L'UE interdit à Meta l'usage des données personnelles pour des publicités ciblées
Le Comité européen de la protection des données (EDPB) a annoncé, mercredi, l’interdiction pour le groupe Meta d’utiliser les données personnelles à des fins de ciblage publicitaire sur ses plateformes Facebook et Instagram dans l'UE.
Le régulateur européen a demandé au régulateur des données d'Irlande, où se trouve le siège européen de Meta, de prendre des mesures "sous deux semaines" pour bannir sur les plateformes du groupe américain "tout traitement des données personnelles destiné à des publicités comportementales".
Cette pratique, qui consiste à collecter et analyser les données de milliards d'internautes pour leur soumettre des publicités soigneusement personnalisées, est au cœur des modèles économiques des géants du web mais est jugée contraire au règlement européen sur les données (RGPD).
L'autorité de régulation norvégienne des données avait déjà enjoint mi-juillet à Meta de cesser de recueillir, sans consentement explicite, les données des utilisateurs de ses plateformes dans le but de leur adresser des publicités ciblées, et lui impose depuis mi-août une amende quotidienne. Vendredi dernier, l'EDPB a adopté "une décision urgente et contraignante" pour étendre cette interdiction norvégienne aux trente pays de l'Espace économique européen (les 27 Etats membres de l'UE, Norvège,
Islande, Liechtenstein), a précisé le comité dans un communiqué. Cette décision "contraignante" a été signifiée, lundi, au géant technologique américain, qui risque de lourdes amendes en cas de non-conformité.
De son côté, Meta a annoncé son intention de proposer à partir de novembre des formules d'abonnement payantes à ses utilisateurs européens qui ne souhaitent pas voir leurs données utilisées, en vue de se conformer aux réglementations de l'UE. L'UE lutte depuis des années contre le pistage des internautes sans leur consentement, d'abord avec le RGPD adopté en 2016, puis avec le règlement sur les marchés numériques (DMA), entré en vigueur cet été, et auquel les plateformes concernées doivent se conformer d'ici mars.
En mai dernier, Meta avait écopé d'une amende record de 1,2 milliard d'euros du régulateur irlandais, agissant au nom des Vingt-Sept, pour avoir enfreint le RGPD en transférant vers les Etats-Unis des données personnelles d'usagers européens de Facebook.
En juillet dernier, la Cour de justice de l'Union européenne lui a infligé un nouveau revers, en rappelant que les utilisateurs des réseaux sociaux devaient "être libres de refuser individuellement (...) de donner leur consentement à des traitements particuliers de données".