MENA: Hausse de la dette publique de 45 % en 2019 à 58 % en 2022

MENA: Hausse de la dette publique de 45 % en 2019 à 58 % en 2022

La pandémie de Covid-19 et l’effondrement des prix du pétrole ont des répercussions sur tous les aspects des économies de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Selon les prévisions, de la Banque mondiale (BM), les économies de la région devraient se contracter de 5,2 % en 2020, ce qui est inférieur de 4,1 points de pourcentage aux prévisions d’avril 2020 et de 7,8 points de pourcentage à celles d’octobre 2019. Cette révision à la baisse des prévisions laisse entrevoir une vision de plus en plus pessimiste de la situation de l’économie régionale, qui ne devrait se redresser qu’en partie en 2021, a fait savoir la BM dans un rapport intitulé « Commercer ensemble : vers une relance de l’intégration de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’ère post-COVID »

Dans le rapport la BM souligne que les perspectives du compte courant et des soldes budgétaires de la région MENA se sont également fortement détériorées. Poussés à la fois par la diminution des recettes d’exportation pétrolière, la chute d’autres recettes budgétaires et l'augmentation considérable des dépenses budgétaires requises pour répondre à la crise sanitaire, le compte courant et les soldes budgétaires de la région devraient s’établir respectivement à -4,8 % et -10,1 % du PIB en 2020, ce qui est bien pire que ce qui avait été prévu en octobre 2019. La dette publique devrait augmenter considérablement dans quelques années, passant d’environ 45 % du PIB en 2019 à 58 % en 2022.

Pour faire face à la pandémie de Covid-19, la BM estime que la première priorité devrait consister à s'attaquer à la crise sanitaire tout en s'employant à préserver les capacités de consommation et de production. Lorsque cela est financièrement viable, les pays devraient reporter tout projet d’assainissement budgétaire jusqu’à ce que leur reprise soit bien engagée, proposent les économistes de l’institution financière. Le fait de réaffecter les dépenses à la gestion des effets immédiats


de la crise et de rendre ces dépenses plus efficaces, par exemple en prenant des initiatives destinées à réduire les fuites afin de s’assurer que l’aide mobilisée parvienne effectivement aux bénéficiaires visés, peut aider à dégager une certaine marge de manoeuvre budgétaire. À moyen terme, la BM estime qu’il faudra impérativement stimuler la productivité pour rétablir la croissance et stabiliser la dette. Cela passe notamment par la poursuite de réformes institutionnelles de nature à redéfinir le rôle de l’État, promouvoir une concurrence loyale, accélérer l’adoption de technologies numériques et favoriser l’intégration régionale qui est l'objet du présent rapport.

MENA face à un double choc

Les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) sont confrontés à la fois à la pandémie de Covid-19 et à l’effondrement des prix du pétrole. Les économies des pays de la région MENA ont été durement touchées par le double choc. En effet, on estime que les volumes commerciaux ont fortement chuté. Les données préliminaires d’avril publiées par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement semblent indiquer une baisse d’environ 40 % du commerce dans la région. Le ralentissement devrait s’accélérer dans des secteurs dotés de chaînes de valeur solides, en particulier l’électronique et les produits automobiles.

Relancer l’intégration commerciale dans la région à l’ère post-Covid-19

L’ouverture des échanges peut être déterminante pour assurer la participation de tous. Toutefois, pour promouvoir une croissance qui profite à tous les segments de la société, des réformes commerciales doivent être menées parallèlement à d’autres réformes des politiques publiques. Autrement, certaines mesures économiques et sociales pourraient effacer les avantages découlant de la libéralisation du commerce. On sait que la libéralisation des échanges peut contribuer diversement à la réalisation d’une croissance partagée, mais cette contribution ne saurait être appréhendée sans tenir compte de son incidence sur l’ensemble des facteurs de production, ceux à qui elle profite et ceux à qui elle nuit.

Mouhamet Ndiongue