Le bras de fer commercial perdure, alerte du G20 pour la croissance
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- 23 juillet 2018 --
- Economie
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international et le ministre argentin du Trésor Nicolas Dujovne à leur arrivée pour la conférence de presse lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Buenos Aires, en Argentine, samedi 21 juillet 2018. (Photo)
La guerre commerciale entre grandes puissances perdure et le G20 a réaffirmé dimanche à Buenos Aires sa crainte qu'elle n'affecte la croissance mondiale et appelé au dialogue, alors que les États-Unis restent inflexibles quant à leurs surtaxes ou menaces de sanctions.
Les 20 pays les plus industrialisés de la planète ont estimé dimanche que la croissance mondiale était robuste mais menacée « à court et moyen terme (...) par l'augmentation des tensions commerciales et géopolitiques ».
Le communiqué final du G20 Finances, réuni samedi et dimanche à Buenos Aires, met également en avant « la nécessité de renforcer le dialogue et les actions pour limiter les risques et renforcer la confiance ».
Après avoir imposé des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium visant avant tout la Chine, qui ont mis le feu aux poudres, les Etats-Unis menacent de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l'Iran, tout en promettant de limiter de manière drastique leurs achats de produits chinois.
A Buenos Aires, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a ratifié cette politique controversée.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doit se rendre mercredi à Washington avec la commissaire au Commerce Cecilia Malmstrom pour des pourparlers, espérant obtenir une exemption européenne.
Europe, alliée malmenée
Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a souligné dimanche que les pays européens « voulaient occuper un statut d'allié, pas d'ennemi mais d'allié », reprenant à dessein le mot utilisé par le président Donald Trump, qui avait qualifié vendredi les Européens d' « ennemis »en critiquant leur politique monétaire et après les avoir menacés de surtaxer des produits européens.
« L'Union européenne n'est certainement pas responsable des principaux déséquilibres commerciaux. Nous cibler est certainement inapproprié », a estimé le commissaire européen, alors qu'un journaliste lui demandait si l'Europe était victime
de dégâts collatéraux dans la guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine.
« Nous essayons de construire des ponts », a-t-il assuré.
Dans le tête à tête avec Washington, la France se pose en leader d'une Europe unie sur la question commerciale et fait preuve de fermeté face à "la brutalité et la loi de la jungle" que Washington impose, a dit le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
« Nous refusons de négocier avec un pistolet sur la tempe. C'est aux États-Unis de faire un pas pour enclencher une désescalade, et arranger tout ça », a-t-il dit.
Selon une source européenne qui a requis l'anonymat, Steven Mnuchin a donné à Buenos Aires « l'impression que les Américains cherchent une voie de sortie à la guerre commerciale » voyant que la situation ne peut pas durer.
La directrice du FMI, Christine Lagarde, a estimé que la guerre commerciale qui sévit depuis quelques mois pourrait réduire la croissance mondiale de 0,5 point par an. A la fin du G20, elle a appelé à « la résolution des conflits commerciaux par le biais de l coopération internationale ».
Cavalier seul
Représentant de la première puissance mondiale, Steven Mnuchin a monopolisé l'attention. Il a appelé la Chine et l'Union européenne à faire des concessions pour parvenir à une relation commerciale plus équilibrée, après les déclarations fracassantes de Donald Trump qui a traité d'ennemis commerciaux Pékin, Bruxelles et Moscou.
Face à la Chine, les États-Unis accusent un déficit commercial de 376 milliards USD en 2017 et compte le réduire. L'administration Trump a menacé d'imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises, qui représentaient 500 milliards de dollars en 2017.
Pékin accuse Washington de vouloir déclencher « la pire guerre commerciale de l'histoire économique » et a réagi en imposant de nouvelles taxes sur des produits américains.
Les parties ont campé sur leurs positions à Buenos Aires. Face au cavalier seul des États-Unis, la plupart des autres pays se font les apôtres du multilatéralisme.
Le communiqué final fait également état d'avancées dans les travaux sur la taxation du commerce numérique et l'encadrement des crypto actifs.
Avec AFP