Début de polémique sur l’ampleur de l’usage de la langue amazigh au Maroc
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- 16 octobre 2015 --
- Maroc
Cette semaine, le Haut-commissaire au Plan Ahmed Lahlimi a présenté une partie des résultats du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), cru 2014. Parmi les chiffres qu’il a présentés, une statistique concernant les langues, dont il ressort que 26,7% des Marocains parlent l’amazigh. Cela a fait monter les créneaux les Imazighen qui contestent le chiffre et s’en prennent le HCP.
Entrant dans le détail, le HCP montre que ces 27% se répartissent de la manière suivante : le tachelhit, 15%, parlé dans le Souss, le tamazight, 7,6%, utilisé dans le Dra-Tafilalet et Beni Mellal-Khenifra et le tarifit, 4,1%, parlé dans l’Oriental et à Tanger-Tetouan-al Hoceima. Ces chiffres ont très fortement déplu aux populations amazighes.
Ainsi d’Ahmed Boukous, le directeur du centre royal de la culture amazigh, qui a exprimé son « étonnement » face au chiffre présenté par Ahmed Lahlimi. Boukous a expliqué son scepticisme face à la méthodologie retenue par le HCP dont le patron avait expliqué lors de sa présentation des résultats du RGPH qu’il s’était appuyé sur un échantillon de 2% des familles. Ahmed Boukous ajoute également que l’on pouvait mettre en doute la manière de certains agents recenseurs de poser leurs questions, sachant que certains évitaient les questions sur la culture et la langue amazighes.
Quant à Rachid Rkha, responsable au « Rassemblement mondial amazigh », il affirme clairement que les chiffres sont tronqués, exactement comme cela avait été le cas en 2004. A ce propos, Ahmed Boukous note un recul de 2% des usagers des langues amazigh, « alors même que la population a augmenté et que nous devrions plutôt voir une avancée dans l’utilisation de cette langue ».
Rachid Rkha ajoute que les linguistes et autres spécialistes, à l’instar d’Ahmed Boukous, estiment l’usage des trois langues amazigh à environ 60% de la population.
Les Imazighen pensent donc que ces chiffres « reflètent l’idéologie de certains dirigeants, qui privilégient volontiers l’arabe au détriment de leurs langues ».
La polémique est donc lancée, et pourrait gagner en importance et en acuité dans les jours et les semaines qui viennent.