L’industrie des équipements de sport, entre récession et changements

L’industrie des équipements de sport, entre récession et changements

La crise sanitaire liée au coronavirus, qui secoue le monde depuis plus de huit mois, a eu un impact indéniable sur le secteur du sport, et par voie de conséquence, sur les activités économiques qui entourent les disciplines sportives, suspendues dans l’attente de jours meilleurs.

La récession économique due à la crise sanitaire a engendré une baisse des revenus de l’industrie des équipements de sport de 50 à 80%, après la mise en place de plusieurs mesures de restriction conduisant au report ou à l’annulation de nombreux événements sportifs et à la fermeture de magasins, outre les changements de comportement des consommateurs dans ce contexte exceptionnel.

Cet impact sur la production s’explique par plusieurs facteurs notamment par l’annulation des commandes des clients et par le manque de vision claire à court et long terme pour les entreprises, au vu de l’impasse que connaissent encore les disciplines sportives, à l’exception des compétitions de football d’élite.

Dans ce même contexte, certains fabricants d’équipements sportifs à usage domestique tels que les tapis roulants et les vélos d’appartement, ont pu tirer profit de cette situation durant la période de confinement. Ces entreprises ont vu leurs ventes augmenter en raison de la forte demande suite à la transformation des domiciles en espaces d’activité physique pour maintenir la forme, confinement oblige.

Dans ce sens, Khalil El Bakkali, directeur de « Joma Maroc », a affirmé que l’activité de son entreprise spécialisée dans les vêtements, chaussures et équipements sportifs, est liée aux compétitions sportives, qu’elles soient organisées par des fédérations nationales, des associations, des clubs ainsi que celles marquées par la participation des sélections nationales hors du Maroc.

Dans un entretien accordé à la MAP, M. El Bakkali a souligné que la suspension des activités sportives durant cette période a impacté négativement les revenus de nombreuses entreprises et marques internationales opérant dans l’industrie du sport, et a entraîné des pertes s’élevant parfois à plus de 50 % des revenus.

« Joma Maroc », à son tour, a été fortement affectée par la crise économique qui a touché tous les secteurs, a déploré M. El Bakkali, notant que l’entreprise, privée d’une grande partie de ses recettes, s’est trouvé, pour plusieurs raisons, dans l’incapacité de tenir ses engagements financiers envers la société-mère en Espagne ainsi que ses engagements envers les banques.

Avant la crise sanitaire, l’entreprise avait conclu plusieurs contrats pour importer une quantité de vêtements et de chaussures pour répondre aux demandes de nombreux de ses clients, a-t-il fait savoir, notant que depuis le changement de la situation, il est devenu difficile d’écouler cette marchandise sur le marché national après la fermeture des magasins et


des salles de sport et la suspension des activités sportives.

Il a expliqué que cette situation a entraîné de nombreuses dépenses que l’entreprise ne pouvait pas supporter telles que l’expédition, la livraison et le stockage après l’annulation de nombreuses commandes. Ces dépenses ne sont pas récupérables en raison de l’incapacité des clients à payer immédiatement et de l’incertitude liée au contexte actuel, a-t-il ajouté

Par ailleurs, il a souligné que l’activité repose sur les stratégies du ministère de tutelle, du Comité national olympique marocaine (CNOM), des fédérations nationales, des associations et des clubs sportifs, qui déterminent leurs besoins en équipements sportifs pour une saison ou plus en fonction des événements sportifs à venir, au niveau national ou international.

Les relations commerciales de son établissement ne se limitent pas aux fédérations, associations et clubs des différentes disciplines, poursuit le directeur, mais incluent également les régions et les collectivités locales disposant de budgets sportifs, ainsi que les centres de formation, les académies sportives et certains établissements d’enseignement, qui à leur tour ont gelé toutes les activités en raison de l’impossibilité d’exercer dans des conditions saines.

Ayant conclu un contrat avec le comité olympique lors des Jeux olympiques de Rio de Janeiro 2016, le directeur de l’entreprise n’a pas manqué de signaler que le report des JO de Tokyo, a encore aggravé la situation, car toutes les discussions qui étaient en cours avec le CNOM concernant l’importation de vêtements aux délégations marocaines, et qui ont atteint leur stade final, ont été suspendues.

Concernant le déficit des revenus de l’entreprise, M. El Bakkali a déclaré qu’à partir du début de la crise sanitaire mars dernier jusqu’au mois en cours, les revenus de l’entreprise ont connu une baisse spectaculaire par rapport à l’année précédente.

« Cette baisse a atteint parfois sans exagération plus de 80% », a-t-il précisé, ajoutant que « les vendeurs, qui traitent directement avec le client, ont également souffert, ce qui a mené des fois à la fermeture des magasins ».

Même si l’entreprise, dans le cadre de sa stratégie financière, a toujours gardé des réserves pour faire face à toute situation exceptionnelle, elle n’a pas pu couvrir certaines dépenses durant ce contexte notamment les charges fixes comprenant les salaires des salariés entre autres.

D’un autre côté, le directeur de l’entreprise a indiqué que son établissement avait également bénéficié des ventes des équipements devenus très en vogue durant le confinement notamment le vélo d’appartement et le tapis roulant.

Cette reprise a été durant les deux premiers mois du confinement, nuance-t-il, mettant en exergue l’épuisement des stocks de ces fournitures et l’impossibilité de leur importation après la fermeture les frontières européennes.