Mondial 2026, enjeux économiques et atout géographique du Maroc
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- 11 mars 2018 --
- Mondial
Cinq à sept ans de préparation, des milliards d’investissement à programmer, des millions de touristes attendus, plus de 4 milliards de téléspectateurs prévus… voilà les grands enjeux de l’organisation d’une coupe du monde de football. Derrière cet évènement, une vaste opération marketing est en marche. Droits télés, sponsoring, merchandising, tout y passe. Quels en sont les rouages ? Qui en sont les bénéficiaires ?
A côté des Jeux Olympiques, une Coupe du monde est la seule compétition internationale qui regroupe plus de 200 pays. C’est là tout l’attrait, et aussi la difficulté, d’un mondial. Aujourd’hui, les enjeux sont immenses, car les aspects politico-financiers ont pris le dessus sur le volet sportif qui aujourd’hui semble perdre son âme.
Compte tenu de tout cela, l’ONU s’invite dans certains cas à la FIFA et ses résolutions sont impérativement respectées en matière de diplomatie. Ainsi, Football for Hope est un programme onusien mis en place en 2004 et qui a pour but de faciliter l’intégration sociale par le football, notamment l’éducation, la santé, avec comme objectif la contribution à la paix, d’où le caractère très politique du football.
Lors d’un Mondial, l’image du pays organisateur est sous la loupe, car tous les regards sont braqués sur lui pendant plus d’un mois. D’après la FIFA, plus de 10.000 journalistes assistent à l’événement sur place et s’ajoutent à environ 40 milliards de téléspectateurs cumulés en moyenne par évènement, pour 32 équipes. Le Mondial à 48 équipes battra naturellement tous les records d’audience, d’où l’enjeu du Mondial 2026 qui sera le premier à 48 équipes.
Le pays organisateur d’une Coupe du monde devra également mettre en place une organisation sans faille, et faire en sorte que l’évènement soit un vecteur de cohésion sociale. Avant d’être président de l’UEFA et alors qu’il n’était encore que « meilleur footballeur français », Michel Platini avait déclaré un jour à Pierre Bérégovoy, 1er ministre français en 1992, que la Coupe du monde est «un projet d’intérêt national plus important qu’un G7, car les douze mille journalistes présents peuvent juger de la qualité des transports, des hôtels, de la nourriture, de l’accueil : ils jugeront la France ! ».
Ce qui voudra dire que le pays hôte sera au centre du monde pendant une période d’un mois.
Enjeux économiques
La FIFA, « propriétaire » de l’événement, conserve la gestion des droits de retransmissions TV et les droits de sponsoring dont elle redistribue une partie au pays organisateur pour financer les infrastructures. PanoraPost avait fait un focus sur les enjeux des droits télés. Le pays hôte, quant à lui, s’engage à construire toutes les infrastructures qui devront répondre à des normes certifiées.
A ce titre, la FIFA a élaboré un cahier de procédures à laquelle tout candidat devra se conformer afin qu’aucune faille ne vienne perturber l’événement où des contrats de milliards de dollars sont en jeu.
Ainsi, des zones délabrées peuvent se transformer en nouveaux pôles urbains, comme cela avait été le cas pour le périmètre accueillant le Stade de France. Des stratégies de transformations de zones urbaines par des programmes diversifiés sont prises en amont, afin d’attirer des sociétés locales ou internationales.
Les stades, autoroutes, aéroports, gares… nécessaires aux déplacements des équipes et des supporters sont ainsi aménagés par le pays hôte et son retour sur investissement provient pour la plupart de la billetterie, du tourisme, de la création d’emplois…
Organiser une Coupe du monde peut être un accélérateur pour la croissance économique d’un pays.
Depuis la Coupe du Monde 1998, l’activité touristique a pris une place très importante dans l’évènement,
et cela doit être pris en compte du fait qu’il y a 40 à 45.000 entrées par match en moyenne.
Avant 1994 et les compétitions précédentes, les sélections et leurs staffs étaient confinées dans leur base durant toute la phase qualificative afin de leur permettre une bonne gestion logistique. Mais la Coupe du Monde en France a été la première fois où les équipes ont dû se déplacer de ville en ville durant les phases de qualifications. C’est pour cette raison que la FIFA insiste sur les aspects infrastructurels en leur attribuant 75 % de la notation des cahiers de charges.
Si le déplacement des joueurs et leur staff n’est pas si difficile en définitive, il l’est beaucoup plus pour les supporters et fans de football qui voudront suivre les déplacements de leur équipe et se déplacer aussi de ville en ville.
Cas du Mondial 2026
Si on prend l’exemple du Mondial 2026 où le Maroc est en compétition avec les Nord-Américains pour l’organisation, un supporter ferait vite son choix au terme de la simulation étable ci-dessous. Principe simple : le Maroc est un pays ouvert ou le visa n’est pas exigé pour un grand nombre de nationalités, contrairement à l’Oncle Sam, plus prudent depuis le 11 septembre 2001 et bien plus fermé depuis l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche.
Les tableaux ci-dessous font des simulations de déplacements, montrant l'incontestable atout de la proximité géographique du Maroc avec l'Europe, principal émetteur d'équipes qualifiées.
Les déplacements à l’intérieur des pays organisateurs
- Déplacement en Amérique du nord : exemple Mexico- Vancouver (Canada)
Distance |
Distance |
Durée de vol |
Prix billet avion |
Tarif hôtels 3 étoiles |
Mexico - Vancouver |
4.119 KM |
5h30 |
486 |
200 € |
*Pour regarder un match le supporter doit supporter 5h 30 de vol, débourser 485 € par billet sans compter son séjour hôtelier où les tarifs avoisinent les 200 € au Canada
- Déplacement à l’intérieur du Maroc : Casablanca- Agadir
Distance |
Distance |
Durée TGV |
Prix billet TGV |
Tarif hôtels 3 étoiles |
Casablanca- Agadir |
468 KM |
3 h |
100 € |
70 € |
- Déplacement du supporter ou fan à partir de son pays d’origine jusqu’au pays hôte
- Supporter ou fan venant de Berlin ou Tokyo (Tokyo point médian de l’Asie)
Berlin-New-York |
6.385 KM |
8h27 mn de vol |
2.193 €/billet d’avion |
Berlin-Vancouver |
7.978 KM |
12h45 mn de vol |
2.883 €/billet d’avion |
Berlin-Mexico |
9.727 KM |
14h30 mnde vol |
2.647 €/billet d’avion |
- Supporter ou fan venant d’Asie,(Tokyo point médian de l’Asie)
Tokyo- New York |
10.849 KM |
14 h de vol |
3.221 € |
Tokyo- Vancouver |
7.557 KM |
9h51 de vol |
1.335 € |
Tokyo- Mexico |
11.307 KM |
14h31 de vol |
1.530 € |
- Supporter ou fan venant d’Asie ou d’Europe atterrira à Casablanca, ville médiane des autres villes hôtes
Berlin -Casablanca |
3.355 KM |
4 h de vol |
762 € |
Tokyo- Casablanca |
11.595 KM |
14h 30 de vol |
1.187€ |
Si l’organisation d’une Coupe du monde peut être très bénéfique pour le pays hôte à l’exemple de la France en 1998 où la croissance s’est accélérée pour dépasser 3% sur un an (+6% sur le seul trimestre suivant le Mondial de juin 1998), les risques sont néanmoins présents. Déficit, endettement des villes, coûts de fonctionnement des équipements trop élevés ; ce sont les principaux risques qui viennent à l’esprit (comme Séville et son stade olympique construit en 1999), de même que les risques environnementaux et écologiques souvent négligés.
A côté des enjeux financiers, les enjeux sportifs à savoir les performances des joueurs ou des équipes font de la Coupe du monde le plus grand événement sportif du monde d’où les impressionnants moyens déployés soit pour l’organiser, ou pour y participer en tant que joueur ou sélection.
Mouhamet Ndiongue