L'OCDE dresse un tableau sombre de l'économie
Les temps sont durs pour l'économie mondiale, et ce n'est pas près de s'améliorer. Dans ses dernières perspectives économiques intermédiaires, l’Organisation internationale de coopération et de développement économiques (OCDE) dresse un tableau sombre de l’économie mondiale pour l’année prochaine, dans le sillage de la guerre en Ukraine et son impact sur la flambée des prix de l’énergie.
Ainsi, l’organisation, basée à Paris, souligne que l’économie mondiale a vu son élan freiné par les conséquences de la guerre en Ukraine, qui pèse sur la croissance et provoque un surcroît de tensions à la hausse sur l’inflation partout dans le monde.
Ces Perspectives projettent une croissance mondiale modeste de 3% cette année, avant un nouveau ralentissement à seulement 2,2 % en 2023, un rythme de croissance économique bien inférieur à ce qui était projeté avant la guerre, et qui correspond à une perte de production mondiale représentant près de 2.800 milliards de dollars en 2023.
En effet, selon l’OCDE, la guerre a eu pour effet de pousser encore à la hausse les prix de l’énergie, surtout en Europe, aggravant les tensions inflationnistes à un moment où le coût de la vie progressait déjà rapidement dans tous les pays, du fait des conséquences persistantes de la pandémie de Covid-19.
En conséquence, dans de nombreux pays, les entreprises répercutent sur les prix l’augmentation des coûts de l’énergie, du transport et du travail, au moment où l’inflation atteint des niveaux jamais observés depuis les années 80. Dans ce contexte, souligne le rapport, les banques centrales se sont vu dans l’obligation de resserrer les paramètres de leur politique monétaire plus rapidement que prévu.
Du fait du double choc d’inflation et d’approvisionnement énergétique causé par la guerre, russo-ukrainienne l’OCDE a été amenée à réviser à la baisse ses prévisions antérieures de croissance au niveau mondial, prévoyant un ralentissement de la croissance annuelle du PIB pour s’établir en 2023 aux alentours de ½ % aux États-Unis et de ¼ % dans la zone euro, avec des risques de recul plus sévère dans plusieurs économies européennes durant les mois d’hiver.
En Chine, on ne s’en sort pas mieux, selon ses perspectives, d’autant que sa croissance a été affectée et devrait selon les projections se replier à 3,2 % en 2022.
« Si l’on excepte 2020 avec la pandémie, ce sera le taux de croissance le plus faible observé dans ce pays depuis les années 70 », soulignent les prévisionnistes de l’OCDE.
Dans la plupart des pays du G20, note l’organisation, l’inflation devrait refluer progressivement pendant toute l’année 2023, à mesure que le resserrement de la politique monétaire prendra effet et que la croissance mondiale va ralentir.
Ainsi, l’inflation globale devrait s’atténuer, revenant de 8,2 % cette année à 6,6 % en 2023 dans les
économies du G20, et reculer pour passer de 6,2 % cette année à 4 % en 2023 dans les économies avancées du G20, note le communiqué.
L’OCDE souligne ainsi les « incertitudes considérables » qui entourent ces perspectives économiques, avec d’importants risques de divergence à la baisse par rapport aux projections, dont la poursuite des hausses des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, qui pourrait faire basculer nombre de personnes dans la pauvreté, ou encore l’éventualité de pénuries de gaz avec l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord.
Toujours selon les perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE, ces chocs pourraient avoir pour effet combiné de réduire la croissance de plus de 1¼ point de pourcentage dans les économies européennes en 2023 par rapport à la projection centrale retenue dans les Perspectives, et de pousser l’inflation de plus de 1½ point de pourcentage.
De nombreux pays pourraient ainsi tomber en récession sur l’ensemble de l’année 2023, et la croissance du PIB pourrait aussi en être affaiblie en 2024, prévient-on.
Parmi les autres risques majeurs, figurent l’ajustement en cours du marché immobilier chinois qui, conjugués au niveau élevé de dette des entreprises chinoises ainsi qu’à la poursuite de la politique de zéro COVID menée par le pays, pourraient provoquer un ralentissement plus sévère que prévu dans la deuxième plus grande économie du monde.
Et de poursuivre que ces risques viennent s’ajouter au coût prolongé des tensions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, ainsi qu’à l’éventualité de phénomènes de crise de la dette et de contagion financière dans de nombreuses économies émergentes ou à faible revenu.
Dans la plupart des grandes économies, un resserrement additionnel de la politique monétaire sera nécessaire pour garantir une réduction durable des tensions inflationnistes, note l’OCDE, exhortant à ce que ces mesures soient soigneusement calibrées, compte tenu des incertitudes qui entourent le rythme auquel le relèvement des taux d’intérêt produira ses effets, ainsi que les retombées de ce durcissement dans le reste du monde.
Des aides budgétaires peuvent contribuer à amortir l’impact des coûts élevés de l’énergie sur les ménages et les entreprises, estime l’organisation, notant toutefois que celles-ci devraient être concentrées sur les plus vulnérables et ne pas remettre en cause les incitations à réduire la consommation d’énergie.
« Il faut absolument éviter que les mesures budgétaires destinées à préserver les niveaux de vie exercent un effet de relance durable dans un contexte d’inflation élevée », soutient-elle.
Aux yeux des analystes de l’OCDE, gérer la crise énergétique nécessite de redoubler d’efforts pour garantir des sources d’approvisionnement diversifiées, tout en veillant à ce que tous les secteurs de l’économie soient incités à réduire leur demande. Il est aussi urgent que les pouvoirs publics accélèrent les investissements dans la sécurité énergétique et investissent dans la transition verte.