Maroc/UE et bilatéral, entre la raison et la courtoisie…
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- 01 mars 2016 --
- Maroc
On le sait, le torchon brûle entre Rabat et Bruxelles, depuis ce fameux arrêt de la Cour européenne de justice mettant en doute juridique, et judiciaire, l’appartenance du Sahara au Maroc. Cela fait deux mois que les choses vont de mal en pis entre les deux parties, avant cette décision spectaculaire de Rabat de geler toutes les relations avec l’Union européenne. Certaines capitales d’Europe, et non des moindres, ont fait connaître, depuis, leur position.
Il s’agit de Berlin et de Bruxelles… dans l’attente, peut-être, de Paris, où le roi se trouve actuellement… En visite au Maroc, le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Maizière a déclaré que « l'Allemagne soutiendra la position marocaine dans la procédure d'appel contre le jugement de première instance sur l'accord agricole ». Il est même probable que « l'Allemagne se porte partie prenante dans la procédure d'appel qui est actuellement lancée auprès du Tribunal européen », a précisé le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Hassad. Le soutien allemand étant ainsi franc et massif, la souveraineté du Maroc étant « respectée » par les Allemands, à défaut d’être officiellement reconnue, dans le sillage des Nations-Unies, tout le reste devient dès lors négociable.
Et, de fait, le ministre allemand a pu obtenir bien des efforts de la part du Maroc, concernant la coopération sécuritaire, sur le plan de la criminalité mais aussi du terrorisme, et également pour ce qui se rapporte à l’émigration illégale de Marocains sur le
sol allemand. En matière de sécurité, le Maroc peut effectivement, tout faire, ou presque. Thomas de Maizière a indiqué que le processus d’identification des Marocains en situation illégale en Allemagne sera effectué « sur la base des empreintes digitales, étant donné que le Maroc dispose d’une excellente base de données ».
Pour les Belges, il en va de même. Le Premier ministre du royaume Charles Michel est sous nos cieux depuis deux jours et il a profité de cette visite pour renouveler le soutien de son pays à la position marocaine dans la brouille diplomatique qui l’oppose à l’UE, affirmant la volonté de son pays pour surmonter cette situation. Et là encore, une fois cela dit et acté, le reste est devenu négociable. De même que pour les Allemands, Rabat a offert sa base de données digitale pour identifier les nationaux en situation clandestine et irrégulière en Belgique. Puis, faisant suite à la demande d’assistance formulée en novembre dernier par le roi Philippe à son homologue marocain Mohammed VI, les discussions entre Michel et Benkirane ont porté sur le volet sécuritaire.
C’’est donc ainsi que les choses se passent désormais, dans la courtoisie diplomatique et le respect de souveraineté, en échange des discussions sur les volets sécuritaires, économiques et financiers. Et autres… Selon des informations obtenues par PanoraPost auprès de responsables de la diplomatie marocaine, d’autres pays seraient en voie d’adopter les mêmes positions que Bruxelles et Berlin.
AAB