Covid-19 : La série de mesures de la DGAPR pour prémunir les prisons (Rapport)
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- 11 mai 2021 - 10:30 --
- Maroc
En cette conjoncture sanitaire exceptionnelle que vit le Maroc et qui a impacté la gestion de la chose pénitentiaire, la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a pris une série de mesures à l’effet de prémunir les prisons et d’enrayer la propagation du coronavirus.
Dans son rapport 2020, la DGAPR a indiqué avoir élaboré très tôt un plan proactif qui a couvert les différents niveaux humains, financiers, logistiques, sanitaires, sécuritaires et de qualification, dans le but de protéger ses établissements.
Ce plan s’est décliné en deux phases, chacune d’elles avec un train de mesures préventives, et a permis d’annoncer, le 12 juin 2020, qu’aucun cas de contamination n’avait été enregistré dans les pénitenciers.
Pour atténuer l’impact de la pandémie sur les fonctionnaires et les pensionnaires des établissements, la Délégation générale a lancé la plateforme électronique “PSY – DGAPR” destinée à l’accompagnement psychologique à distance, de même qu’une série de recherches psychologiques et universitaires ont été élaborées, selon le rapport.
La Délégation a également pris des dispositions sécuritaires exceptionnelles pour lutter contre la covid-19, en harmonie avec l’approche sécuritaire proactive qu’elle a fait sienne pour faire face aux différents dangers menaçant les prisons et gérer les crises de sorte à intervenir avec la célérité et l’efficacité nécessaires à la préservation de la sécurité des détenus et des fonctionnaires sur un même pied d’égalité.
Début 2020, la DGAPR a organisé le premier Forum africain des administrations pénitentiaires et de réinsertion, sous le thème “vers une vision commune pour renforcer la coopération sud-sud et confronter les défis et contraintes de la gestion des établissements pénitentiaires”.
Cet événement a été sous-tendu par trois objectifs cardinaux : exposer l’expérience marocaine dans la gestion des affaires pénitentiaires sur les plans de la sécurité et de la réinsertion, unifier la gestion des défis sécuritaires communs aux pays africains et, enfin, promouvoir la modernisation de la gouvernance pénitentiaire à l’échelle continentale.
En février 2020, la Délégation a organisé un colloque autour du thème “L’application de la recherche scientifique dans la gestion des établissements pénitentiaires”, rappelle le rapport, ajoutant que la DGPAR a pris part, du 06 au 16 février 2020, au Salon international de l’édition et du livre.
Le 04 mars 2020, une réunion a eu lieu pour lancer les préparatifs du “débat consensuel” sur le thème “L’inclusion sociale des détenus au Maroc” et une journée d’étude a été initiée sur le thème “Regards croisés sur la gestion du parcours de détention”, qui a bénéficié à 43 des cadres et fonctionnaires de la Délégation générale.
La DGPAR a aussi oeuvré pour assurer le télé-enseignement au profit des étudiants pensionnaires des établissements pénitentiaires à travers l’ouverture, au niveau de la prison locale Salé 2, d’un studio d’enseignement à distance, outre l’Organisation de la 3e édition de la Rencontre estivale des mineurs, du 16 juillet au 10 septembre 2020 sous le thème “Engagement, prévention, innovation”, selon une démarche respectant les mesures préventives de lutte contre la pandémie.
En 2020, souligne le rapport, la Délégation générale a publié trois numéros de sa revue “Les cahiers du prisonnier”. Au total, 26 détenus ont contribué au 2ème numéro avec des articles scientifiques, nouvelles, poèmes et textes lyriques alors que le 3ème numéro a été consacré aux créations des détenus partant de leur perception de la covid-19 et des angoisses psychologiques et économiques qui en découlent. La 4ème édition de la revue a, elle, été dédié au nouveau modèle de développement du Maroc.
Concernant les programmes de qualification pour la réinsertion, ils ont été momentanément suspendus sous le coup du coronavirus. La DGAPR les a, dès l’allègement des mesures préventives anti-covid, relancés et poursuivis.
La Délégation a également porté le nombre des Centres d’examens régionaux et nationaux de 15 lors de l’année scolaire 2018/2019 à 48 centres au titre de la saison 2019/2020, avec la mobilisation de tous les moyens disponibles pour permettre aux pensionnaires de passer les épreuves dans des conditions garantissant leur sécurité.
S’agissant du programme d’alphabétisation, le nombre des enregistrés au titre de l’année scolaire 2019/2020 a atteint 7767, dont 106 bénéficiaires ont reçu une formation dans le cadre du programme de sensibilisation par les formateurs-pairs qui ont, à leur tour, assuré l’encadrement de 1481 détenus analphabètes. En outre, 1043 autres détenus ont bénéficié du programme d’alphabétisation fonctionnelle.
Pour dénicher les talents artistiques des détenus et les encourager à innover, un concours du meilleur produit de terroir a été organisé avec la participation de 57 détenus et détenues qui ont proposé 83 oeuvres, dont 15 ont été distinguées.
Aussi, la DGAPR a poursuivi ses efforts visant à faire connaitre et à commercialiser les produits et créations des prisonniers, en réservant un stand au Marché solidaire de Casablanca, en sus de la participation de la Délégation générale à la 6ème Semaine nationale de l’artisanat, tenue du 12 au 26 Janvier 2020 à Marrakech.
Quant aux activités parallèles, qui préparent les détenus à la période post-carcérale, la Délégation générale a veillé à garantir la continuité du programme “Rencontre estivale des mineurs”, désormais une tradition depuis 2018 et qui représente une occasion pour contenir l’impact psychologique du contexte pandémique sur les détenus, notamment dans le sillage de la suspension provisoire des programmes pédagogiques qualificatifs.
Le programme a bénéficié à 4858 détenus mineurs, dont 106 mineures, dans 25 établissements pénitentiaires, contre 3236 bénéficiaires en 2019, soit une hausse de 50 pc.
La DGAPR a également poursuivi les activités de prédication et de mémorisation du Saint-Coran, en partenariat avec le ministère des Habous et des Affaires islamiques, qui ont bénéficié à 24.590 jusqu’à début 2020, au moment où 4.125 prisonniers ont pris part à divers concours religieux.
Pour ce qui est du programme Mousalaha (réconciliation) conçu par la DGAPR au profit des détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme, l’année 2020 a connu l’organisation de la 6ème édition à laquelle ont pris part 32 détenus, dont 14 ont bénéficié de la grâce Royale.
La Délégation générale a poursuivi le renforcement de la sécurité de ses structures pénitentiaires et des équipements de sécurité requis, en plus de la réalisation d’une évaluation sur l’interdiction définitive de faire entrer le panier d’approvisionnement dans les établissements pénitentiaires, ainsi que l’élaboration d’un guide sur les prisonniers dangereux.
Ce renforcement s’est matérialisé en 2020
par l’inauguration de 3 prisons locales à Berkane, Laarache et Oujda avec une capacité d’accueil globale de 4400 lits et par la fermeture de trois prisons (deux vieilles prisons de Berkane et d’Oujda et la prison locale de Ksar El Kébir). La délégation a mis également l’accent sur le renforcement de la qualité de l’alimentation et sur l’amélioration du niveau de la propreté.
Pour moraliser l’espace de détention et diffuser la culture des Droits de l’Homme parmi le personnel, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion a lancé un programme de formation en matière des droits de l’Homme et de prévention contre la torture portant sur 13 sessions au profit de 85 fonctionnaires. Ce programme a été reporté à 2021 et sera généralisé sur l’ensemble du personnel de surveillance et de sécurité et les responsables des établissements pénitentiaires.
La délégation a aussi poursuivi la gestion des réclamations et doléances via les canaux créés pour renforcer le droit des détenus et usagers et formuler leurs doléances. La délégation a reçu 3970 réclamations dont 1516 destinées à la délégation et entrant dans le domaine de sa compétence. Sur 1516 doléances, 1477 émanent des prisonniers et 39 des usages.
S’agissant de la prise en charge sanitaire au sein des établissements pénitentiaires, l’année 2020 a été marquée par la création de nouvelles unités médicales et la réhabilitation des anciennes, ainsi que par le renforcement des équipements et matériels médicaux et l’acquisition d’autres ambulances.
De même, la délégation a augmenté le nombre des cadres médicaux et paramédicaux à travers le recrutement de 12 médecins généralistes, 5 chirurgiens-dentistes et 41 infirmiers, outre le recours à 19 médecins volontaires pour améliorer la couverture médicale des établissements pénitentiaires ne disposant pas d’un médecin permanent.
La délégation a souligné, dans ce sens, que le niveau d’encadrement médical a connu une amélioration tangible vu qu’il est passé dans le domaine de la médecine générale d’un médecin pour 899 détenus en 2019 à un médecin pour 825 détenus. La même tendance a été constatée en matière de médecine dentaire où le nombre a atteint un médecin pour 1118 détenus en 2020 contre un médecin pour 1167 détenus en 2019.
De même, le taux des détenus ayant bénéficié d’une couverture médicale permanente en matière de médecine générale et dentaire a atteint respectivement 86pc et 89 pc en 2020.
Eu égard à la situation exceptionnelle dictée par la pandémie de coronavirus et dans le souci de réunir les conditions de prévention requises pour la population carcérale, la délégation générale a œuvré à la création d’une unité centrale de veille, outre l’adoption d’une panoplie de mesures pour la gestion de la pandémie au sein des établissements pénitentiaires.
A cet égard, elle a procédé au confinement de 86074 détenus qui venaient d’être placés au sein des établissements et effectué 1205036 tests covid-19, outre des services de sensibilisation au profit de 268434 détenus et 42849 employés.
La délégation a réalisé également 1740 suivis psychologiques et 10583 analyses biologiques au sein des établissements pénitentiaires
Dans le souci de valoriser les ressources humaines et renforcer la gouvernance, la délégation a recruté 303 nouveaux fonctionnaires et organisé nombre de sessions de formation continue au profit de 1668 fonctionnaires durant les trois premiers mois de l’année 2020, outre des sessions de formation à distance au profit de 163 fonctionnaires.
La délégation a poursuivi le cycle du Master spécialisé “L’Etablissement pénitentiaire : prévention et réinsertion” pour la 3è promotion qui comprend 20 fonctionnaires, ainsi que l’inscription de la 4è promotion qui comprend 25 fonctionnaires au titre de l’année universitaire 2020/2021.
La délégation générale a pris nombre de mesures incitatives au profit des fonctionnaires. Elles se sont traduites essentiellement par une bonification d’ancienneté de 18 mois au profit de 5668 fonctionnaires, en plus 445 fonctionnaires qui ont bénéficié du mouvement de mutation.
Dans le cadre des mesures annoncées par la délégation générale pour lutter contre le coronavirus, il a été procédé à l’adoption du confinement général de 8860 fonctionnaires dont 691 au sein des établissements pénitentiaires, répartis sur deux groupes avec la mobilisation de 120 fonctionnaires au sein des établissements pénitentiaires qui étaient logés dans le centre national de formation professionnelle de Tiflet pour qu’ils soient prêts pour toute intervention en cas d’urgence.
Le rapport indique que des fonctionnaires ont été chargés au niveau de chaque établissement pénitentiaire de fournir l’aide sociale aux familles des détenus confinés. De même, il a été mis à la disposition du personnel la plateforme Covid-19-DGAPR-PSY pour avoir tout renseignement ou orientation afin de transcender certains effets psychologiques liés à la conjoncture exceptionnelle.
La délégation a accordé un intérêt particulier au développement de l’administration digitale, en procédant à l’informatisation de la gestion des heures supplémentaires et les vacations de nuit des fonctionnaires des établissements pénitentiaires, outre la gestion du transport des fonctionnaires de l’administration centrale, des directions régionales et des établissements pénitentiaires.
La DGAPR a adopté aussi le système d’authentification biométrique des détenus dans 20 établissements pénitentiaires, outre la plateforme électronique +Ziyara+ pour gérer les visites dans 6 établissements.
Le 06 février, une convention de partenariat a été signée entre la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion et le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration pour la mise en place d’une plateforme électronique réservée aux familles de détenus pour leur permettre de suivre les programmes et les services destinés aux familles des détenus et découvrir les créations et productions au sein du milieu carcéral, outre une batterie de mesures prises par la Délégation générale pour renforcer le réseau informatique et la sécurité des systèmes d’information.
En matière de documentation et de préservation de la mémoire, les éditions des établissements pénitentiaires ont été enrichies par un nouveau livre intitulé “Dignité au milieu carcéral : Qualification pour la réinsertion”. De même, qu’il a été procédé à la création d’un musée des prisons et l’amélioration de la communication avec le monde extérieur en s’ouvrant sur les médias et en interagissant avec les mécanismes de contrôle pour donner des données sur l’administration pénitentiaire et la réinsertion.
La délégation générale a aussi contribué aux travaux de la Commission spéciale sur le modèle de développement en élaborant un document intitulé “La question pénitentiaire et la prison de demain”.