Transport et Électricité, des secteurs clés pour la décarbonisation

Transport et Électricité, des secteurs clés pour la décarbonisation

Le Transport, la production d’Electricité et le résidentiel sont les trois secteurs clés pour la décarbonisation du mix énergétique du Maroc, estime une étude réalisée par le Policy Center for the New South (PCNS) et Enel Green Power Maroc.

Ces secteurs sont “essentiels à la décarbonisation de la consommation d’énergie du Maroc grâce à un changement approprié de technologies, à l’efficacité énergétique, à l’électrification des utilisations finales et à l’élimination progressive des sources d’énergie polluantes”, indique le PCNS et Enel Green Power Maroc dans un Policy brief intitulé “La trajectoire de décarbonisation du Maroc – 2ème partie: scénarios de décarbonisation actualisés”.

Cette étude a mis en avant trois scénarios afin d’évaluer les options potentielles à adopter en matière de décarbonisation, à savoir, le scénario “Cours normal des affaires” (CNA) qui décrit le système énergétique qui sera probablement mis en œuvre, au cours des décennies à venir, si les options stratégiques actuelles et les composantes de la gouvernance, de l’offre et de la demande en énergie sont maintenus.

Le scénario “Ambition accélérée” (AA) comprend des mesures-clés qui influent fortement sur la demande, comme l’efficacité énergétique, la réforme progressive de la subvention du gaz de pétrole liquéfié (GPL), la mobilité propre et électrique et un recours accru au dessalement, alors que le scénario “Développement vert” (DV) exploite tous les leviers de décarbonisation possibles.

L’étude a rappelé la contribution déterminée au niveau national (CDN) soumise par le Maroc à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de sa ratification de l’Accord de Paris en 2016.

Le Royaume s’est engagé à atteindre l’objectif inconditionnel d’une réduction de 17 % de ses émissions de gaz à effet de serre, en comptabilisant les activités de l’agriculture, de la forêt et autres utilisations des terres (AFAT) (13% sans l’AFAT), d’ici 2030, par rapport au scénario CNA, et l’objectif conditionnel d’une réduction de 42 % de ses émissions de GES, y compris l’AFAT (34 % sans l’AFAT).

Les deux scénarios de décarbonisation “Ambition accélérée” et “Développement vert” atteignent des objectifs de décarbonisation plus élevés que la politique actuelle, relève l’étude.

“Si l’on exclut les activités de l’agriculture, de la forêt et autres utilisations des terres (AFAT), en 2030, les émissions de gaz à effet de serre diminueront de 25 %, selon le scénario ‘Ambition accélérée’, dépassant ainsi l’objectif conditionnel de la CDN, mais n’atteignant pas son objectif inconditionnel”, a fait valoir la même source.

Le scénario “Développement vert” va au-delà des objectifs conditionnels et inconditionnels de la CDN et permet de réduire les émissions de GES de...

40%. À l’horizon 2050, dans le cadre des scénarios “Ambition accélérée” et “Développement vert”, les émissions de GES seront réduites de 56% et 74%, respectivement, par rapport au scénario CNA.

Les objectifs de décarbonisation selon les scénarios “Ambition accélérée” et “Développement vert” seraient atteints principalement grâce à une électrification poussée des secteurs finaux et à une pénétration accrue des sources d’énergie renouvelables (SER) dans le mix de production d’électricité, y compris l’hydrogène vert.

À l’horizon 2050, la consommation totale d’énergie du Maroc atteindra 54 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) dans le scénario CNA, contre 39 Mtep dans le scénario “Ambition accélérée” et 32 Mtep dans le scénario” Développement vert”.

Les économies de consommation d’énergie, dans les deux scénarios de décarbonisation, sont obtenues grâce à une réduction de l’intensité énergétique, notamment dans les secteurs industriel et tertiaire, et à une électrification accrue des secteurs des transports, du résidentiel et de l’agriculture.

Sur le plan sectoriel, le transport représente à lui seul 55 % des émissions totales de GES liées à l’énergie en 2050 dans le scénario CNA, soit 89 millions de tonnes “équivalent CO2 (Mt éqCO2), précisent le PCNS et Enel Green Power, notant que les émissions de ce secteur peuvent être réduites à 31 Mt éqCO2 et 15 Mt éqCO2 d’ici 2050 dans les scénarios AA et DV respectivement, notamment grâce à une électrification accrue des utilisations finales dans ce secteur.

La production d’électricité est la deuxième source d’émissions de GES liées à l’énergie dans le scénario CNA, représentant 18% du total des émissions de GES liées à l’énergie en 2050, soit 30 Mt éqCO2.

Grâce à une plus grande pénétration des énergies renouvelables dans le mix électrique, les émissions de ce secteur peuvent être réduites à 10 Mt éqCO2 en 2050 dans le scénario AA et à 7 Mt éqCO2 dans le scénario DV.

L’électrification accrue et la réduction de l’intensité énergétique dans les secteurs du résidentiel et du tertiaire, troisième source d’émissions de GES liées à l’énergie dans le scénario CNA, pourraient permettre de réduire les émissions de ce secteur à 11 Mt éqCO2 en 2050 dans le scénario AA et à 2 Mt éqCO2 dans le scénario DV, contre 24Mt éqCO2 dans le scénario CNA.

Cette deuxième note de la série “Trajectoire de décarbonisation du Maroc” met en exergue le chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre des objectifs conséquents de réduction des émissions de GES.

Cette étude a été réalisée en 2020, avant la publication, en juin 2021, de la nouvelle contribution déterminée au niveau national du Maroc.