Webinaire CDG : la finance verte comme levier de croissance

Webinaire CDG : la finance verte comme levier de croissance

Rares sont ceux qui auraient prédit que 2020 serait une autre année exceptionnelle pour l'investissement durable. Malgré une mauvaise passe pour Covid-19 dans de nombreux secteurs, il semble que les investisseurs aient toujours un appétit sain pour les obligations vertes et autres instruments de dette durables.

Plus de 50 milliards de dollars d'obligations vertes ont été émises dans le monde en septembre, ce qui en fait un mois record malgré l'impact économique de Covid-19, a révélé BloombergNEF.

L'organisation a publié une mini mise à jour de son analyse des obligations vertes plus tôt cette semaine, révélant que plus d'un milliard de dollars d'obligations vertes ont été émises dans le monde depuis l'ouverture du marché en 2007.

L'émission aurait pu ralentir en 2020 au milieu de la pandémie, a admis la BNEF. Mais plus de 200 milliards de dollars ont été émis entre début janvier et fin septembre, marquant une hausse de 12% par rapport à la même période de neuf mois l'année dernière.

Dans ce contexte, l’Institut CDG et CDG Capital ont organisé un webinaire : «  La finance verte, un levier pour relancer la croissance économique ? ».

Malgré le bond spectaculaire enregistré dans cette période de crise sanitaire, la finance verte nécessite la mise en place des plans de relance pour stimuler la reprise économique.

Les quatre intervenants au webinaire, Hamid Tawfiki, Directeur Général CDG Capital, Bertrand Badre, Président Directeur Général, Blue Like an Orange Sustainable Capital, Ex Directeur Général et Directeur Financier de la Banque Mondiale, Benoit Leguet, Directeur Général, I4CE et Mihoub Mezouaghi, Directeur de l’Agence Française de développement (AFD) au Maroc ainsi que le et le modérateur Aziz Boucetta (Directeur Panorapost) ont tenté de répondre plusieurs questions essentielles telles que : Où trouver les meilleures opportunités de croissance ? Faut-il continuer à viser uniquement le rendement ? Faut-il changer de paradigme et intégrer le climat dans nos évaluations et prises de décisions et autres ? Dans ce contexte, le volet économique l’emportera-t-il sur le volet climat ou sera-t-il possible de concilier les deux objectifs ? Tout cela sans omettre que la crise sanitaire a provoqué un choc sanitaire, économique et social. Les pays sont dans l’obligation d’effectuer des choix judicieux dans l’allocation des ressources qui se raréfient. Croissance verte et croissance durable sont d’actualité et les plans de relance devront être verts. Quand et comment faudra-t-il passer à l’action ?

Selon Bertrand Badre, au-delà du « schéma volontaire, il faut ouvrir le capot et commencer à faire des réglages et opérer des changement radicaux » qu’il qualifie de « finance progressiste » dont  les règles comptables, des obligations fiduciaires, les modes de rémunération, les contraintes prudentielles... Toute une série de choses qui règlent notre vie quotidienne.

Pour l’Ex Directeur Général et Directeur Financier de la Banque Mondiale, il faut « rentrer dans le dur et changer le système, aller loin plus c'est à dire changer.», mais surtout  travailler sur les principes de la finance elle même.

« C'est un exercice très difficile qui nécessite


l'effort de tous et que nous soyons cohérent avec nous même.
 », concède-t-il.

Pour Hamid Tawfiki, « c’est une finance low-carbone ou bas-carbone, une finance climat, et enfin une finance verte  qui s’occupe de tous les aspects environnementaux, non seulement l’atténuation et l’adaptation mais également les autres sujets que sont l’eau, les déchets etc. ». On retiendra également ceci du  Directeur Général CDG Capital «  dans la nouvelle économie il y a une nécessité de penser à la finance verte. De manière plus vague la gestion du risque au Maroc on a commencé avec la COP 22 par un projet de Bank Al-Maghrib qui  avait défini la feuille de route pour le verdissement du secteur financier ».

La finance verte comme la finance traditionnelle nécessite une réglementation efficace. Selon  Benoît Leguet, Directeur Général, I4CE, est ce que la réglementation peut être utilisée dans le policy-mix (mixe de politique publique) afin de favoriser la transition dans l'économie bas carbone et la question du changement climatique? Pour lui, ce qui est clair est qu'il n'y a pas une doctrine établie à ce sujet.

« La finance verte ne mobilise pas assez de flux financiers au service de la transition écologique notamment de rénovation énergétique dans les logements, de transport en commun,  dans l'agriculture, dans la mobilité propre dans les transports en commun.», constate le Directeur Général, I4CE. Mieux, on n’investit pas assez et il va falloir mobiliser de l'argent public et de l'argent privé au service de ces investissements pour un arriver mobiliser et motiver le secteur financier, propose M. Leguet.

« La régulation financière est importante. », déclare Benoît Leguet . Pour la réglementation, il propose la prise en compte des risques climatiques, qui est le logiciel des acteurs financiers, puissant, mais qui est loin d'être suffisant. Selon lui la question c'est est-ce que la régulation financière peut être utilisée pour donner les incitateurs financiers ?

« Quatre à cinq enjeux qui paraissent  clairs et qui permettent de réviser le narratif de la finance verte. Au delà du verdissement de la finance verte, il faut aller au fond dans le contexte actuel car l'économie verte et l'économie de la vie et du vivant permet une bonne appréhension de la problématique. », précise Mihoub Mezouaghi, Directeur de l’Agence Française de développement (AFD) au Maroc

Déclinant deux concepts forts, M. Mezouaghi indique que « le premier enjeu très important, c'est de pouvoir inverser les priorités en dehors du volontarisme des politiques publiques, c’est l'enjeu de la régulation qui n'est pas anxiogène, mais une question d'opportunités qui est de prendre en compte le potentiel de l'économie ». En clair, il peut être expliqué autrement, c'est à dire « l'économie verte peut avoir un impact social notamment en terme de création d'emploi ». Le dernier enjeu est lié à la question de la fiscalité surtout la convergence des standards pour franchir les barrières du marché. Cet enjeu concerne « les enjeux de relocalisation des filières de production et cela suppose un effort de bas-carbone. »

Mouhamet Ndiongue