(Billet 173) – Entre-temps, la Commission, les compétences, le remaniement...

(Billet 173) – Entre-temps, la Commission, les compétences, le remaniement...

Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?... Non. Cinq semaines se sont écoulées depuis la rentrée et nous sommes à quinze jours du discours royal d’ouverture du parlement. Mais depuis un mois et pour le mois à venir, nous n’avons de pensées que pour Hajar, ou pour rien… Dans l’intervalle, le développement, l’engouement, le recrutement et le gouvernement, c’est reporté sine die

Quand ils ont ouï l’idée du remaniement, les ministres ont immédiatement sué, puis eu très précisément deux réactions : d’abord la peur panique de ne plus y être, et ensuite, le travail ardu pour s’y maintenir. Nos braves membres du gouvernement rasent les murs, ne jouent plus aux durs, font les gentils, jurent de leur efficacité, craignant que le couperet ne raccourcisse leurs carrières. Et tous, tous laissent courir le bruit que ce ne sont que les Secrétaires d’Etat qui partiront à une vie ordinaire. En croisant les doigts et en multipliant les bonnes actions.

Et puis voilà que le PPS jette un gros Livre dans la mare, après la réunion de ses chefs qui, à l’unanimité, ont décidé que cela n’en valait plus la peine de siéger dans un gouvernement où ils se sentent assiégés. Cela libèrera les portefeuilles de la Santé et de l’Habitat, mais cela compliquera singulièrement des négociations qui piétinent péniblement. Globalement, le PPS ne s’entend plus avec le PJD, le RNI n’entend plus être l’ami de l’UC et se place en embuscade pour récupérer la Santé, l’USFP gémit et le MP toussote… et Saadeddine Elotmani, malgré son sourire éternel, aura plus de mal à...

masquer son désarroi face au roi et à brosser un riant tableau de la situation.

Tout cela se passe alors que la Commission spéciale qui devra se pencher et plancher sur un nouveau modèle de développement tarde à prendre forme. On peut supposer que la mise en place de ce nouveau modèle se fera dans la douleur, puisque les femmes, la moitié de la population, pourraient en être exclues… Quant aux compétences, on n’a encore rien vu, rien entendu.

En revanche, la société veille et surveille… passablement énervée par l’affaire Hajar Raïssouni, qui interpelle les libertés les plus élémentaires, en l’occurrence celle d’aimer. Et ce n’est pas près de s’arranger car la seule formation ayant eu le courage de s’exprimer sur cette affaire est… le PPS, qui s’en va ! Le chef du gouvernement a dit son opposition à toute réflexion sur l’avortement et le RNI n’a pas d’avis sur la question, en dehors de vagues généralités. « Les ennuis, y en a pas qu’à Rabat, y en a dans le monde entier, oui mais aujourd’hui le monde entier à les yeux sur Rabat, v’là l’ennui… », pourrait chanter Montand…

Dans cette ambiance-là, la mission de la Commission s’annonce rude… les compétences voudront-elles, ou non, y aller ? Quant au remaniement d’une équipe que rien, ou presque, ne lie ni ne soude, il naîtra dans la douleur, s’il naît un jour. Peut-être même qu’il faudrait penser à l’avorter, le plus légalement du monde, puisqu’il semble présenter de sérieuses tares avant même son arrivée dans ce monde nouveau qui l’appelle de ses vœux. Pieux.

Aziz Boucetta