La crise humanitaire en Syrie est loin d'être terminée (ONU)

La crise humanitaire en Syrie est loin d'être terminée (ONU)

Huit ans après le début du conflit armé en Syrie, la crise humanitaire est loin d'être terminée dans ce pays, a souligné, mercredi, l’organisation des Nations-Unies, qui évalue à 11,7 millions le nombre de personnes ayant besoin d'assistance humanitaire et de protection à l'intérieur de la Syrie en 2019.

« Plus de 5,6 millions de Syriens vivent en tant que réfugiés dans la région. Et tandis que la violence a diminué dans de nombreux endroits, le nombre de civils tués et blessés a augmenté ces dernières semaines », a souligné devant le Conseil de sécurité, Ramesh Rajasingham, du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA).

Selon lui, la situation à Idlib et dans les zones limitrophes situées au nord-ouest de la Syrie reste « extrêmement préoccupante ».

Et d’ajouter que l'accord sur la création d'une zone démilitarisée annoncé par la Fédération de Russie et la Turquie le 17 septembre dernier a été suivi d'une réduction de la violence dans une grande partie du nord-ouest. Cependant, au cours des dernières semaines, le nombre de victimes civiles et de nouveaux déplacements a été alarmant, avec des tirs d'obus plus nombreux sur les lignes de front, une intensification des frappes aériennes et un nombre croissant d'attaques utilisant des engins explosifs improvisés dans les zones urbaines, y compris la ville d'Idlib, a déploré le responsable humanitaire onusien. Des zones résidentielles de la ville d’Alep ont également été touchées par des tirs de mortier et de tireurs d’élite.

Au cours du seul mois dernier, a-t-il relevé, 90 personnes ont été tuées, dont près de la moitié étaient des enfants, ajoutant qu’au moins 86.000 personnes auraient également été déplacées par cette dernière flambée de violence.

Selon OCHA, des dizaines de milliers de personnes déplacées - dont la grande majorité


sont des femmes et des enfants - continuent d’arriver au camp Al Hol, dans le gouvernorat de Hassakeh, en provenance du sud-est du gouvernorat de Deir-ez-Zor.

« La plupart des nouveaux arrivants sont en très mauvaise santé, beaucoup manifestant des signes de détresse et souffrant de traumatismes, de malnutrition et de fatigue. Ils ont parcouru des centaines de kilomètres dans des camions ouverts, souvent après une longue période d'exposition à d'intenses hostilités et après des années passées dans une situation d'extrême pauvreté et de violation des droits de l'homme sous le règne de Daech », a encore déploré M. Rajasingham.

La population d’Al Hol dépasse maintenant les 72.000 personnes, soit une augmentation de plus de 25.000 personnes le mois dernier, ce qui laisse à penser que davantage de personnes pourraient encore être en route, a-t-il noté.

La situation reste extrêmement difficile, en ce sens que le taux de nouveaux arrivants dépasse de loin la capacité du site, a averti le responsable onusien. « Il est essentiel que les Etats membres continuent de soutenir les organisations humanitaires qui fournissent une assistance vitale à Al Hol », a-t-il insisté.

Pour sa part, la Secrétaire générale adjointe des Nations-Unies aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a également souligné que les besoins humanitaires sont pressants en Syrie et il faut à tout prix éviter l’escalade militaire.

« Toute escalade dans le nord-est (du pays) pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour les civils et créer des conditions favorables à la réémergence de l'Etat islamique, Daech », a dit la cheffe des affaires politiques de l’ONU, soulignant que la lutte contre le terrorisme ne peut primer sur le droit humanitaire.

Le gouvernement syrien, l’opposition et les autres parties prenantes doivent coopérer pour alléger les souffrances humaines, a dit Mme DiCarlo. Il y a urgence, a-t-elle martelé