Stress hydrique : Lydec annonce met en place un plan d’actions anti-sécheresse
En raison de la situation hydrique critique au niveau de nombreux bassins hydrauliques du Royaume, le Ministère de l’Intérieur a appelé tous les distributeurs nationaux d’eau potable à la mise en place des actions nécessaires pour une gestion rationnelle des ressources en eau disponibles, afin d’assurer l’approvisionnement dans des conditions satisfaisantes.
Lydec, en tant qu’opérateur de services publics sur le Grand Casablanca, plus grande métropole du pays, a élaboré et partagé avec les autorités un plan d’actions détaillé visant à gérer la pénurie d’eau sur le périmètre de la Gestion Déléguée. Un dispositif de sensibilisation est lancé pour inciter les clients toutes catégories confondues à rationaliser leurs consommations en eau.
Pour rappel, depuis le démarrage de ses activités en 1997, Lydec veille à la sécurisation de l’alimentation en eau potable et à la gestion durable de la ressource en eau.
D’où vient l’eau que nous consommons ?
L’eau distribuée par Lydec dans le Grand Casablanca provient de deux sources principales (eaux superficielles) :
- Le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah sur Oued Bouregreg (107 millions de m3 en 2021) ;
- Les barrages Daourat et Sidi Saïd Maâchou situés sur Oued Oum Er-Rbia (109 millions de m3 en 2021).
Un apport minoritaire (< 1%) est effectué depuis deux zones de captage à Tit Mellil et Sidi Moussa Ben Ali (2 millions de m3 en 2021).
L’eau retenue dans les barrages passe par des usines de traitement afin de devenir potable. Ce processus comporte plusieurs étapes (dégrillage, décantation, filtration et désinfection) assurées par les producteurs d’eau potable, l’ONEE et la Société des Eaux de l’Oum Er Rbia (SEOER). L’eau potable est ensuite transportée et stockée dans les réservoirs de Lydec, puis contrôlée à nouveau, avant d'être distribuée aux habitants.
L’eau délivrée par Lydec est conforme aux normes en vigueur NM 03.7.001 et NM 03.7.002.
La conformité de la qualité de l’eau à l’entrée et à la sortie des réservoirs est rigoureusement contrôlée, 24h/24 et 7j/7, à partir du Centre de Veille et de Conduite Centralisée de Lydec, depuis son arrivée dans les réservoirs, sur le réseau de distribution et jusqu’à son acheminement aux habitants. Aussi, chaque jour, des échantillons d’eau sont analysés par le laboratoire de Lydec, Labelma, à travers 184 points de prélèvement répartis sur tout le Grand Casablanca. Les principaux paramètres (bactériologiques et physico-chimiques) sont analysés et les résultats sont publiés par zone d’habitation, dans les agences clientèle, les espaces services et le site web www.lydec.ma.
En 2021, Lydec a distribué plus de 219 millions de m3 d’eau potable. La consommation journalière dans le Grand Casablanca est située entre 500.000 et 730.000 m3 et montre des écarts entre les moyennes mensuelles. Les débits de pointe et les besoins mensuels en eau sont particulièrement élevés entre les mois d’avril et d’octobre. Le débit de pointe, constaté en 2021, est de 714.162 m3/j et coïncide souvent avec le jour d’Aïd Al-Adha.
Un plan d’actions selon 3 seuils de surveillance
Dans le cadre de la mobilisation nationale justifiée par la situation exceptionnelle de sécheresse que vit le Maroc, Lydec a élaboré et partagé avec les autorités du Grand Casablanca un plan d’actions détaillé visant à gérer au mieux les situations de déficit des ressources en eau, dans le périmètre de la Gestion Déléguée, liées notamment à l’insuffisance des précipitations. Il comporte :
- Un rappel sur les besoins et les ressources en eau disponibles ;
- Un dispositif de gestion de la pénurie d’eau définissant et détaillant le mode d’organisation de Lydec selon trois seuils de surveillance (vigilance, alerte et crise), les consignes de gestion des réserves en eau durant la saison estivale, le plan de réajustement des consignes de pression et des débits, la réduction des pertes en eau, les solutions alternatives d’approvisionnement en eau et l’augmentation des ressources en eau non conventionnelles.
Lydec est actuellement en mode vigilance ;
Un dispositif de communication et de sensibilisation à la préservation de la ressource visant les différentes parties prenantes (campagnes sur les réseaux sociaux, affichage dans les agences clientèle, messages dans les factures, distribution de flyers, rencontres de sensibilisation au profit des associations de quartiers et des établissements scolaires...).
La réduction des pertes en eau à travers la détection et la réparation des fuites Lydec se mobilise en permanence pour optimiser le rendement et la performance de son réseau de distribution d’eau potable. L’entreprise agit notamment sur la limitation des fuites d’eau en s’appuyant sur l’augmentation de la capacité de recherche des fuites à travers le renforcement des équipes dédiées à cette opération et du parc des détecteurs acoustiques fixes des fuites (2.200 détecteurs), et sur des techniques et technologies innovantes : modulation de pression, détections de fuite par gaz traceur, par imagerie satellite ou par des capteurs immergés intelligents.
Ainsi, en 2021, Lydec a « écouté » environ 18.000 km de réseaux lors des opérations d’inspections nocturnes. Les équipes de Lydec ont détecté et réparé près de 16.700 fuites d’eau au niveau des conduites, des branchements et des postes de comptage, économisant ainsi plus de 10 millions de m3 d’eau potable l’année dernière et plus de 74 millions de m3 d’eau par rapport à 1997, soit le volume annuel nécessaire à plus de 1,2 million d’habitants.
Les autres actions menées concernent :
- Le renouvellement du patrimoine et en particulier les réseaux dégradés en fonte grise ;
- La maintenance et l’exploitation rigoureuse de la sectorisation périodique existante à travers la vérification de l’étanchéité des secteurs hydrauliques et la mesure des pertes sur des mailles de 8 km de réseaux ;
- L’optimisation en continu des consignes de pression au niveau de tous les étages.
Par ailleurs, la détection des pertes dues au sous-comptage et aux fraudes, grâce à des méthodes innovantes basées sur des calculs sectoriels de rendement et sur des modèles statistiques et de ciblage géographique, permettent de limiter le gaspillage de l’eau. Grâce aux
campagnes de détection des fraudes et de changement des compteurs bloqués, menées en 2021, Lydec a économisé 1,8 million de m3 d’eau.
La sécurisation de l’alimentation en eau potable du Grand Casablanca
La situation hydrique au niveau du bassin de l’Oum Er-Rbia est très critique compte tenu du faible taux de remplissage des barrages, notamment le barrage Al Massira (6,5%, selon les derniers chiffres de la Direction générale de l’eau relevant du ministère de l’Équipement). Afin d’éviter de compromettre l’approvisionnement en eau potable de la zone Sud desservie par ce bassin (Marrakech et sa région), en 2020, Lydec a signé une convention de partenariat pour le financement et la réalisation du projet de renforcement de l’alimentation en eau potable du Grand Casablanca via les adductions Bouregreg, en substitution d’une partie des eaux en provenance de l’Oum Er Rbia.
Dans le cadre de ce projet, financé intégralement par l’Etat, Lydec s’est engagée à réaliser une station de pompage d’une capacité de 1.000 litres/seconde et une conduite de refoulement entre le site «Médiouna 140» et «Merchich 240». L’objectif est de sécuriser l’alimentation en eau potable de la zone Sud du périmètre de la Gestion Déléguée qui connaît une expansion urbaine très importante (communes de Bouskoura, Ouled Saleh, Médiouna, El Mejjatia Ouled Taleb, Lahraouiyine...).
La première phase de ce projet important vise à réduire la dépendance de l’alimentation en eau potable du Grand Casablanca vis-à-vis du bassin de l’Oum Er-Rbia, très fortement sollicité et qui connaît un déficit hydrique récurrent, devenu structurel. Les travaux consistent à transférer l’eau potable à partir des installations existantes de l’Office National de l'Électricité et de l'Eau potable (ONEE) vers les réservoirs de stockage d’eau gérés par Lydec et alimentant la zone Sud de Casablanca. Ils se déroulent aujourd’hui en deux tranches : une confiée à l’ONEE et une autre menée par Lydec. Les travaux de Lydec, dont le coût s’élève à 133 millions de DH TTC, sont en cours de finalisation et la mise en service est prévue dans les prochains jours.
La réutilisation des eaux usées dans l’arrosage des espaces verts
La réutilisation des eaux, dans les process au niveau des ouvrages d’épuration ainsi que pour l’arrosage des espaces verts, est l’un des leviers d’adaptation au changement climatique dans un contexte de stress hydrique.
Pour anticiper les enjeux à venir, Lydec a aménagé en 2017 un espace expérimental de réutilisation des eaux usées traitées à la Station d’épuration des eaux usées (STEP) de Médiouna. En 2013, l’entreprise a mis en service cette station dimensionnée pour 40.000 équivalents habitants extensibles à 80 000. Il s’agit de la première STEP d’Afrique du Nord à utiliser un processus combinant le procédé des boues activées et la technologie membranaire. L’ouvrage est certifié selon la norme ISO 14001 et est performant puisqu’il atteint une qualité d’épuration qui permet la réutilisation des eaux à des fins d’irrigation agricole.
Pour démontrer la pertinence et l’intérêt de la réutilisation des eaux épurées dans l’agriculture urbaine et biologique, la Fondation Lydec a créé, en partenariat avec une association d’universitaires, l’ARADD (Association Recherche-Action pour le Développement Durable), un jardin expérimental d’agriculture urbaine de 1.600 m2, sur le site de la station, regroupant plus de 80 espèces végétales. Les eaux usées traitées par la STEP sont utilisées pour leur arrosage et les boues déshydratées sont utilisées comme fertilisants. L’espace est aussi un lieu de sensibilisation ouvert à l’ensemble des parties prenantes (élèves et étudiants, riverains, associations, agriculteurs, élus...) en faveur de la protection de l’environnement et du développement de l’économie circulaire. Il est intégré dans la Cartographie de l’action de l’Association Internationale Climate. Il s’agit d’un outil de diffusion de projets menés dans le monde entier par des acteurs non-étatiques engagés dans la lutte contre le changement climatique.
Un projet est aujourd’hui en cours de concrétisation entre Lydec et la commune de Médiouna consistant à utiliser les eaux épurées de la STEP (environ 500 m3/j sur les 3.500 m3 produits par la station) dans l’arrosage de tous les espaces verts de Médiouna.
La sensibilisation à l’économie de la ressource
Lydec mène régulièrement des campagnes de sensibilisation à la maîtrise des consommations et incite ses clients à adopter des éco-gestes au quotidien. Des actions sont également menées par les Directions Préfectorales de Lydec au profit des associations de quartiers dont des rencontres de sensibilisation et des visites de chantiers.
Dans le cadre de la mobilisation nationale, Lydec et sa Fondation déploient un dispositif de sensibilisation avec ses partenaires dont l'Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable (AMCDD) et l'Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre (AESVT).
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau (célébrée le 22 mars de chaque année), la Fondation Lydec organise, entre autres, la Semaine Eau 2022, du 19 au 26 mars, en partenariat avec l’AESVT.
Agir en faveur de la gestion durable des ressources naturelles, de la biodiversité, et du climat fait, en effet, partie des 3 engagements de la Feuille de route Développement Durable 2030 de Lydec. Une feuille de route qui tient compte des objectifs des visions territoriales (Plan d’actions communal de Casablanca, Plan de Développement du Grand-Casablanca, etc.) et des référentiels nationaux et internationaux dont la Stratégie Nationale de Développement Durable.
Par ailleurs, Lydec a mis à la disposition des autorités ses moyens d’études au service d’un programme ambitieux de réutilisation des eaux usées traitées par les stations d’épuration pour l’arrosage des espaces verts de Casablanca y compris ses golfs. Il s’agit notamment des parcs situés au niveau de la promenade maritime de la mosquée Hassan II, du parc de la Ligue Arabe, du parc de l’AUDA, des espaces végétalisés de l’autoroute urbaine de Casablanca, des golfs d’Anfa et de Mohammedia et des terrains de football. Ces projets sont en cours de définition des montages financiers nécessaires à leur mise en œuvre.