G20 : feu vert à une taxation mondiale des super-riches
Les dirigeants du G20, réunis au sommet à Rio de Janeiro, ont entériné le principe d'une coopération internationale visant à taxer "effectivement" les individus très fortunés, une initiative promue par le président brésilien Lula da Silva et saluée comme un pas "historique". "Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous chercherons à coopérer pour garantir que les individus à très hauts revenus soient effectivement taxés.
La coopération pourrait inclure l'échange des meilleures pratiques, l'encouragement des débats autour des principes fiscaux et la création de mécanismes anti-évasion, notamment pour examiner les pratiques fiscales potentiellement préjudiciables", peut-on lire dans la Déclaration finale publiée lundi soir.
Ce point, qui suscitait des appréhensions notamment de l'Argentine sous la présidence de Javier Milei, a été maintenu dans la version définitive du document, confirmant ainsi un rare consensus parmi les principales économies mondiales.
En réaction, l’ONG Oxfam a félicité le Brésil pour avoir mis à profit sa présidence du G20 afin de répondre aux aspirations globales visant à lutter contre les inégalités extrêmes, la faim et l'effondrement climatique, en particulier par l'adoption de mesures visant à taxer les plus fortunés. "Le Brésil a ouvert la voie vers un monde plus équitable et résilient, et il incombe désormais aux autres nations de suivre cet exemple en ce moment critique", a déclaré l'ONG, qui s’attend à des changements concrets.
Cela signifie, selon elle, la mise en place d'une norme mondiale fixant des taux d'imposition suffisamment élevés pour réduire drastiquement les inégalités et mobiliser les billions de dollars nécessaires pour faire face à la crise climatique et à la pauvreté. "Ces avancées en matière de fiscalité internationale impliquent aussi que les gouvernements du G20 devraient soutenir un objectif de financement de 5.000 milliards de dollars pour la lutte contre le changement climatique lors de la COP29 à Bakou.
Comment peuvent-ils prétendre que la justice climatique
est hors de portée alors qu'un accord pour lever des billions en taxant les ultra-riches est désormais sur la table ?", s'est enthousiasmée Viviana Santiago, directrice exécutive d’Oxfam Brésil.
Le ministère brésilien des Finances estime qu'une taxe de 2% sur la fortune des plus riches pourrait générer jusqu'à 250 milliards de dollars par an, des fonds qui seraient utilisés pour réduire les inégalités et financer la transition écologique. Ce groupe, estimé à environ 3.000 individus, détient un patrimoine global d'environ 15.000 milliards de dollars, soit davantage que le PIB de nombreux pays.
Cependant, la Déclaration du G20 reste évasive sur la fixation d'un taux d'imposition spécifique. Elle aborde également la crise alimentaire mondiale qui s'aggrave, avec environ 733 millions de personnes touchées par la faim en 2023, les femmes et les enfants étant les plus vulnérables. Face à cette situation, le G20 appelle à une action collective plus résolue, avec le lancement de l'Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, une initiative brésilienne qui compte déjà 148 membres fondateurs, dont 82 pays, l'Union européenne, l'Union africaine, 24 organisations internationales, 9 institutions financières et 31 fondations philanthropiques et ONG. "Le monde produit suffisamment de nourriture pour éradiquer la faim.
Ce qui manque, c'est la volonté politique de garantir un accès équitable à cette nourriture", souligne le document, qui insiste également sur l'importance du partage des connaissances et du financement pour soutenir des programmes ambitieux de réduction de la pauvreté. Alors que le Brésil conclut sa présidence tournante du G20 avec ce sommet à Rio, il passera le relais à l'Afrique du Sud pour l'année prochaine.
Durant son mandat, le Brésil a mis l'accent sur trois priorités : la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités ; la durabilité, le changement climatique et la transition juste ; et enfin la réforme de la gouvernance mondiale.