Mondial 2026, la FIFA jouerait-elle le match avant l’heure ?
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- 27 février 2018 --
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A quelques semaines de l’attribution de l’organisation de la Coupe du monde 2026, les lobbies et les transactions s’ajustent. L’instance suprême du foot mondial semble pourtant anticiper sur la décision des électeurs. D’après le journal britannique Daily Mail, le président de la FIFA Gianni Infantino aurait été en discussions très poussées avec les médias américains pour les droits télés de ce Mondial 2026.
Lors de la Coupe du monde 1998 (France), l'audience globale mondiale était de 40 milliards de personnes pour l'ensemble de la compétition. Alors que celle de 2002 (Corée-Japon), l’audience globale mondiale était de 29 milliards de téléspectateurs en chute sévère à cause du décalage horaire avec l'Europe.
Les revenus liés aux Coupes du monde ont augmenté de 66 % en une décennie grâce aux TV et aux sponsors. C’est une compétition qui génère 90 % de ses revenus à la FIFA, des revenus augmentant au fil des éditions.
La Coupe du monde organisée en 2002 en Corée du Sud et au Japon avait généré 1,94 milliard de dollars de recettes. Les recettes sont passées à 2,63 milliards en 2006 en Allemagne, à 4,19 milliards en 2010 en Afrique du Sud et à 5,7 milliards en 2014 au Brésil. Soit une croissance de 66 % en une décennie. Ces recettes proviennent pour environ 60 % des droits de retransmission des matchs (radio, Internet et surtout télévision) et 40 % de la vente des droits marketings et du licencing.
Au vu de ces importantes sommes qui circulent, on comprend que les enjeux deviennent importants et le risque de se brûler les ailes plus présent.
La FIFA et le Comité international olympique (CIO), deux institutions sportives mondiales qui brassent des milliards de dollars, ont été toutes les deux récemment éclaboussées par des cas de corruption à grande échelle touchant le sommet de leur hiérarchie, sans doute captée par l’odeur enivrante des dollars pleuvant.
La corruption qui règne dans ces institutions sportives est alimentée par les compétitions sportives mondiales, véritables machines à cash en termes d'audience et de gain, et seul le CIO avec ses Jeux peut rivaliser la FIFA.
La corruption potentielle des ex-dirigeants de la FIFA peut surtout provenir des flux financiers générés par les pays hôtes qui profitent souvent de l'événement pour construire de nouvelles infrastructures. Et comme on le dit souvent, le diable est dans la précipitation. Les derniers chiffres avancés pour les prochains Mondiaux sont assez éloquents et laissent présager beaucoup de choses. Pour 2018, la Russie a chiffré son investissement à 21 milliards d'euros, et
pour le Qatar, en 2022, les estimations portent sur...146 milliards d'euros. La Coupe du monde de 1998 en France n'avait coûté que 360 millions d'euros !
Chassez le naturel, il revient au galop
Les vieux démons de la FIFA seraient-ils revenus ? Le FBI en pleine investigation avec le FIFAgate n’en a pas totalement fini avec le Qatar et la Russie, les prochains organisateurs de la Coupe du monde.
Aujourd’hui, la FIFA revient sur la scène (encore) ! Selon le Daily mail, « la FIFA a insisté sur des clauses dans les contrats de diffusion qui lui procureront des bonus exceptionnels de 302 millions de dollars (216 millions de livres sterling) pour les diffuseurs nord-américains si la Coupe du monde 2026 est décernée aux Etats-Unis et à ses voisins ». Stupéfiant ! Et affligeant…
Et le journal d’alerter sur le fait que « cette révélation a fait craindre que l'instance dirigeante mondiale du football ne joue pas le jeu et ait une préférence pour l'événement, motivée par des raisons financières, au détriment du seul rival des États-Unis, le Maroc ».
Selon le journal anglais, « Sunil Gulati, l'ancien patron de la fédération américaine de football, aurait eu une connaissance directe des transactions secrètes en 2026 et est connu pour avoir eu une maîtrise de première main des transactions secrètes en cours ».
Plus loin dans son article, l’auteur Nick Harris précise les détails de la transaction et cite : « FOX Sports devrait payer à la FIFA 182 millions de dollars (130 millions de livres) en plus des centaines de millions de dollars déjà accordés pour les droits, alors que NBC devrait payer 115 millions de dollars (82 millions de livres sterling), et les télédiffuseurs canadiens paieraient 5 millions de dollars de plus (3,6 millions de livres sterling) ».
Cette révélation arrive au moment où la pression s’accentue sur le Qatar avec des accusations de corruption qui se répètent et se renforcent.
Le football n’est jamais un long fleuve tranquille… le président de la FIFA Gianni Infantino alors secrétaire général de l’UEFA avait été accusé de corruption par le lanceur d’alerte “Follow the Money” qui affirmait « détenir la preuve d’un arrangement mettant en cause l’ancien secrétaire-général de l’UEFA dans le cadre de l’affaire des matches truqués ayant secoué la Turquie entre 2011 et 2015 ».
L’accusation portée sur le désormais patron de la FIFA était d’avoir eu la main souple sur une sanction à infliger au club turc de Fenerbahçe malgré un vaste scandale de matchs truqués ayant éclaboussé ce club et d’autres lors de la saison 2010-2011.
A suivre, donc, voire à surveiller.
Mouhamet Ndiongue