Tunisie: 50 morts dans des attaques jihadistes à Ben Guerdane

Tunisie: 50 morts dans des attaques jihadistes à Ben Guerdane

« Il s’agit d’une attaque sans précédent, coordonnée », a déclaré le président tunisien, Béji Caïd Essebsi qui s'exprimait devant la presse, précisant que l'objectif des assaillants était de « prendre le contrôle » de cette ville frontalière avec la Libye et d'en faire une « nouvelle province » islamique. C'est la première fois qu'une attaque d'une telle ampleur vise des bâtiments des forces de l'ordre en Tunisie.

À l'aube de ce lundi 7 mars, un commando a attaqué simultanément les postes de la Garde nationale, de la police et de la caserne militaire de Ben Guerdane, dans le sud-est tunisien, à une vingtaine de kilomètres de la frontière libyenne. D’après un bilan diffusé par les autorités tunisiennes, 33 de ces assaillants ont été tués.  Ces violences n'ont pas épargné les civils, dont au moins 7 ont perdu la vie. Du côté des forces de l’ordre, les ministères de l’Intérieur et de la Défense déplorent la mort de 11 personnes au total, 7 gendarmes, de 2 policiers, d’un douanier et d’un soldat. Pour le moment aucune revendication n'a été formulée. 

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur appelle les habitants de la ville à rester chez eux. Un numéro vert a été mis à disposition de la population. Les routes menant à Zarzis


et Djerba, plus au nord, ont été fermées, tandis que les autorités tunisiennes ont décidé de décréter un couvre-feu nocturne dans la ville. « Il a été décidé d'imposer à partir d'aujourd'hui (lundi) de 19 h à 5 h du matin un couvre-feu aux personnes et aux véhicules dans la ville de Ben Guerdane », a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Déjà frappée en 2015 par une série d'attentats sanglants, la Tunisie a annoncé la fermeture des postes frontaliers et le renforcement des patrouilles y compris aériennes à sa frontière avec la Libye. Face au chaos chez son voisin libyen, les autorités tunisiennes ont manifesté à plusieurs reprises leur inquiétude. La Tunisie compte 3.000 de ses ressortissants dans les rangs d'organisations jihadistes à l’étranger. Ces dernières années, des Tunisiens sont partis se former au djihad en Libye avant de revenir au pays pour y perpétrer des attentats. Pour tenter de se protéger, le pays a construit un "système d'obstacles" sur près de la moitié des 500 km de frontière avec son voisin oriental. Le mois dernier, Londres a annoncé l'envoi de 20 soldats afin d'aider la Tunisie à sécuriser cette frontière. 

L’ampleur de l’attaque de lundi confirme à quel point la sécurisation de la frontière demeure un enjeu pour le pays.

 

EL