(Billet 8) - Hirak de France : faut-il s’inquiéter de l’approche sécuritaire ?

(Billet 8) - Hirak de France : faut-il s’inquiéter de l’approche sécuritaire ?

Ils sont jeunes, vieux, entre deux âges, hommes, femmes, ouvriers ou auto-entrepreneurs, soigneurs ou chauffeurs, parfois même casseurs… Ils sont Français et considèrent qu’ils ne vivent pas au rang que devrait leur procurer la 7ème puissance économique mondiale. Alors ils sont sortis protester, contester, manifester, et ils se font copieusement tabasser, fracasser, gazer.

Puis les casseurs sont venus, et ont cassé... Ils sont en petit nombre, mais la police a chargé et frappé le plus grand nombre. Gaz lacrymos, flashballs et même passages à tabac in situ. La République pour tous, la trique aussi : En gros, « Tabassez-les tous, la République reconnaîtra les siens ».

A ce jour, 5.600 gardes à vue et plus de 1.000 condamnations, 10 morts (dont une octogénaire très dangereuse) et plus de 3.500 blessés, dont un millier de policiers. Chez les Gilets jaunes, plusieurs blessés graves (12 éborgnements, 4 mains arrachées…) et de plus en plus de tabassages. Le dernier a ainsi été justifié par le procureur de la République : « Le contexte était insurrectionnel (…), et il était impossible d’interpeller quelqu’un sans violence ; (le policier) a agi proportionnellement à la menace »… Autrement dit, « frappez comme un sourd, la République n’entend rien et la justice ne verra rien ». Douce France...

A al Hoceima,


en 2017, dans ce qu’on a abusivement appelé le Hirak du Rif, 300 personnes avaient été interpellées, dont 90 avaient été libérées, 160 jugées à des peines légères et pour une grande partie d’entre eux graciées, et 50 condamnées à Casablanca, dont Nasser Zefzafi, condamné à 20 ans pour sédition. Pour les dégâts humains, 1.270 blessés, dont 900 policiers, et un mort, civil…  Globalement, le taux de blessés au sein des forces de l'ordre, par rapport au total blessés (chiffres officiels) : 75% au Maroc, 30% en France. Mais M. Macron s’inquiétait de la situation au Rif…

En Catalogne durant quelques jours, en France depuis 60 jours et aux Etats-Unis toujours, ce ne sont que flashballs, coups de pied, de poing ou de feu… grandes manifestations, très grandes répressions et toutes petites condamnations des ONG. Amnesty amnistie ces gouvernements, Human Rights Watch watch ailleurs, et surtout pas cette cour d’école à Mantes-la-Jolie (ci-contre), avec cette peu jolie image d’élèves à genoux devant des robocops.

Allez, paraphrasons Mme Alliot-Marie… Le Maroc pourrait faire profiter la France de M. Macron de son savoir-faire pour des situations de type gilets jaunes ! Il y aurait certainement moins de blessés et de morts...

Aziz Boucetta