 11 pays africains afin d’harmoniser les législations et durcir les sanctions.
A ce titre, les protocoles d’accords signés (toujours en vigueurs) doivent permettre à :
-l'harmonisation des politiques et règlementations pharmaceutiques. Notamment à travers la création de l’Agence africaine du médicament, sous l’égide de l’Union africaine.
-la coopération accrue et l’échange de données entre pays africains.
-l'harmonisation des sanctions. Ce qui est encore plus problématique en Afrique, vu que de nombreux pays ne disposent pas d’autorité de contrôle.
-les circuits d’approvisionnement en médicaments.
-la promotion des médicaments génériques.
-l'ouverture des marchés et la facilitation des échanges commerciaux en matière de médicaments et de produits de santé.
Mais s’il est important de mettre une stratégie répressive, il faut notamment adopter une dynamique plus proactive dans la lutte contre ce fléau.
MN