Relance économique ou comment juguler le raccommodage
Reprise ou relance économique, le Maroc comme tous les pays du monde concoctent un plan de relance économique suite à l’arrêt total des machines économique du monde, causé par la pandémie du coronavirus.
Si pour certains pays, la stratégie de la relance économique est claire et inclusive à tous les secteurs, il ne demeure pas moins que les questions d’aide et d’appui aux entreprises restent diversement appréciées.
Lors de la rentrée économique, le président de la CGEM Chakib Alj avait souligné que « les choses vont bon train quant à la relance économique », avant de préciser que « les choses sont en train de se déployer par rapport aux fonds d’investissement.
Pourtant, il y a quelques jours, le chef du gouvernement du prévoyait une croissance économique de 5,4% pour 2021, qui d'une certaine manière récupérerait la chute à laquelle apparaît le Maroc en 2020, avec une prévision -5%. Le chef de, l'exécutif, expliquait que cette prévision de croissance de 5,4% pour l'année prochaine repose sur trois priorités: l'application du Plan national de relance économique, la généralisation de la couverture sociale et la mise en œuvre de l'exemplarité de l'État.
Cette conjecture prend en compte la situation nationale et internationale marquée par les répercussions de la crise du coronavirus, explique la note adressée à plusieurs départements ministériels.
Il faut également noter que l'élaboration du projet de loi de finances 2021 se déroule dans un contexte national et international exceptionnel caractérisé par la propagation du coronavirus et ses graves répercussions sanitaires, économiques et sociales à travers le monde.
Lors de la séance mensuelle des questions orales relatives aux politiques publiques à la Chambre des représentants, le chef du gouvernement avait déclaré que le PLF 2021 a pour objectif de juguler l'austérité et la relance dans une approche de changement de dogme dans la gestion budgétaire.
Pour Mohamed Lahyani, Expert-comptable & Commissaire au cabinet Audit & Analyse « Généralement, quand on cite austérité on comprend restriction budgétaire, or, la commande publique est un moteur essentiel de la relance économique. Beaucoup d’entreprises marocaines ont un mono-client qui est l’Etat ». Pour l’expert-comptable, « baisser cette commande conduira inévitablement au dépôt de bilan de plusieurs entreprises privées qui générera des pertes d’emploi et des recettes fiscales et sociales de ces mêmes entreprises. »
Selon les institutions d’analyse économique, l'économie mondiale devrait
subir une contraction plus sévère qu'en 2008, lorsque la crise économique a éclaté, en particulier dans les principaux pays partenaires de l'Union européenne, dont l'Espagne.
Le Maroc n'est pas à l'abri des impacts négatifs de la crise. Outre l'effet de la sécheresse qui a marqué la saison agricole cette année, l'économie nationale devrait se contracter pour la première fois depuis la fin des années 1990 en raison des impacts sur divers secteurs, particulièrement orientés vers l'exportation.
Les équilibres macroéconomiques seraient également affectés, notamment avec l'aggravation des déficits budgétaires et de la balance des paiements.
Pour faire face à cette crise, le Maroc a pris des mesures qui lui ont permis de maîtriser la situation sanitaire et d'apporter le soutien nécessaire à l'économie nationale, même si dans le processus de déconfinement la situation s'est aggravée, avec des chiffres pires qu'au début de la pandémie.
Malgré cela, le gouvernement tente de mettre en place un ambitieux programme de relance au moment où les dépenses d'investissement ainsi que celles de fonctionnement devraient en baisse.
Pour ce faire plusieurs pistes sont à développer, a fait savoir Mohamed Lahyani, selon l’expert-comptable, le gouvernement devra « faciliter les créations d’entreprise via le net sans qu’il ait aucun contact entre les investisseurs et les administrations, je répète aucun, car d’autres pays ont bien réussi cette expérience, faciliter les flux entre les opérateurs économiques marocains et étrangers, mais aussi aider les entreprises en difficulté. »
A propos de la hausse de 15 milliards de dirhams de l'investissement pour soutenir l’économie, M. Lahyani estime que « le fait d’injecter de l’argent dans l’économie ne peut être qu’une bonne nouvelle pour les opérateurs. La question qui se pose : est-elle suffisante ? C’est pour cela, qu’il faudra évaluer le besoin des entreprises pour connaitre le montant de l’investissement public. »
Toutefois, le gouvernement avait concocté un budget très « social » pour 2021. Cette crise va accentuer les inégalités car plusieurs personnes ont perdu ou vont perdre leurs emplois. En plus, « certaines personnes classées dans la catégorie sociale supérieure vont se retrouver dans une situation extrêmement difficile et perdront également leurs revenus, exemple, un chef d’entreprise qui ferme son entreprise licencie son personnel et se prive des revenus, par conséquent, les deux, patrons et salariés se retrouvent sans emploi. », prédit Mohamed Lahyani.
Mouhamet Ndiongue