M’jid El Guerrab élu à la circonscription des Français de l’étranger (englobant le Maroc), face à Leila Aichi
La campagne a été très dure et aussi incertaine, dans cette 9ème circonscription des Français de l’étranger, qui regroupe les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest. En lice, essentiellement, M’jid El Guerrab, d’origine marocaine et Leila Aichi, d’origine algérienne. Une lutte féroce a opposé les deux concurrents qualifiés pour le second tour, mais c’est finalement El Guerrab qui l’a remporté, « avec plus de 2.000 voix d’avance », jubile à raison un de ses amis.
La campagne a été mouvementée car dès le départ la sénatrice MoDem Leila Aichi verrouillait en annonçant sa double candidature au nom du MoDem et de La République en marche ! (LREM) d’Emmanuel Macron. Tollé au Maroc contre le parti du président, qui a donc investi une dame connue pour son hostilité au Maroc, même si elle s’en défend. Et dans le très délicat jeu d’équilibrisme de l’Elysée entre Maroc et Algérie, la solution a été trouvée dans l’état-major de LREM… Désinvestir Mme Aichi, mais ne pas investir officiellement M’jid El Guerrab, sans pour autant lui mettre de candidat LREM en face, et tout en faisant très attention à ne pas désavouer clairement Leila Aichi, amie de François Bayrou, allié instable et remuant de Macron, lequel s’apprêtait à aller au Maroc (nous sommes en mai et début juin), mais se souciait de ne pas
mécontenter l’Algérie, pays d’origine d’Aichi. ..
Alors les deux concurrents en sont venus aux mains… judiciaires s’entend. El Guerrab, soutenu par un communiqué on ne peut plus officiel de LREM, reproche à Aichi de placer des logos LREM sur ses affiches, laquelle Aichi, de mauvaise humeur, conteste l’attache LREM de Guerrab, qui ne le claironne pas officiellement, mais insiste lourdement et officieusement là-dessus.
Leila Aichi avait eu des positions très pro-Polisario en 2013, sortant même les mots qui fâchent contre le Maroc, mais à cette époque-là, Macron n’existait pour ainsi dire pas et elle-même était encore un peu socialiste avant de passer au MoDem, et de lorgner aujourd’hui vers LREM. Les Marocains n’ont pas apprécié cet épisode pro-Polisario de 2013 et les binationaux d’entre eux ont voté pour El Guerrab, et surtout contre Aichi. Le Maroc représente environ le tiers des 150.000 électeurs inscrits dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger.
Au total, M’jid el Guerrab est élu, et représentera entre autres le Maroc, son pays d’origine, à l’Assemblée nationale française. Et Leila Aichi cherchera un parti d’accueil, si elle trouve mieux que le MoDem…
Sitôt après avoir appris son élection, le nouveau député (diplômé de Science-Po Aix) a eu une pensée pour son grand-père, qui exerçait le métier de vendeur d'eau dans l'Atlas marocain, d'où son nom d'el Guerrab.
AB