ALE Maroc-Turquie: Le Maroc rééquilibre la balance
Le Conseil du gouvernement marocain a approuvé jeudi un amendement à l'accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie.
L'amendement relève du projet de loi n ° 54.20, que le Maroc et la Turquie ont signé à Rabat le 24 août 2020.
Le projet de loi et l'amendement visent à imposer des droits de douane, pour une période de cinq ans, sur certains produits industriels turcs énumérés dans l'accord «pour atteindre 90% de la valeur des produits de la nation la plus favorisée».
La décision du gouvernement d'augmenter la taxe d'importation vise à promouvoir la production locale, en particulier pendant la pandémie COVID-19. La mesure protectionniste vise également à limiter les importations de produits textiles, qui ont fortement concurrencé les produits nationaux.
Une clause de la nation la plus favorisée oblige un pays à accorder toutes les concessions, privilèges ou immunités qu'il accorde à une nation à tous les États membres de l'Organisation mondiale du commerce.
Concrètement, les principales modifications apportées à l’accord de libre échange entre le Maroc et la Turquie sont, d'abord,l’adoption d’une liste négative de plus de 1200 produits locaux impactés par les importations turques et regroupés en 630 positions tarifaires, rapporte Médias24.
Selon la source l'accord stipule que le Maroc «n'appliquera aucun autre droit ayant un effet similaire aux droits de douane sur les importations en provenance de Turquie, à l'exception de la possibilité de soumettre les importations d'origine turque, y compris les produits énumérés à l'annexe II du présent accord, à des mesures
conformément à les dispositions des articles 18 et 19 de l'accord de libre-échange entre Rabat et Istanbul. »
L'ALE, qui est entré en vigueur en 2006, a impacté sur la balance commerciale du Maroc, le pays affichant un déficit commercial de 1,9 milliard de dollars avec la Turquie. A cette période, Moulay Hafid Elalamy a admis que l'industrie textile marocaine avait gravement souffert de l'accord, avec plus de 122 000 emplois perdus dans le secteur de 2014 à 2017.
« Nous sommes intervenus il y a trois ans en tant que ministère pour introduire des taxes douanières mais il est impossible de prolonger la restriction de plus de trois ans et nous sommes arrivés en 2020 », a déclaré Elalamy au parlement. Ainsi le Maroc demande soit de réviser les termes de l'accord, soit d y mettre terme.
Certains députés marocains ont critiqué ce qu'ils ont appelé «l'Anatolie Erdoganienne», une politique économique agressive contre le marché marocain menée par le président turc Recep Tayip Erdogan.
Au début de l'année, le Maroc et la Turquie ont commencé à revoir leur accord de libre-échange mais ont suspendu les négociations en raison de la pandémie Covid-19.
Le Maroc a déjà pris des mesures pour contrer son déficit commercial avec la Turquie. Le projet de loi de finances 2020 amendé, que le gouvernement et le parlement marocains ont approuvé en juillet, prévoyait une taxe à l'importation de 36% sur les produits textiles et vestimentaires turcs. La taxe d'importation initiale était de 27%.
Mouhamet Ndiongue